Le Maroc vit actuellement tout à la fois une période particulière et un moment historique.
Une période particulière parce que cela fait plus de 100 jours que le pays se trouve sans gouvernement, sans majorité parlementaire officiellement affirmée comme telle, mais aussi et sans doute plus grave, sans réelle visibilité sur la constitution d’une équipe exécutive comme résultante de la mission confiée par le Roi Mohammed VI à M. Abdelilah Benkirane le 10 octobre 2016 !
Un moment historique ensuite, parce que le Royaume, qui a adopté tous les éléments juridiques et légaux nécessaires à son adhésion à l’Union africaine, devrait voir sa demande reçue, validée et acceptée dans les tous prochains jours à l’occasion du sommet statutaire panafricain réuni à Addis-Abeba.
Pourtant, malgré l’extrême importance de ces deux questions, l’opinion publique est tenue dans l’ignorance quasi-complète des développements, actuels et à venir, des enjeux et des conséquences posées par ces deux problématiques.
La scène publique est inactive, seulement rythmée par quelques dépêches circonstancielles de la MAP.
Les états-majors politiques sont muets et seul le décès d’une personnalité religieuse nationale a sorti l’information de sa somnolence.
Un état de léthargie qui avait, il est vrai, été quelque peu dérangé par la tenue d’une session parlementaire convoquée d’urgence pour cause d’adhésion à l’UA.
Pour connaître donc les agendas officiels, royaux notamment, il faut se rabattre sur la presse et les agences étrangères, africaines essentiellement, lesquelles annoncent visites et reports, au risque de placer des confrères, trop rapides à reprendre des nouvelles non confirmées, en situation de se dédire quelques heures après leurs scoops…
Mais, qui se soucie donc des sentiments et des jugements des citoyens, ces dizaines de millions de Marocaines et de Marocains, que l’on tient en éveil sur la Question nationale depuis plus de quarante années ?
Qui se préoccupe de leur donner des grilles explicatives, des éléments de langage, des arguments fondés pour leur permettre d’apprécier cette vacance gouvernementale inédite et, surtout, les enjeux d’un retour du Royaume au sein de la Famille institutionnelle africaine ?
N’est-ce pas témoigner de l’indifférence, voire du mépris pour l’opinion publique que de la laisser ainsi livrée à ses seules supputations, alimentées à la fois par des rumeurs incontrôlées parce qu’incontrôlables, l’extravagance et l’exubérance de certains sites électroniques, mais aussi les pratiques diffamatoires et déstabilisatrices de la propagande algérienne ?
Où est le Droit à l’Information proclamé par la Constitution de juillet 2011 ?
Où sont les responsabilités et les responsables qui, seulement lorsqu’ils croient le moment utile, se pressent à tenter de mobiliser leurs concitoyens, le plus souvent au moyen d’une langue de bois épaisse, de méthodes éculées, de concepts communicationnels préhistoriques, le tout enveloppé d’une sauce faite de bravache patriotarde ?
Est-ce là la seule option qui se présente à ceux, tous ceux, qui ont en charge la communication et l’information dans notre pays ?
Faut-il croire que le pluralisme politique, la multiplicité syndicale, la richesse de notre société civile doivent s’alimenter aux seules sources de « faiseurs d’infos » patentés et pris comme tels ?
Qui aurait pu croire que le Maroc de 2017 s’accommoderait encore de méthodes et de pratiques qui prévalaient aux temps de la Pravda soviétique ?
Et pourtant, telle est la triste réalité qui fait qu’une seule source, une seule voix, une seule lecture sont offertes, au risque de détourner fondamentalement les citoyens de toute appétence pour les questions publiques, les causes nationales et, surtout, les formidables efforts et les réelles avancées que le Royaume réalise, sous l’égide directe et l’action personnelle du Souverain, pour la préservation de son unité nationale et de son intégrité territoriale.
Le peuple marocain mérite mieux que cette indigence informationnelle érigée en système. Il peut et sait faire la part entre l’information crédible et le commentaire sensé d’une part, les analyses fumeuses ou les délires des sabotiers de la communication…
Alors, de grâce, qu’on en finisse avec une méthodologie qui n’a plus lieu d’être.
Les temps, les mœurs ont changé. L’Information et la Communication devraient suivre !
• La Pravda (la Vérité), était le quotidien officiel du Parti Communiste de l’Union Soviétique, quand les Izvestia (Les Nouvelles) étaient le quotidien officiel du gouvernement soviétique jusqu’au 21 décembre 1991.
• On disait à l’époque qu’il n’y avait pas de nouvelles dans la Pravda et pas de vérité dans les Izvestia…
Fahd YATA