Les résultats financiers du leader de la publicité en ligne ont rassuré les investisseurs, mais le deuxième trimestre s'annonce plus rude © GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives Drew Angerer
Google n’a pas vraiment souffert du « Grand confinement » au premier trimestre, et même si le géant de la recherche sur internet prévoit un deuxième trimestre « difficile », à cause des budgets publicitaires en chute libre, il est en train de renforcer son emprise sur de nombreux marchés.
Le fleuron d’Alphabet n’a jamais été autant utilisé: « notre activité de recherche a augmenté de façon significative », a noté Sundar Pichai, le PDG du groupe, lors de la présentation des résultats financiers aux analystes mardi.
« Aux Etats-Unis, les recherches sur le coronavirus sont quatre fois plus importantes que pendant le pic du Super Bowl », a-t-il ajouté, offrant à titre d’exemple une comparaison avec l’emblématique finale du championnat de football américain.
En janvier et février, Google a engrangé de solides recettes publicitaires, mais en mars le ralentissement a été « significatif et soudain », selon les termes du patron.
Les voyagistes comme Expedia ou Booking, notamment, ont réduit leur budget marketing à la portion congrue, conséquence directe des mesures de distanciation sociale qui affectent durement les secteurs du tourisme, des transports, de la restauration et de l’hôtellerie.
« Nous anticipons un deuxième trimestre difficile pour notre activité publicitaire », a déclaré Ruth Porat, la directrice financière d’Alphabet, sans donner de prévision chiffrée.
Au coeur du problème, le changement de comportement des internautes, plus à la recherche d’informations que de produits à acheter.
« Nous apercevons des signes du reprise des recherches de consommation de la part des utilisateurs. Mais il n’est pas encore clair à quel point ce comportement va être durable ou monétisable », a-t-elle détaillé.
– Wall Street rassuré –
Ces « signes » positifs semblent satisfaire Wall Street: le titre d’Alphabet s’appréciait de plus de 7% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse.
Les bons résultats du colosse californien ont aussi rassuré les investisseurs.
Son chiffre d’affaires a progressé de 13% à 41,2 milliards de dollars au premier trimestre, pour un bénéfice net de plus de 6,8 milliards de dollars (contre un peu moins de 6,7 milliards il y a un an).
En tout, les revenus publicitaires de Google ont augmenté de 10% ces trois derniers mois.
Ses recettes directement liées aux recherches en ligne « ont vu leur croissance ralentir à un seul chiffre, ce qui suggère un impact du Covid-19 sur cette activité à partir de mi-mars, mais pas aussi grave qu’il n’aurait pu l’être », a indiqué Nicole Perrin, du cabinet eMarketer.
« C’est probablement exactement ce dont le secteur des technologies avait besoin au moment où beaucoup d’experts spéculaient sur un passage à vide pour Facebook, Amazon, Netflix et Google », a commenté Mark Newton de Newton Advisors.
YouTube se portait particulièrement bien avec plus de 4 milliards de dollars de recettes publicitaires ce trimestre, soit une avancée de 33% en un an.
Comme la plupart des services de divertissement et d’information, la plateforme vidéo a vu ses compteurs exploser ces derniers mois alors que la moitié de la planète était confinée.
– Nouvelles habitudes –
Les produits de Google liés au cloud (informatique à distance) ont largement pénétré les foyers, à grande échelle.
Google Classroom, par exemple, est désormais utilisé par des « centaines de millions d’enseignants et d’élèves, soit le double par rapport à début mars », pointe Sundar Pichai.
L’activité de cloud a bondi de 52%, à 2,8 milliards de dollars.
Surtout, le dirigeant parie que l’omniprésence des plateformes dans nos vies quotidiennes ne disparaîtra pas avec le déconfinement.
« Quand l’urgence sera passée, les normes sociales ne seront plus les mêmes », assure-t-il. « En ce moment les entreprises doivent gérer la sécurité de leurs employés et leurs chaînes d’approvisionnement, mais elles nous parlent aussi de se réinventer ».
« Les changements concernant le travail en ligne, l’éducation, la télémédecine, les courses, les divertissements…. vont être significatifs et durables ».
Dans l’immédiat, pour Google, l’attrition des revenus publicitaires va se traduire par un ralentissement des embauches et des investissements non urgents ou non essentiels, des centres de données (serveurs) aux dépenses de marketing et de déplacements.
Tout en continuant à gagner du terrain, suivant la stratégie qui consiste à se rendre indispensable, jusqu’à faire partie des meubles, avant d’en tirer des bénéfices.
Sundar Pichai s’est ainsi montré particulièrement enthousiaste au sujet de Google Shopping, la plateforme de commerce que les vendeurs peuvent désormais utiliser gratuitement.
De quoi renforcer la circulation sur ce site, et donc, à terme, les dépenses publicitaires. Et donc faire concurrence à Amazon.
LNT avec Afp