Des équipes de secours recherchent des survivants après un glissement de terrain dans une mine, le 24 avril 2019 à Hpakant, en Birmanie © AFP ZAU RING HPRA
Les secours ont retrouvé mercredi le corps d’un quatrième mineur de jade, deux jours après un glissement de terrain dans une mine du nord de la Birmanie ayant entraîné la disparition d’une cinquantaine d’entre eux.
Seuls quatre corps ont été retrouvés pour le moment. « Rechercher dans la boue est difficile », a confié à l’AFP une source policière locale sous couvert d’anonymat, précisant qu’il était trop dangereux de procéder à des recherches au-delà du bord de l’amas de boue.
Des responsables ont déclaré qu’il y avait peu de chance que quiconque soit retrouvé vivant. Les secouristes ont cependant continué mercredi leurs recherches sous un soleil accablant et le menace de petits glissements de terrain le long des parois quasi-verticales du cratère de la mine.
Une centaine de personnes, dont des proches des disparus, ont assisté aux efforts des secours. « Vous pouvez imaginer ma tristesse en tant que père », a témoigné Tin Shine, un homme de 57 ans qui attend, jusqu’ici en vain, qu’on lui rende le corps de son fils.
Les recherches se sont interrompues à la tombée de la nuit et devraient reprendre jeudi matin.
L’accident s’est produit lundi soir dans cette mine à ciel ouvert du canton reculé de Hpakant dans l’Etat Kachin, une région montagneuse au cœur de l’industrie du jade où se produisent régulièrement des catastrophes de ce type.
Un tas de débris miniers s’est écroulé, engloutissant 54 mineurs qui travaillaient de nuit.
La mine est exploitée par deux compagnies: Myanmar Thura Germs et Shwe Nagar Koe Kaung. Notre société va « aider les familles à identifier les corps des victimes », a déclaré à l’AFP Hla Soe Oo, qui dirige l’entreprise Myanmar Thura Germs.
La Birmanie est le premier producteur mondial de jade, une pierre très prisée notamment en Chine voisine, mais les conditions d’extraction y sont très mauvaises, les compagnies minières employant de nombreux travailleurs illégaux.
Les sites attirent en outre beaucoup de Birmans pauvres qui tentent de trouver des morceaux de jade dans les tas de remblais laissés aux abords des mines.
Des dizaines de personnes sont tuées chaque année dans des glissements de terrain, mais la plupart surviennent pendant la saison des pluies qui ne touchera pas le pays avant le mois prochain.
En novembre 2015, une centaine de personnes avaient ainsi péri dans un accident similaire. En juillet 2018, ce sont 23 personnes qui avaient été tuées lors d’un autre accident.
Selon un rapport publié en octobre 2015 par l’ONG Global Witness, la Birmanie a vendu en 2014 sur le marché mondial près de 27,5 milliards d’euros de jade, soit dix fois le chiffre officiel. Cela représente près de la moitié du produit intérieur brut du pays, qui reste l’un des plus pauvres d’Asie du Sud-Est.
Une grande partie de ces recettes échappe à l’Etat, alors que les combats ont repris depuis 2011 entre les soldats birmans et l’Armée pour l’indépendance kachin (KIA) qui tire une large part de ses revenus du jade.
LNT avec Afp