Il y a encore quelques années, participer à des grandes messes technologiques comme le CES, VivaTech ou le GITEX était réservé à un public de « geeks » et de « nerds ». Aujourd’hui, la seconde édition du GITEX Africa qui se tient à Marrakech, s’est imposée comme un rendez-vous incontournable pour une myriade de sujets et d’acteurs qui touchent à la Tech.
Dans le désordre, le Cloud, l’Internet des Objets (IoT), la Data, la Cybersécurité, la santé à travers la HealthTech, les Smart Cities, les technologies dédiées aux consommateurs ou à la finance, et bien sûr l’infrastructure de tout ce beau monde avec les télécoms, sont autant de thématiques au coeur de cette nouvelle édition au Maroc.
Tous ces sujets ne sont plus des niches, ils brassent des milliards et surtout déterminent la physionomie du monde de demain, ultra-connecté et aux challenges continus. Le Maroc dans ce contexte y a un double intérêt. D’abord celui de se conforter dans le rôle d’hôte d’excellence d’événements de premier plan à dimension internationale et plus spécifiquement africaine. Ensuite et surtout, le Royaume s’arrime aussi aux tendances mondiales, qui par nature dans ce secteur, évoluent à une vitesse exponentielle. Le pays en a besoin pour son propre développement et toutes les thématiques connaissent des applications réelles dans l’économie du pays. En témoigne d’ailleurs le nombre d’acteurs nationaux et de multinationales implantées au Maroc présents pour présenter leurs services ou innovations.
Alors certes le chemin à parcourir dans tous les domaines est encore colossal. Mais, dans le domaine de la Tech, les « leap frogs » sont courants et cela pourrait bénéficier rapidement au développement de notre pays. En découvrant des nouvelles technologies ou en s’informant sur les tendances structurelles, nous pouvons sauter des étapes. Et ce notamment à travers les pépites qui se cachent et qu’il faut dénicher, polir et développer avec une approche dédiée, les startups.
Au Maroc, ce tissu d’entreprises très spécial à un potentiel encore largement inexploité, ce qui n’est pas anormal mais qu’il était temps d’adresser de manière proactive. Les startups sont une forme d’infanterie d’avant-garde ou d’une cavalerie légère et percutante pour une économie. Outre leur capacité à exploser, elles permettent de créer de l’emploi parce qu’elles sont en croissance continue, ou encore de dynamiser des grandes entreprises qui se les arrachent pour insuffler de l’innovation et de la croissance à leurs structures. C’est aussi un secteur d’excellence qui a la capacité de capter et de retenir les talents les plus prometteurs, ô combien importants pour la compétitivité économique nationale.
Le problème majeur des startups, est que c’est le nombre qui compte. Comme pour la recherche scientifique, le volume est la seule garantie de succès parce que tous les projets portés n’aboutissent pas. La terminologie associée aux startups est d’ailleurs quasi-mythologique avec ses licornes et autres gazelles. Mais, celles qui émergent du lot ont un impact qui récompense tous les efforts investis. C’est là que le bât blesse réellement et que justement les choses semblent changer au Maroc. Le financement des startups est un segment à part qui nécessite un cadre incitatif d’une part et des acteurs volontaires d’autre part, avec une faible aversion au risque, ce qui n’est pas le cas des bailleurs de fonds traditionnels que sont les banques au Maroc en particulier.
Avec la création du FM6I (Fonds Mohammed VI pour l’Investissement) qui a déjà lancé ses appels à projet, mais aussi à travers la nouvelle charte d’investissement, l’État joue son rôle à la fois de garant et d’incitation et le secteur privé semble de plus en plus réceptif à l’idée d’investir dans ces startups. Business Angels, capital-risque, fonds d’investissement, accélérateurs, incubateurs, c’est tout un écosystème qui doit s’intensifier pour accompagner le développement des jeunes pousses marocaines.
D’autant que le réel challenge serait ensuite de trouver des financements et des débouchés internationaux pour ces startups marocaines. Pour qu’un jour peut-être les cornes de gazelles se transforment en licornes.
Zouhair Yata