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Crédits photo : MAP

GITEX Africa 2025 : Marrakech au cœur de la stratégie numérique africaine

Innovation

GITEX Africa 2025 : Marrakech au cœur de la stratégie numérique africaine

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Rabat a accueilli, ce vendredi 4 avril 2025, la conférence de presse de lancement de la troisième édition de GITEX Africa, qui se tiendra du 14 au 16 avril à Marrakech. Sous le haut patronage du Roi Mohammed VI, cette édition se veut la plus ambitieuse depuis la création de l’événement en 2023. Les responsables marocains, les partenaires institutionnels et les représentants du secteur privé y voient un levier stratégique pour consolider la place du Royaume en tant que plateforme technologique continentale et pour projeter l’Afrique dans l’économie numérique mondiale.

La conférence a réuni plusieurs hauts responsables, dont la ministre déléguée auprès du chef du gouvernement, Mme Amal El Fallah Seghrouchni, le directeur général de l’Agence de Développement du Digital, M. Mohammed Drissi Melyani, et Mme Trixie LohMirmand, vice-présidente exécutive du Dubai World Trade Center.

Un moteur de développement inclusif

Prenant la parole en ouverture, Mme Seghrouchni a rappelé l’importance stratégique de GITEX Africa dans l’agenda technologique du Royaume. Elle a souligné que la tenue de cet événement, inscrit dans la continuité du GITEX Dubaï, représente “l’engagement collectif des pouvoirs publics, des institutions et des acteurs privés pour positionner le Maroc comme un carrefour numérique régional et un catalyseur de transformation digitale à l’échelle africaine”. Pour la ministre, cet engagement s’inscrit dans une vision royale claire qui ambitionne de faire du numérique un moteur de développement inclusif, tant au niveau national que continental. Elle a également insisté sur l’impératif de réduire la fracture numérique entre les pays africains et les économies avancées, en misant sur la formation des talents, la modernisation des infrastructures et la création d’un cadre réglementaire propice à l’innovation.

L’édition 2025 de GITEX Africa, prévue à Marrakech, s’annonce plus vaste et plus structurée que les précédentes. Elle réunira plus de 1 600 exposants et environ 1 200 start-up venues de 130 pays. Près de 850 délégations internationales, dont des investisseurs institutionnels, des agences gouvernementales et des opérateurs économiques, sont attendues. La diversité et l’origine des participants traduisent l’intérêt croissant pour le marché numérique africain, mais aussi pour le modèle marocain de développement digital. Le site de Bab Jdid à Marrakech accueillera l’événement sur une superficie étendue, repensée pour favoriser l’interaction entre les visiteurs, les exposants et les partenaires.

Lors de son intervention, M. Mohammed Drissi Melyani a présenté les grandes lignes de la participation marocaine à cette édition. Il a annoncé la mise en place d’un pavillon national de 500 m² qui regroupera plus de 25 départements ministériels et institutions publiques. Ce pavillon vise à démontrer les avancées concrètes du pays en matière de digitalisation des services publics, d’innovation technologique et de transition numérique dans les administrations. Le directeur général de l’ADD a également insisté sur l’accompagnement spécifique de 200 start-up marocaines, dont la participation est subventionnée à plus de 90 %. Il a précisé que ce soutien ne se limite pas à une simple prise en charge logistique, mais s’accompagne de formations, de mentorats et de sessions de mise en réseau avec des investisseurs internationaux. Ce dispositif vise à créer des opportunités concrètes de croissance pour les jeunes entreprises innovantes du Royaume.

Les talents africains doivent être mis en valeur

L’accent mis sur la jeunesse entrepreneuriale n’est pas fortuit. L’un des axes structurants de l’événement est la mise en valeur des talents africains, notamment à travers le Studio du Prix Africain de l’Innovation. Cet espace est conçu pour offrir une vitrine à la créativité du continent, avec pour objectif de stimuler l’investissement, de favoriser l’émergence de nouveaux champions technologiques et de renforcer les passerelles entre les diasporas africaines et leurs pays d’origine. Dans la même logique, l’initiative “She Builds Africa”, soutenue par la Société Financière Internationale, sera reconduite pour promouvoir les start-up portées par des femmes et renforcer leur visibilité dans les écosystèmes d’innovation.

Sur le plan international, l’événement bénéficiera d’une couverture renforcée avec la présence de plus de 350 investisseurs étrangers, dont un quart participeront pour la première fois à un événement au Maroc. Pour Mme Trixie LohMirmand, cette dynamique illustre la capacité de GITEX Africa à s’imposer comme une plateforme crédible et compétitive dans le paysage mondial de la tech. Elle a souligné que près de 40 % des entreprises présentes cette année proposeront des solutions basées sur l’intelligence artificielle, ce qui témoigne, selon elle, de l’entrée de l’Afrique dans la “décennie de l’IA”. Elle a également mis en exergue les efforts déployés pour renforcer la représentation marocaine, avec près de 300 start-up locales sélectionnées dans le cadre du programme Morocco 200 Startups.

Les résultats enregistrés lors des éditions précédentes confirment la montée en puissance de l’événement. En 2024, plus de 1 500 exposants et 700 médias venus de 75 pays avaient participé à l’événement. Le salon avait généré un impact économique évalué à plus de 600 millions d’euros, avec plus de 1 000 réunions B2B organisées entre start-up et investisseurs. Les retombées médiatiques ont été significatives, avec plus de 73 000 mentions presse recensées dans une vingtaine de pays.

La conférence a également permis d’aborder la question des perspectives à moyen terme pour le salon. Selon Mme Seghrouchni, l’ambition est de faire de GITEX Africa une plateforme permanente d’échange, d’investissement et de collaboration technologique, en lien avec les objectifs du Royaume en matière de souveraineté numérique, d’ouverture sur les marchés africains et de consolidation de la diplomatie économique. Elle a également souligné l’importance de construire des partenariats structurants, notamment en matière de datacenters, de cybersécurité et de gouvernance de l’IA.

Interrogée sur les retombées concrètes pour le Maroc, la ministre a évoqué un double enjeu : améliorer la visibilité du pays comme destination numérique de référence et créer un environnement attractif pour les investisseurs internationaux. Elle a rappelé que plus de 40 % des solutions présentées cette année par des start-up marocaines sont orientées vers des applications à fort impact sociétal, dans des domaines tels que la santé, l’agriculture et la gestion des ressources naturelles.

GITEX Africa veut ainsi devenir, au fil des éditions, un espace structurant pour la construction d’une économie numérique africaine intégrée, innovante et compétitive.

Selim Benabdelkhalek

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