Le président du Conseil italien Paolo Gentiloni attend les chefs d'Etat pour un sommet du G7 à Taormina en Sicile, le 26 mai 2017 © AFP Miguel MEDINA
Sur les plages ou les places des villages aux abords de Taormina, les organisations anti-G7 s’emploient tant bien que mal à faire entendre leur voix dans le fracas médiatique généré par les grands de ce monde.
Avant la grande manifestation qui doit les réunir samedi dans un unique cortège « NO G7 », collectifs et associations opéraient en ordre dispersé vendredi alors que les dirigeants des sept pays les plus riches entamaient leur première journée de travaux.
Sur la plage de Giardini Naxos, localité située en contrebas de Taormina, c’est l’ONG pour la défense de l’environnement Greenpeace qui s’est manifestée la première dans la matinée via une reproduction de la Statue de la liberté de quatre mètres de haut plantée dans le sable.
La statue portait un gilet de sauvetage symbolisant le réchauffement climatique et la hausse du niveau de la mer qui en est la conséquence.
« On essaie d’envoyer un message simple aux leaders en leur disant qu’il n’est pas possible qu’ils ne respectent pas les engagements pris il y a deux ans à la conférence sur le climat de Paris », explique à l’AFP Luca Iacoboni, représentant de Greenpeace Italie.
« Et si l’Amérique ne respecte pas ses engagements, nous demandons aux autres grands pays d’aller de l’avant parce la réponse du monde au slogan de Donald Trump +America first+ (L’Amérique d’abord) doit être +La planète d’abord+ », ajoute-t-il.
Arrivé à la Maison Blanche en janvier dernier, Donald Trump a repoussé sa décision sur le maintien des Etats-Unis dans l’accord de Paris contre le réchauffement climatique à après le G7.
Un peu plus loin, c’est sur la place de la mairie de Giardini Naxos que la résistance anti-G7 tente modestement de s’organiser.
– ‘Combat perdu’ –
« On ne se fait pas d’illusion, on voit bien que le combat est perdu d’avance et que l’ultra-majorité des médias a orienté ses antennes vers le haut de la colline », se désole Gianfranco Crua, président de « Carovane Migranti », les yeux tournés vers l’éperon rocheux sur lequel se trouve Taormina, à 200 mètres d’altitude.
Militant pour qu’un accueil digne soit assuré aux migrants arrivant en Italie, il appuie son argumentaire sur l’exemple mexicain qui, selon lui, a échoué.
« Là-bas, ils ont construit des murs mais ça n’a servi à rien puisque le nombre de migrants n’a fait qu’augmenter depuis », explique-t-il faisant référence à la séparation érigée par les Américains sur leur territoire, le long de la frontière avec le Mexique.
« Au Mexique, le crime organisé s’est emparé de ce trafic des migrants et c’est aussi ce qui est en train d’arriver en Italie, les mêmes causes produisant les mêmes effets », explique ce Turinois devant une assemblée de quelques dizaines de personnes.
Le sort des migrants disparus en Méditerranée depuis la révolution tunisienne de 2010-2011 est le combat de Imed Soltani, de l’association « La Terre pour Tous », lui aussi présent en Sicile.
« On veut savoir la vérité, on veut savoir où sont les 5.000 personnes disparues en Méditerranée depuis la révolution », lance dans un mégaphone ce Tunisien de 42 ans.
« Parmi eux, il y en a 500 dont on sait grâce à des vidéos ou des témoignages qu’ils ont réussi la traversée mais dont on est sans nouvelles », poursuit-il en interpellant les gouvernements et l’agence de contrôle des frontières européennes Frontex.
Près de lui, sur le sol, sont posés des portraits de quelques-uns des disparus. « Ce n’est pas ça l’Europe que nous voulons, ce ne sont pas ça les droits de l’Homme », conclut-il.
LNT avec AFP