Bank Al-Maghrib a organisé à Dakhla un évènement de grande importance, en collaboration avec l’Université Cadi Ayyad de Marrakech et l’Université de Bâle en Suisse, et en partenariat avec le Conseil Régional Dakhla-Oued Eddahab. En effet, dans le cadre de ses forums annuels de réflexion et de débat, c’est sur « l’intégration économique en Afrique pour un avenir plus prospère », que le débat a porté cette année.
Ainsi, la ville de Dakhla, qualifiée de point de liaison avec les pays africains, a accueilli de nombreux pays du continent représentés pars leurs ambassadeurs à Rabat, des décideurs publics et des chercheurs universitaires.
L’importance et la nécessité d’une intégration économique des pays africains se base sur le potentiel de développement énorme de ces derniers. Sa première richesse étant sa démographie faite d’une jeunesse en forte croissance, qui représentera, selon les projections des Nations Unies, le quart de la population mondiale en 2050. Aussi, l’Afrique est un soi un gisement de ressources naturelles précieuses, de terres fertiles riches d’une biodiversité cruciale pour l’avenir de la planète.
Toutefois, cette même intégration à l’échelle africaine fait face à des obstacles structurels dont le plus important relève de son grand déficit en matière de capital humain. Selon la Banque mondiale chaque année, 2,9 millions d’enfants de moins de 5 ans et 200 mille femmes enceintes décèdent et 50 millions d’enfants ne sont pas scolarisés, comme le précise M. Jouahri gouverneur de la banque centrale du Maroc dans son discours de bienvenue.
Sur le plan économique, les structures productives du continent africain restent également fragiles, dominées par l’informel qui représente plus de 80% de l’emploi. En conséquence, la croissance économique est insuffisante et ne crée pas suffisamment d’opportunités d’emplois ni un niveau de vie décent pour la population. A ce titre, le Bureau International du Travail estime que 26,1% des jeunes africains de 15 à 24 ans ne travaillent pas et n’étudient pas non plus. Et, selon la Banque Africaine de Développement, les besoins non satisfaits de financement pour la mise à niveau des infrastructures du continent se situent entre 68 milliards et 108 milliards de dollars par an.
Par ailleurs, nombres d’intervenants de ce forum, ont démontré avec lucidité que l’intégration économique n’est pas toujours garante de prospérité. La mondialisation, le plus important mouvement d’intégration commerciale de l’histoire, en est un parfait exemple.
Car, si celle-ci a permis, dans les années 80, de réaliser des gains substantiels en matière de réduction des coûts de production, de développement du commerce, de croissance économique et de réduction de la pauvreté, elle s’est aussi traduite par un creusement des inégalités entre les pays et au niveau de leur population en excluant de larges franges de la population mondiale du développement.
Ces conséquences accentuées par les tensions géopolitiques, induisent un rejet de la mondialisation et l’émergence de la remise en question des règles du commerce mondial du multilatéralisme, et engendrent une revendication de souverainiste économique et de protectionnisme.
Résultat, l’Afrique est un continent très peu intégré comme le démontre la part du commerce inter-régional qui ne dépasse pas 12% contre 60% en moyenne pour l’Europe et l’Asie.
L’Afrique a besoin d’une intégration économique qui favorise sa transformation structurelle, des économies d’échelle, l’intensification de ses échanges et le développement de ses chaînes de valeur. Et tout particulièrement l’émergence de marchés de taille suffisante pour attirer les investissements. Ce, pour sortir de sa dépendance des marchés extérieurs qui la rende vulnérable comme elle l’a été face aux derniers chocs, de la pandémie ou des guerres actuelles.
Bien sur, la création récente d’une Communauté Economique Régionale, comme la zone de libre-échange continentale africaine, désignée communément par la ZLECAf créée récemment, favoriserait une intégration économique au niveau du continent objet du forum de Dakhla. Cet accord constitue une lueur d’espoir au regard de ses retombées potentielles au vu des différentes évaluations réalisées récemment sur ses impacts, qui montrent des gains substantiels.
Des simulations effectuées par le FMI indiquent que la mise en place de cette zone, accompagnée de réformes, pourrait augmenter la médiane des échanges commerciaux de l’Afrique avec le reste du monde de 15% et avec les pays africains de 53%.
Ce qui contribuerait spontanément à une hausse du PIB médian par habitant de plus de 10%. Et permettrait également, selon les mêmes estimations, de sortir plus de 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté.
Dans cette perspective, d’une seule voix tous les intervenants africains et marocains, sans exception, ont appuyé les efforts déployés par le Maroc pour une meilleure intégration économique au niveau du continent africain.
Sa Majesté le Roi Mohamed VI a souvent appelé à un codéveloppement gagnant-gagnant des pays africains en lançant des chantiers d’envergure pour le faciliter !
C’est le cas tout particulièrement du Gazoduc Maroc-Nigéria qui devrait contribuer à la diversification de l’approvisionnement énergétique pour de nombreux pays et contribuer à garantir la sécurité alimentaire du continent.
Mais aussi celui de l’initiative royale de grande envergure, celle de la zone afro-atlantique qui vise à faciliter l’intégration commerciale de plusieurs pays enclavés pour un espace de sécurité et prospérité.
Sans oublier les politiques publiques du Maroc en matière d’échanges commerciaux et d’investissement qui consacrent depuis un certain nombre d’années un traitement largement favorable aux relations avec le reste du continent, y facilitant ainsi l’installation de nombreux groupes marocains dans les services financiers, le secteur minier, les télécoms, l’immobilier. Sans oublier que Casablanca Finance City, abrite le siège de Africa50 un fonds qui œuvre au développement du continent en promouvant l’investissement dans l’infrastructure de ses pays. Et les banques marocaines présentes dans plus d’une trentaine de pays sur le continent y réalisent près de 23% de leur activité.
En conclusion, le forum de Dakhla s’est terminé sur la conviction selon laquelle malgré le contexte international difficile, l’Afrique est appelée à émerger et à trouver sa place au sein de l’échiquier mondial.
L’accès de l’Union Africaine en 2023 au statut de membre permanent au sein du G20 et la décision récemment de l’attribution d’un troisième siège au continent au sein du Conseil d’Administration du FMI, sont des signes précurseurs de l’ascension inéluctable de l’Afrique vers la juste place qui lui convient au niveau international…
Afifa Dassouli
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