
Le ministère de l’Économie et des Finances a publié la Situation des Charges et Ressources du Trésor (SCRT) à fin janvier 2025. Ce document statistique, élaboré selon les normes internationales en matière de finances publiques, présente les résultats de l’exécution des prévisions de la loi de finances en comparaison avec la même période de l’année précédente. L’analyse met en évidence une augmentation des dépenses plus rapide que celle des recettes, entraînant un creusement du déficit budgétaire et un besoin de financement accru.
Le déficit budgétaire s’est établi à 6,9 milliards de dirhams (MMDH) à fin janvier 2025, contre 1,7 MMDH un an auparavant. Cette évolution reflète un déséquilibre entre la progression des dépenses, en hausse de 10,4 MMDH, et celle des recettes, qui n’ont progressé que de 5,2 MMDH sur la même période. Cette situation a conduit à un solde ordinaire déficitaire de 9,7 MMDH, contrastant avec un excédent de 1 MMDH enregistré en janvier 2024. Face à cette situation, le besoin de financement du Trésor a atteint 26,2 MMDH, contre 11,3 MMDH un an auparavant. Pour couvrir ce besoin, les mobilisations nettes sur le marché domestique se sont élevées à 13,3 MMDH, tandis que les emprunts extérieurs ont enregistré un solde négatif de 35 millions de dirhams (MDH). L’endettement intérieur a été alimenté par des souscriptions pour un montant de 20,4 MMDH, contre des remboursements en principal de 7,1 MMDH. Par ailleurs, les emprunts extérieurs ont impliqué des tirages de 746 MDH et des amortissements totalisant 782 MDH.
Les dépenses ordinaires ont atteint 42,1 MMDH à fin janvier 2025, enregistrant une hausse notable de 15,9 MMDH par rapport à la même période de l’année précédente. Cette augmentation est principalement liée à la progression des dépenses de biens et services, qui ont totalisé 17,4 MMDH, soit une augmentation de 79,8 %. Cette progression inclut une hausse de 1,3 MMDH des dépenses de personnel et de 16,1 MMDH pour les autres biens et services. En revanche, certaines charges ont connu une diminution, notamment les dépenses de compensation, qui ont reculé de 1,1 MMDH, soit une baisse de 34,5 %. Cette diminution s’explique principalement par la réduction des subventions allouées au gaz butane (-227 MDH), à la farine nationale de blé tendre (-190 MDH) et au sucre (-179 MDH). Les charges d’intérêts de la dette ont également enregistré un repli de 339 MDH, représentant une baisse de 26,1 %, attribuée à la réduction des intérêts de la dette intérieure (-250 MDH) et extérieure (-89 MDH).
Du côté des recettes fiscales, celles-ci ont progressé de manière significative pour atteindre 30,79 MMDH, enregistrant une hausse de 24,6 % par rapport à janvier 2024. Ce montant représente un taux de réalisation de 9,6 % par rapport aux prévisions de la loi de finances. L’impôt sur le revenu (IR) a connu une augmentation marquée, avec une progression de 4,4 MMDH, soit 78,2 %, principalement en raison de la régularisation fiscale volontaire, qui a rapporté 3,8 MMDH sur le seul mois de janvier. Les autres composantes de l’IR ont également progressé, notamment les cotisations sociales (+402 MDH) et les recettes issues des actions de l’administration fiscale (+204 MDH). L’impôt sur les sociétés (IS) a également progressé, bien que de manière plus modérée, enregistrant une hausse de 51 MDH (+2,4 %), principalement grâce à l’amélioration des recettes spontanées (+76 MDH, soit +4,1 %).
En ce qui concerne la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les recettes ont augmenté de 1,1 MMDH, reflétant la hausse de la TVA à l’intérieur (+701 MDH, soit +16 %) et de la TVA à l’importation (+441 MDH, soit +10,6 %). Toutefois, les taxes intérieures de consommation (TIC) ont connu un léger recul de 44 MDH, soit -1,7 %, principalement en raison de la baisse des TIC sur les produits énergétiques, qui ont diminué de 170 MDH (-10,9 %). En revanche, les TIC sur les tabacs ont progressé de 70 MDH (+8,2 %) et celles sur les autres produits ont augmenté de 56 MDH (+28,4 %).
Les droits de douane ont également connu une progression, atteignant un taux de réalisation de 6,6 % par rapport aux prévisions budgétaires, avec une augmentation de 248 MDH (+21,3 %). Les recettes provenant des droits d’enregistrement et de timbre ont enregistré une progression de 105 MDH (+2,5 %), principalement grâce à la hausse des recettes de la Taxe Spéciale Annuelle sur les Véhicules (TSAV), qui ont augmenté de 216 MDH (+8,4 %). Cependant, les droits d’enregistrement ont connu un recul de 201 MDH (-15 %).
Parallèlement, les recettes non fiscales se sont établies à 1,1 MMDH, contre 1,9 MMDH un an auparavant. Ces recettes proviennent principalement des établissements et entreprises publics (EEP), pour un montant de 72 MDH, ainsi que des produits divers collectés par les ministères, qui ont totalisé 984 MDH.
Les dépenses d’investissement ont, pour leur part, atteint 13 MMDH, en hausse de 751 MDH par rapport à janvier 2024. Cette augmentation représente un taux de réalisation de 12,3 % par rapport aux prévisions budgétaires. Les comptes spéciaux du Trésor (CST) ont dégagé un solde excédentaire de 15,8 MMDH, contre 9,5 MMDH un an auparavant. Ces comptes reflètent les recettes affectées à des projets spécifiques et les dépenses associées.
LNT