
Si le bulletin des finances publiques du mois de mars comportait son lot de bonnes nouvelles, avec les résultats positifs des sociétés cotées, cette bonne dynamique s’est poursuivie au mois d’avril, comme en témoigne le dernier Bulletin mensuel des statistiques des finances publiques publié par la Trésorerie générale du Royaume. En effet, l’analyse des finances publiques marocaines à fin avril 2024 montre une situation financière améliorée, avec des augmentations notables des recettes et une gestion plus efficace des dépenses par rapport à la même période en 2023.
Évolution positive des recettes
Les recettes brutes ont enregistré une augmentation significative de 15,7%. Cette croissance est largement attribuable à plusieurs facteurs. Tout d’abord, les recettes douanières nettes ont augmenté de 5,8%. Cette hausse résulte principalement de l’augmentation de 11,4% des droits de douane, de 2,7% de la TVA à l’importation, et de 10,9% de la taxe intérieure de consommation (TIC) sur les produits énergétiques. Il est important de noter que ces augmentations tiennent compte des remboursements fiscaux accrus, qui sont passés de 26 millions de dirhams (MDH) à fin avril 2023 à 40 MDH à fin avril 2024.
En ce qui concerne la fiscalité domestique, les recettes nettes ont connu une progression de 15,3%. L’impôt sur les sociétés (IS) a été un contributeur majeur, affichant une croissance de 18,9%, malgré des restitutions qui ont légèrement diminué, passant de 1.021 MDH en 2023 à 964 MDH en 2024. L’impôt sur le revenu (IR) a également enregistré une hausse de 7,7%, avec une augmentation notable des recettes de l’IR sur les profits immobiliers de 24,7% et une croissance de 9,2% des recettes prélevées par la Direction des Dépenses de Personnel. La TVA à l’intérieur a connu une hausse impressionnante de 32,5%, bien que les remboursements supportés par le budget général aient légèrement diminué.
Par ailleurs, les recettes non fiscales ont bondi de 69,9%, en grande partie grâce à l’augmentation des versements des comptes spéciaux du Trésor au budget général, qui sont passés de 5.519 MDH en 2023 à 7.421 MDH en 2024. Les recettes de monopoles ont également contribué de manière significative, passant de 1.731 MDH à 3.689 MDH, tout comme les recettes en atténuation des dépenses de la dette, qui ont atteint 2.327 MDH contre seulement 132 MDH l’année précédente.
Forte baisse des dépenses de la compensation
En termes de dépenses, le taux d’engagement global des dépenses a légèrement augmenté, atteignant 37%, tandis que le taux d’émission sur engagements a diminué à 73%, contre respectivement 36% et 75% un an auparavant. Les dépenses ordinaires ont enregistré une baisse de 1,7%. Cette diminution est principalement due à une réduction drastique de 55% des émissions de dépenses au titre de la compensation (voir les détails plus loin dans l’article). En revanche, les dépenses de biens et services ont légèrement augmenté de 1,7%, avec une hausse de 2,1% des dépenses de personnel et de 1,2% des autres dépenses de biens et services. Les charges en intérêts de la dette ont également augmenté de 16,5%, reflétant une gestion active des engagements financiers du pays.
Les dépenses d’investissement ont, quant à elles, augmenté de 8,1%, passant de 29,6 milliards de dirhams (MMDH) en 2023 à 32 MMDH en 2024. Cette augmentation est principalement due à une hausse de 16,5% des dépenses des ministères et de 0,5% des dépenses des charges communes. Cette hausse des dépenses d’investissement souligne l’engagement du gouvernement à stimuler la croissance économique par des investissements publics stratégiques.
L’exécution de la loi de finances à fin avril 2024 montre un solde ordinaire positif de 16.465 MDH, contrastant avec un solde négatif de 1.794 MDH un an auparavant. Ce retournement significatif est un indicateur de l’amélioration des finances publiques. Le déficit du Trésor s’est considérablement réduit, passant de 10.582 MDH à 1.186 MDH. Ce déficit réduit tient compte d’un solde positif de 14,3 MMDH dégagé par les comptes spéciaux du Trésor (CST) et les services de l’État gérés de manière autonome (SEGMA), contre un solde positif de 20,8 MMDH en 2023. Cette amélioration reflète une meilleure gestion des comptes spéciaux et une utilisation plus efficace des ressources.
IS et IR, principaux moteurs
Les impôts sur les sociétés (IS) et sur le revenu (IR) ont été les principaux moteurs des recettes fiscales en avril 2024. Totalisant respectivement 28 MMDH et 20 MMDH de recettes, ces impôts ont affiché des croissances de 17,9% et 7,6%. Ils représentent respectivement 23,1% et 17,6% des recettes ordinaires nettes de l’État, confirmant ainsi leur rôle crucial dans le financement des dépenses publiques. Cette évolution met en lumière l’efficacité des réformes fiscales entreprises et l’amélioration de la conformité fiscale.
Les dépenses de compensation ont donc connu une baisse spectaculaire de 55% à fin avril, se montant à 4 MMDH. Cette réduction drastique reflète une gestion plus rigoureuse et une rationalisation des subventions. À fin mars 2024, les dépenses de compensation avaient déjà chuté de 77,7%, s’établissant à un milliard de dirhams, soit un taux de réalisation inférieur à 6% de l’enveloppe prévue par la loi de finances pour l’ensemble de l’année. Cette baisse a contribué à la réduction des dépenses ordinaires et a renforcé l’excédent du Trésor.
L’analyse des finances publiques marocaines à fin avril 2024 montre une amélioration notable de la situation budgétaire, avec une augmentation significative des recettes, une gestion rigoureuse des dépenses, et une réduction du déficit du Trésor. Les réformes fiscales et les ajustements budgétaires ont contribué à cette performance, ce qui est encourageant pour la poursuite des efforts visant à renforcer la stabilité économique et financière du Maroc.
Selim Benabdelkhalek