Le président américain Donald Trump, lors d'un discours sur un projet de réforme de la fiscalité, le 27 septembre 2017 à Indianapolis © AFP Brendan Smialowski
Accélérateur de croissance pour les uns, « arnaque » pour les autres, le projet de réforme de la fiscalité américaine, qualifiée par Donald Trump de « révolutionnaire », suscite de profondes divergences sur son potentiel impact économique et social.
« Cette réforme est cruciale pour aider les petites entreprises à investir et à créer des emplois », a réagi Brad Close, vice-président de la Fédération nationale des entreprises indépendantes (NFIB).
Mettant en avant une forte réduction de l’impôt sur les sociétés, qui passerait de 35% à 20%, le président américain a lui-même mercredi défendu un projet « pro-croissance, pro-emplois, pro-familles, pro-Américain ».
Les petites entreprises de tous secteurs confondus (santé, services, industries, etc.), qui emploient cinq personnes en moyenne, « contribuent pour près de la moitié du produit intérieur brut et de deux créations d’emplois sur trois », a souligné M. Close, qui s’est dit « très content de ce projet » de réforme.
Les petites entreprises « ne se sont jamais complètement remises de la crise mondiale » de 2008-2009, a-t-il fait valoir. Et de ce fait, une baisse d’impôts est perçue comme un moyen de retrouver des marges de manoeuvre.
Le NFIB et d’autres organisations patronales ont maintes fois dénoncé le niveau trop élevé de l’impôt sur les sociétés et la complexité du code de la fiscalité qui sont un frein pour la croissance des petites entreprises, en les privant de revenus substantiels pour réinvestir et embaucher.
De son côté, la Fédération des détaillants (NRF) a estimé que cette refonte, qui se veut la première réforme fiscale d’ampleur depuis celle décidée par Ronald Reagan en 1986, allait « doper l’économie ».
A 20%, la fiscalité sur les entreprises se situerait en dessous de la moyenne de celles des pays industrialisés de 22,5%.
Dans une étude récente, la NRF a, elle, chiffré qu’un taux de taxation des entreprises de 20% contre 35% actuellement « se traduirait par une hausse des salaires et la création de 500.000 à 1,5 million de nouveaux emplois ».
Cela encouragerait aussi les détaillants étrangers à investir davantage aux Etats-Unis.
– Quid du déficit ? –
Une analyse que ne partagent toutefois pas les représentants des travailleurs.
« Le projet de fiscalité des Républicains n’est rien d’autre qu’une arnaque et les travailleurs font partie de ceux qu’ils essaient de flouer », a ainsi dénoncé Richard Trumka, président de la principale centrale du pays, l’AFL-CIO.
« Tout d’abord, il y a la promesse de réductions d’impôts pour les riches et pour les grandes entreprises qui pourraient être réinjectées dans l’économie. Puis la promesse que ces réductions d’impôts vont s’autofinancer. (…) Rien n’est vrai et les personnes responsables de ce gâchis de plusieurs milliers de milliards de dollars vont nous dire que nous n’avons d’autres choix que de réduire » les dispositifs de santé Medicaid, Medicare et la sécurité sociale, a-t-il déploré.
William Cline, économiste pour le Peterson Institute for International Economics, estime qu’il sera difficile d’apprécier véritablement l’impact économique de cette réforme.
« Elle aura sans doute des effets positifs », dit-il tout en appelant à un optimisme modéré.
« Je ne serais pas trop enthousiaste sur son impact » car « la principale question demeure de savoir dans quelle mesure les réductions d’impôts vont creuser le déficit », ajoute-t-il. « Et de mon point de vue, la croissance économique ne sera pas suffisante pour que ces coupes se financent d’elles-mêmes ».
L’administration Trump, en quête d’avancée significative après l’échec retentissant de la réforme de la couverture maladie, assure que ces réductions d’impôts ne coûteront rien au budget de l’Etat et se financeront d’elles-mêmes en dopant la croissance et donc les revenus du pays.
Mercredi, le Comité pour un budget fédéral responsable estimait néanmoins que le coût de ces réductions d’impôts s’élèverait à 2.200 milliards de dollars sur dix ans.
Ni spectaculaire, ni désastreux, « l’effet sur l’économie sera probablement mitigé », a résumé M. Cline soulignant que l’effet ne pourra de toute façon pas se mesurer avant un an voire un an et demi après la mise en oeuvre de la réforme.
« Souvenons-nous que la politique fiscale implique à la fois la politique économique et budgétaire. Les contraintes budgétaires seront déterminantes », a enfin commenté Mickey Levy, de Berenberg Capital Markets.
LNT avec Afp