
M. Mikir Shah, PDG d’Africa Specialty Risks
M. Mikir Shah est PDG et co-fondateur d’Africa Specialty Risks, un groupe panafricain de réassurance, qui a pour objectif de faciliter l’investissement vers et à travers le continent africain à travers l’atténuation du risque. M. Shah était récemment en visite à Casablanca, pour préparer l’installations d’ASR au Maroc, mais également pour commencer les démarches d’adhésion à Casablanca Finance City. Il a accepté de répondre à nos questions autour du marché africain de la réassurance, des perspectives du continent, ainsi que des futures activités du groupe au Maroc.
La Nouvelle Tribune : Bonjour, pourriez-vous nous présenter Africa Specialty Risks et les raisons qui ont mené à sa création ?
M. Mikir Shah : Notre mission est d’atténuer le risque des investissements vers et à travers l’Afrique. Ce que nous essayons de faire est d’aider le business à croître avec une approche qui réduit le risque. Nous mettons en place ensuite toutes les assurances dont on a besoin pour qu’une industrie fleurisse. Nous assurons le risque de violence politique et terrorisme, risque politique et crédit commercial, responsabilité civile, de prise d’otage, etc. Et une fois qu’un projet est opérationnel, nous proposons toutes les couvertures opérationnelles également : dommage aux bien, l’énergie… Et nous avons également une large division paramétrique, que nous ne voyons pas comme une assurance agricole, mais simplement une autre forme de couverture qui collabore dans tous nos secteurs d’activité. Tout ce que nous faisons est focalisé sur l’Afrique.
Pourquoi avez-vous choisi l’Afrique ?
Je suis moi-même originaire du Kenya. Tout notre top-management est africain, ou bien a travaillé en Afrique pendant de nombreuses années. Et nous croyons de manière fondamentale que l’Afrique est le futur, qu’elle peut grandir. Nous pouvons apporter beaucoup à son développement, et y amener plus de personnes et de biens. Cela vient d’investissement dans l’éducation, la formation, et dans le développement. Je pense que c’est la même vision que les opérateurs ont quand ils investissent eux-mêmes en Afrique, la même vision que CFC, qui opère comme hub vers l’Afrique.
Il existe un grand problème pour le continent, qui est la différence entre le risque perçu et le risque effectif. Je sais que cette différence vous tient à cœur, pourriez-vous nous en parler ?
La raison pour laquelle les gens craignent l’investissement en Afrique, c’est parce qu’ils croient que quelque chose pourrait arriver à leur investissement, qu’ils ne pourront pas en récupérer les fruits. Nous voulons proposer ces couvertures d’atténuation du risque qui les rassurent. Ainsi, si nous réduisons ce risque-là, l’investissement en Afrique devient viable. Hélas, historiquement, ce qu’on entend de l’Afrique tourne autour de la violence, du terrorisme et de l’instabilité. Bien sûr, ce même type de problèmes apparaît également dans les marchés développés. Les problèmes d’inflation, de supply chains existent aussi, mais nous les maîtrisons et pouvons les couvrir. Donc, ce que nous voulons faire est de fournir les conditions pour que les opérateurs investissent avec l’esprit tranquille partout sur le continent. Tant que nous pouvons réduire le risque que les gens perçoivent, c’est favorable au développement.
Comment jugeriez-vous le niveau de développement du secteur de la réassurance en Afrique en général, et au Maroc en particulier ?
De manière générale, concernant les compagnies de réassurance en Afrique, la plus grande est Africa Re, la 2ème est la Société Centrale de Réassurance marocaine. Nous avons deux grandes sociétés, avec un certain nombre d’acteurs plus petits. Les acteurs majeurs en dehors des deux sociétés précitées sont européens. Ce que nous essayons de faire, c’est, depuis un contexte africain, aider à atténuer le risque d’investissement, et faciliter le développement. Nous travaillons de manière collaborative avec les marchés de l’assurance et de la réassurance, et de façon à partager le risque. Nous avons une approche très technique, parce que c’est l’offre d’expertise d’Africa Specialty Risks que nous proposons.
En ce qui concerne le Maroc, vous avez un grand acteur de la réassurance, SCR, qui est déjà en train de s’étendre en Afrique. Nous avons pour objectifs de travailler avec cette société, pour développer plus encore l’atténuation du risque, et nous travaillons de la même manière avec CFC.
L’assurance et la réassurance en Afrique souffrent encore d’un faible taux de pénétration, comment pourriez-vous contribuer à ce chantier ?
Notre focus est le marché corporate. Dans ce marché, nous expliquons comment nous pouvons aider à réduire le risque d’investissement et le risque opérationnel. Nous publions des brochures, nous participons à des conférences, nous tenons des discours, nous discutons de ces couvertures avec les opérateurs du continent, avec les investisseurs africains mais également internationaux. Et nous proposons la gamme complète de ces couvertures, dont certaines n’étaient pas encore disponibles sur le marché africain, ou bien difficiles et longues à obtenir. Une des priorités à laquelle nous œuvrons est de faire en sorte que ces couvertures soient disponibles facilement, et de manière rapide.
Quel est l’état d’avancement de vos projets au Maroc, et quelles sont les étapes à venir ?
Nous avons démarré notre business en août 2020. Nous avons des bureaux à Londres, et plus récemment, nous sommes installés sur l’île Maurice. Nos sommes passés de six personnes en août 2021, à 60 maintenant. Nous allons commencer notre aventure au Maroc dans le futur proche. Cette fois aussi, nous allons commencer à petite échelle, et développer l’activité. Et le Maroc dispose des compétences nécessaires, et fera partie des endroits depuis lesquels nous allons opérer.
Propos recueillis par Selim Benabdelkhalek