Emmanuel Macron à l'Elysée, le 25 septembre 2017 © AFP ludovic MARIN
Le président français Emmanuel Macron expose mardi son ambitieux projet pour « refonder » l’Europe, malgré la perspective d’un gouvernement allemand moins réceptif après les élections de dimanche.
Elu en mai, M. Macron doit prononcer un « discours sur l’Europe » à 13H00 GMT au sein de la prestigieuse université de la Sorbonne, à Paris.
Devant les étudiants français et étrangers, le président centriste proposera une série de « projets-clés » à l’échelle européenne ainsi qu’une méthode pour élaborer, d’ici à l’été 2018, une feuille de route de l’Union européenne sur 10 ans, a expliqué le palais présidentiel de l’Élysée.
Il détaillera notamment son projet d’une Europe à plusieurs formats, afin de surmonter la lourdeur des décisions à l’unanimité des 27. Objectif: que, sur chaque sujet, l’UE avance avec les pays qui le souhaitent « sans que les pays qui ne le voudraient pas empêchent les autres d’avancer ».
S’il a esquissé durant l’été plusieurs de ses initiatives, M. Macron a tenu à attendre la fin des élections allemandes pour ouvrir cette « nouvelle page » de l’UE.
Mais la trop courte victoire de la chancelière pourrait être un frein à l’Europe qu’il ambitionne. Angela Merkel devrait notamment s’allier avec les libéraux du FPD, peu enclins à renforcer l’Europe.
Le chef des libéraux, Christian Lindner, a ainsi déjà averti qu’il s’opposerait farouchement au projet de budget de la zone euro du président Macron – lequel espère ainsi aider à financer des investissements d’infrastructure.
Pas question pour M. Lindner de voir l’argent « atterrir en France pour les dépenses publiques ou en Italie pour réparer les erreurs de (Silvio) Berlusconi » alors qu’Emmanuel Macron plaide pour un ministre et un budget spécifique pour les 19 pays de la zone euro.
Pour autant, Paris ne veut pas modifier ses propositions et espère emporter malgré tout la cruciale adhésion de l’Allemagne.
Ce que n’exclut pas non plus le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis: il a dit « espérer que les négociations (en Allemagne) aboutiront à un gouvernement capable de montrer le chemin afin de faciliter les discussions sur un renforcement de l’Union monétaire ».
« Nous voyons une possibilité d’atteindre un accord », a-t-il ajouté.
– Des mesures emblématiques –
Pour l’Élysée, il n’y a de toutes façons pas lieu d’attendre davantage: « c’est le bon moment pour proposer notre vision, car si on attend trop, les négociations de coalition en Allemagne seront fortement avancées et on pourra nous objecter que Paris n’a pas fait connaître à l’avance ses propositions ».
Le président Macron a multiplié les consultations avec ses partenaires ces derniers jours, s’entretenant à deux reprises avec la chancelière allemande, ainsi qu’avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Il devait faire de même avec les chefs du gouvernement italien Paolo Gentiloni et espagnol Mariano Rajoy avant son discours, selon l’Élysée.
A la Sorbonne, le président va dévoiler des « mesures emblématiques » et « concrètes ». « Des propositions qui lanceront le débat » au niveau européen, idéalement « avant la fin de l’année », précisent ses services.
Parmi elles: création d’une Agence européenne d de l’innovation, un Erasmus élargi, un cadre de taxation de géants du numérique, les Gafa, ou encore une coopération dans la lutte antiterroriste.
Le président devrait aussi aborder les sujets de la convergence fiscale et sociale, de la politique d’éducation et de la culture, ainsi que des instruments économiques permettant d’affronter des crises monétaires, en sus de la création d’un gouvernement économique de la zone euro, avec un ministre et un budget propre, contrôlés par un Parlement de la zone euro.
Ces dernières semaines, Mme Merkel a réservé un accueil prudent aux idées évoquées par M. Macron.
« Ce n’est pas le vocabulaire à lui seul -ministre européen des Finances, budget de la zone euro- qui est important mais aussi ce qui se cache derrière. Et sur ce point, je suis en discussion avec le président français », « mais le moment n’est pas venu de dire ceci va ou ceci ne va pas », a-t-elle répété lundi.
LNT avec Afp