Après les USA, la Suède et Singapour, nous allons cette fois analyser l’écosystème d’un pays proche du nôtre : La France.
Notre voisin n’est pas connu pour être un pays innovant. Il serait même à la traîne selon de nombreuses analyses et constats (classé en dehors du top 10 mondial alors qu’il est la cinquième puissance économique mondiale !)
Il est cependant intéressant de constater que ces dernières années, la France “grignote” progressivement des places dans le classement de l’indice mondial de l’innovation et se rapproche de plus en plus du top 10 (15ème au classement 2017).
Il faut dire que de gros efforts ont été effectués pour doter le pays d’un écosystème d’innovation qui soit plus solide et plus performant.
Aujourd’hui, la “french tech” semble avoir le vent en poupe avec des startups françaises qui créent de belles success-stories mondiales et qui commencent à séduire de plus en plus d’investisseurs internationaux.
L’appui politique à cet écosystème est désormais acté (le nouveau président français Emmanuel Macron est notamment très favorable à l’innovation et aux startups) et les initiatives privées comme la Station F de Xavier Niel se multiplient pour le faire grandir économiquement et culturellement.
La France veut définitivement rattraper son retard et se positionner en tant qu’acteur majeur de l’innovation à l’échelle mondiale…
Partie 7
Dans cette partie, nous allons voir qu’il existe en France d’excellents incubateurs et accélérateurs de startups, privés et publics, qui jouent un rôle majeur pour soutenir le développement de l’entrepreneuriat innovant.
C’est quoi déjà un incubateur ?
Selon Wikipedia, un incubateur d’entreprises est une « structure d’accompagnement de projets de création d’entreprise. »
L’incubateur peut apporter un appui en termes d’hébergement, de conseil et de financement, lors des premières étapes de la vie de l’entreprise.
À la différence d’une pépinière d’entreprises ou d’un hôtel d’entreprises, un incubateur s’adresse à des sociétés très jeunes ou encore en création, et leur propose un ensemble de services adaptés (formations, conseils, accés privilégiés aux laboratoires de recherche, aide aux levées de fonds, etc.).
Les incubateurs peuvent se différencier entre eux par les services qu’ils proposent, leur caractère lucratif ou non, ou encore le type de projets qu’ils ciblent.
L’incubateur joue un rôle très important dans l’écosystème des startups car c’est grâce à lui que les startups peuvent se lancer après avoir eu des retours sur la pertinence de leurs solutions par rapport aux besoins du marché.
Il permet aux entrepreneurs derrière ces startups de :
- Lutter contre l’isolement : la dynamique d’un incubateur permet au porteur de projet de s’ouvrir à d’autres entrepreneurs (échanges d’expériences) et d’instaurer un rythme de travail régulier.
- Acquérir un savoir-faire et développer ses compétences : inventer un business model, bâtir une campagne de communication, déposer des brevets, gagner en confiance…
- Accroître sa crédibilité auprès des acteurs publics et privés : fournisseurs, organismes financiers.
- Profiter d’un réseau déjà existant pour développer son activité ou gagner des affaires : business angels, start-ups, banques, prestataires…
- Tester, réajuster, valider… son projet en toute sérénité en bénéficiant de l’accompagnement de professionnels.
L’incubateur dispose en général d’une large équipe de mentors, coachs et experts qui peuvent apporter de judicieux conseils, contacts et même financements pour bien lancer l’activité des startups tout en évitant que celles-ci fassent certaines erreurs qui pourraient leur être fatales.
Les incubateurs publics
La France a découvert les incubateurs en 1999 sous l’impulsion du Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche avec la “Loi Allègre sur la Recherche et l’Innovation”.
La mission de ces incubateurs ? favoriser la création d’entreprises innovantes à partir des résultats de la recherche publique ou en liaison avec la recherche publique dans le but d’un transfert plus efficace des inventions et découvertes technologiques publiques vers l’économie du pays.
Il existe aujourd’hui 30 incubateurs publics en activité répartis un peu partout dans différentes régions de France.
Parmi les incubateurs publics les plus connus, nous pouvons citer IncubAlliance (Plateau de Saclay), Semia (Alsace), AVRUL (Limousin), Agoranov (Paris), Paris BioTech, ou encore Normandie Incubation.
Entre 2000 et fin 2017, les incubateurs ont pu aboutir à la création de quelques 3000 entreprises innovantes.
Pour intégrer un incubateur public, un entrepreneur doit présenter une innovation unique qui soit reconnue par un laboratoire de recherche publique. Il peut également avoir remporté un concours national d’aide à la création d’entreprise de technologies innovantes. L’accompagnement est estimé à 24 mois.
Pour les entrepreneurs éligibles, les incubateurs publiques offrent de véritables avantages puisqu’ils bénéficient de services à haute valeur ajoutée à faible coûts (le plus souvent gratuits ou à très faibles coût) et sans contre-partie (devoir céder du capital, payer son accompagnement, etc.)
Les incubateurs universitaires
Il existe également en france plusieurs universités de renom qui ont leur propre incubateur d’entreprise comme l’ESSEC (Essec Ventures), Emlyon (EmLyon Incubateur), Toulouse Business School (TBSeed) ou encore l’ESCP (Blue Factory)
L’objectif ici est double : favoriser l’esprit entrepreneurial et d’innovation des étudiants et aider les plus entrepreneurs d’entre eux à commercialiser leurs idées en les appuyant dans la création de leur startup.
La grande valeur ajoutée des incubateurs universitaires est surtout d’aider les étudiants à percevoir et à toucher de près le monde entrepreneurial suscitant ainsi une plus grande appétence pour créer leur propre emploi !
Lorsqu’un étudiant décide de lancer sa startup, des bureaux équipés et des salles de réunion sont mis à sa dispostion et il bénéficie surtout d’un encadrement de haut niveau, aussi bien de professeurs et d’enseignants internes spécialistes de l’entrepreneuriat que de consultants et d’experts externes faisant partie de l’écosystème de l’Université.
Couplé au nouveau statut d’étudiant entrepreneur, ces incubateurs jouent donc un grand rôle dans la préparation des prochaines générations de startups fondés par des jeunes étudiants qui peuvent en plus bénéficier désormais d’un programme adapté nommé PEPITE.
Les incubateurs des grands groupes
Comme expliqué dans l’article consacré à Bpi, la dynamique enclenchée par cette banque d’investissement a ouvert tout un champ des possibles pour le soutien à l’innovation et à l’entrepreneuriat.
En effet, de grandes entreprises et groupes industriels favorisent et soutiennent aujourd’hui elles aussi les start-ups !
En se rapprochant de ce milieu et en collaborant de près avec elles, ces corporates augmentent leurs chances de s’adapter rapidement à l’économie du marché et gardent ainsi le pied sur l’utilisation des nouvelles technologies pour leur développement.
La collaboration avec ces startups leur permet d’absorber une partie de leur agilité et de leur mindset, libre et ouvert, tout en étant au premier plan au moment d’acquérir ces solutions qui peuvent répondre à leurs besoins métiers ou à ceux de leurs clients.
Pour la startup, l’intérêt d’une collaboration est assez clair : accès à de gros marchés et opportunités, amélioration de la notoriété et de la légitimité, retour d’expériences des plus gros acteurs, plus grande facilité à lever des fonds, etc.
À travers les incubateurs donc, les grands groupes peuvent aujourd’hui facilement placer leurs pions dans des start-ups proches de leurs domaines de compétences, voire même concurrentes.
Parmi les incubateurs et accélérateurs d’entreprises les plus connus, nous pouvons citer Le Village by CA du groupe Crédit Agricole, Start’inPoste de La Poste ou encore l’Orange Fab France de Orange.
Les incubateurs « experts »
Il existe enfin une catégorie d’incubateurs qui font de l’incubation leur métier. Ce sont des structures privés, associatives, ou qui sont le fruit d’un partenariat public-privé.
Ces incubateurs ont la particularité d’être gérés par des experts en innovation et en entrepreneuriat. Ils ont en général une très grande connaissance de l’écosystème et sont extrêmement bien connectés grâce à la puissance de leur réseau.
La grande valeur ajoutée de ces incubateurs est de pouvoir accompagner aussi bien les grands groupes que les startups et font généralement le pont entre ces deux parties.
Cet accompagnement repose sur plusieurs axes et ne se limite pas seulement à du conseil en innovation et en business.
Des événements de networking, des formations, des programmes sur-mesure qui répondent à des besoins spécifiques sont aussi des services qui sont offerts dans un but bien précis : faire de l’acculturation pour accompagner efficacement les projets en innovation !
Pour les incubateurs privés, leur business model consiste souvent à facturer des prestations en accompagnement pour les grands groupes, à louer leurs espaces pour permettre la réalisation d’événements dans un cadre différent ou encore à acquérir une partie du capital des startups qu’elles soutiennent.
Parmi les incubateurs les plus connus, nous pouvons citer NUMA, The Family, INCO ou encore BIC Montpellier.
Il existe en France aujourd’hui plus de 220 incubateurs à pouvoir accompagner les entrepreneurs français dans leur démarche d’innovation.
Certains analystes s’amusent même à dire qu’il va bientôt exister plus d’incubateurs que de projets à accompagner !
La réalité est qu’il existe aujourd’hui une réelle dynamique d’incubateurs en France qui est en train de s’installer durablement : la raison est toute simple : la valeur ajoutée que ces structures apportent à l’écosystème d’innovation est réelle.
Les incubateurs permettent de donner toutes leurs chances aux projets de startups innovantes de voir le jour et de grandir par la suite à l’international via les accélérateurs.
Nous allons voir dans le prochain et dernier article consacré à l’écosystème d’innovation français, qu’avec la mise en place de la Station F de Xavier Niel, la France a maintenant de quoi rivaliser avec les plus grands pays en matière d’innovation…
→Suite et fin de l’article : Partie 8/8
Omar Amrani est un entrepreneur passionné d’innovation et d’éducation.
Il est coach, formateur et consultant en innovation pour plusieurs structures publiques et privées au Maroc et en Afrique.
Il est aussi intervenant dans l’enseignement supérieur dans différentes écoles et universités à travers ses cours et séminaires “Culture de l’Innovation” et « Culture Scientifique ».
Vous pouvez suivre ses articles sur la page Facebook de son blog Chroniques du futur