L’agence internationale de notation Fitch Ratings vient de publier un communiqué de presse à la suite de l‘entrée en vigueur de la réforme du régime de change le 15 janvier dernier.
Fitch y salue le bon démarrage de la flottaison contrôlée du dirham et les fondamentaux du Maroc qui, en s’améliorant entre juillet et décembre derniers, l’ont permise.
Mais l’agence de notation Fitch n’omet pas de rappeler plusieurs faiblesses structurelles du Maroc.
Afifa Dassouli
Ci-après le texte traduit de l’Anglais
« L’élargissement de la bande de fluctuation du dirham marocain est un pas vers un régime de change plus flexible qui finira par renforcer la capacité à absorber les chocs de l’économie et l’aider à maintenir sa compétitivité, déclare Fitch Ratings.
La réforme pose un risque faible vis-à-vis de la stabilité macroéconomique, mais les bénéfices économiques seront modestes sur le court-terme, étant donné que la bande de cotation est encore étroite.
Bank al-Maghrib (BAM) et le ministère des Finances ont annoncé vendredi que la bande de fluctuation du dirham allait être élargie de +/- 0,3% à +/- 2,5% autour de son prix de référence, basé sur un panier inchangé, composé de l’euro (60%) et du dollar US (40%).
L’annonce était fortement attendue à fin-juin, mais avait été repoussée à cause d’une chute rapide des réserves de change.
Nous nous attendions à voir les autorités enclencher la réforme, en ligne avec les recommandations de longue date du FMI, car les réserves ont retrouvé leur niveau et une politique de communication améliorée a mieux modéré les prévisions d’inflation.
Le dirham était globalement stable vis-à-vis du panier durant les deux premiers jours d’échanges, perdant 0,2% par rapport à l’euro et gagnant 0,5% par rapport au dollar US, selon les données de Reuters.
BAM a injecté seulement 6 millions de $ sur le marché durant les ventes aux enchères de devises étrangères lundi et mardi.
Des fondamentaux économiques favorable devraient limiter la pression sur le taux de change.
Les réserves internationales nettes sont confortables, étant remontées à 26 milliards de $ au 5 janvier, en hause de 24% par rapport à juillet dernier.
L’exposition aux devises étrangères dans l’économie est modérée, et la ligne de liquidité de précaution du FMI, de 3,4 milliards de $, offrirait un filet de sûreté s’il y avait pression sur le financement externe.
L’inflation est basse, à 1,3% au mois de novembre 2017, et nous nous attendons à ce qu’elle reste proche des 2% dans les deux ans à venir.
Le déficit du compte courant se réduit graduellement, même s’il reste plus large que la moyenne de la catégorie « BBB ». Nous prévoyons qu’il s’améliorera à 3,8% du PIB en 2019, après 4,4% en 2016, reflétant un déficit commercial structurel qui s’amoindrit.
Les IDE couvriront la moitié du déficit d’ici deux ans, selon nos prévisions.
Nous nous attendons à ce que les autorités augmentent la flexibilité du régime de change au cours des prochaines années, en élargissant petit à petit la bande de fluctuation.
Le passage à un régime de flottement complet n’est qu’un prospect à long terme, selon nous. Augmenter la flexibilité va renforcer la capacité à absorber les chocs de l’économie et l’aider à maintenir sa compétitivité. Cela donnerait aussi à BAM la possibilité d’introduire un nouveau cadre de politique monétaire focalisé sur l’inflation.
Nous avions confirmé pour le Maroc la notation souveraine de « BBB- » avec une perspective stable le 10 octobre.
Cette notation prend en compte la macro-stabilité, un bilan antérieur de politiques économiques prudentes, un déficit budgétaire relativement modéré avec des indicateurs soulignant les faiblesses affectant le développement et la gouvernance ainsi qu’une dette générale publique et un déficit du compte courant élevés, comparés aux moyennes des économies similaires ».