
En 2016, la ville ocre avait abrité la COP 22. Pas moins de 196 pays du monde entier y avaient pris part. La rencontre de Marrakech faisait suite à la COP 21 de Paris, au cours de laquelle des avancées importantes avaient été effectuées, notamment l’engagement des gouvernements à maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale en dessous de 2°C. La COP22 s’était ouverte sur une bonne note : la ratification de l’Accord de Paris le 4 novembre 2016. Cette conférence était donc désignée comme étant la conférence de «l’action, de l’innovation et du partage de solutions».
Lors de cette COP, de nombreuses initiatives et des nouveaux outils d’évaluation sur l’eau, les forêts, l’énergie, les villes, les transports, les océans, les entreprises, ou encore l’agriculture avaient été lancés.
Le Maroc, pays hôte, avait présenté son initiative «Ceinture Bleue», pour préserver les communautés côtières et promouvoir une pêche durable. Le Royaume avait aussi supervisé le lancement de l’initiative AAA, et avait signé un protocole visant à aider les exploitants agricoles africains à restaurer les terres dégradées dans le continent africain. La coalition « We Mean Business » avait déclaré que 471 entreprises ont entrepris plus d’un millier d’engagements en faveur de l’action climatique.
Le privé marocain orienté vers l’environnement
Ce qu’il est important de souligner, c’est que lors de cette COP 22, les PME et bien d’autres groupes et holdings marocains ont été au rendez-vous. Une présence en force. Et depuis l’événement de Marrakech, il est important de constater que le privé marocain ne cesse de se réorienter vers tout ce qui concerne de près ou de loin la question environnementale et le développement durable. La technologie, la créativité et l’innovation sont autant d’outils novateurs à même d’aider les entreprises à aller de l’avant en la matière, grâce notamment à l’identification des meilleures initiatives, au suivi des résultats et à l’optimisation des opérations dans le cadre des RSE des entreprises.
Ombre et lumière
Il est important aussi de constater que si pour certains, cette question n’est autre que de l’habillage, pour beaucoup, l’environnement et le développement durable relèvent d’une conviction, voire d’une pure culture managériale. D’ailleurs, le constat fait l’unanimité auprès des observateurs, à savoir que depuis la COP 22 de Marrakech, cette culture s’installe, se modernise, voire s’impose en tant que mécanisme de développement et d’intégration dans le milieu socio-économique du Maroc. Autrement dit, une prise de conscience existe. En atteste d’ailleurs une rencontre, tenue à la veille de la COP26 de Glasgow, mobilisant les acteurs économiques marocains de premier plan en matière de climat et de développement durable. Lors de cette rencontre, des entreprises marocaines leaders appartenant aux secteurs de l’industrie, des transports et du secteur agricole ont pris la parole pour exprimer leurs engagements vers la neutralité carbone et le climat. Selon le nouveau ministre de l’Industrie, M.Mezzour, la décarbonation de l’outil industriel représente un avantage majeur permettant à l’industrie marocaine de gagner en compétitivité et de concurrencer les bases industrielles les plus intégrées au monde ». Et d’ajouter que « la décarbonation permettra non seulement de sécuriser l’accès de nos exportations aux marchés étrangers notamment d’Europe, après la mise en place de taxes carbone, mais aussi de développer, de manière substantielle, nos parts de marché dans les pays qui ont, avec la pandémie, fait le choix de relocaliser dans des pays proches et fiables de nouvelles sources d’approvisionnement». Pour sa part, Mme Leila Benali, ministre de la Transition Energétique et du Développement Durable, a souligné «que la Stratégie bas-carbone récemment développée, apportera plusieurs opportunités pour notre pays dans le contexte de relance Post-Covid 19 notamment, en termes de développement des énergies durables». Pour sa part, M. Chakib Alj, Président de la CGEM, a rappelé « que la décarbonation est l’une des 10 priorités fixées par la Confédération dans son Livre Blanc, qui apporte des mesures concrètes de mise en œuvre du Nouveau Modèle de Développement. Elle constitue un enjeu que l’entreprise doit appréhender sous l’angle de sa compétitivité et non de manière conjoncturelle, du fait des multiples opportunités qu’elle présente. Nous sommes ravis de constater que les entreprises marocaines s’inscrivent de plus en plus dans cette dynamique».
La Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement et la CGEM se mobilisent pour inciter les entreprises à entamer leur transition vers une économie bas carbone et résiliente. Elles veulent aujourd’hui amplifier ce mouvement en travaillant en partenariat avec l’Ambassade Britannique et l’équipe des champions du climat de la COP26 au cours de l’année 2021, pour inviter les entreprises à rejoindre la « Race to Zero » et la « Race to Resilience », les deux initiatives mondiales du Partenariat de Marrakech, soutenues par la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques.
De quoi démontrer encore une fois la réorientation du privé vers l’environnement et le développement durable, qui relève de la Responsabilité Sociale et Économique des entreprises marocaines. D’ailleurs, le privé, acteur incontournable du développement socio-économique du pays, a intérêt à s’y impliquer de plus en plus. L’urgence est absolue quand on sait que la température augmentera de 2,9 à 3,4°C d’ici 2100 si rien n’est fait très vite…
Hassan Zaatit