Agadir se dote d'un delphinarium
En septembre dernier, nous avions publié un article autour du projet russe de delphinarium qui avait été mis en route à Agadir, exprimant notre étonnement quant à cette décision à contre-courant des efforts mis en avant par le Royaume dans les domaines environnementaux.
Une pétition avait été adressée au ministère concerné, demandant l’abandon du projet, et dépassant les 10 000 signatures. Comme souvent, les autorités n’ont pas réagi, et en fin de semaine dernière, le delphinarium a vu le jour, les officiels présents se félicitant de l’excellence des relations entre le Maroc et la Russie.
Une attraction au prix très lourd
La majeure partie du grand public, quand elle pense à un delphinarium, a en tête des dauphins rieurs exécutant des pirouettes pour le bonheur des grands et des petits. Cette notion a été grandement alimentée par le marketing incessant des endroits comme Sea World, aux Etats-Unis. Mais comme bien souvent, derrière les paillettes se cache une réalité bien sombre.
Comme l’explique le texte de la pétition, la capture des dauphins est une véritable opération de massacre pendant laquelle, pour chaque mammifère jugé «adéquat», 17 sont tués par les pêcheurs. De plus, l’impact mental est cruel, les groupes en liberté étant profondément perturbés par la perte des leurs, et ceux en captivité sont condamnés à une courte vie, bourrés d’antibiotiques et antidépresseurs, ce qui conduit certains d’entre eux à des comportements parfois violents, voire suicidaires.
C’est pourquoi les associations et ONG de nombreux pays, dont notamment la France, militent sans relâche pour la fermeture des delphinariums existants, et l’interdiction pure et simple de cette exploitation des mammifères marins. Un projet allant dans ce sens est à l’étude au niveau européen, et des pays comme le Costa Rica, le Chili et le Mexique ont adopté des lois interdisant ces activités.
De plus, il a été clairement établi par la communauté scientifique que l’étude des dauphins captifs ne présente aucun intérêt éducatif ou scientifique. Pour paraphraser Jacques-Yves Cousteau, c’est comme si nous invitions les gens à découvrir les Marocains en visitant la prison d’Oukacha…
Le Maroc va donc à contre-courant de l’action environnementale internationale en ouvrant ce delphinarium, au lieu de montrer l’exemple comme il le souhaite (ou le prétend) !
Entre «Zéro Mika (mais pas vraiment)», les usines qui déversent leurs rejets en mer (voir notre web tv) et ce projet, l’effort pour l’environnement du Maroc semble plus exister dans les beaux discours de nos officiels qui se pavanent à l’international que dans de véritables actions concrètes, et ce malgré la forte impulsion du Roi Mohammed VI qui vise à placer le Maroc à l’avant-garde de la scène écologique.
Selim B.