
Après plusieurs semaines de travail (qu’on suppose) assidu, la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement, qu’il est sans doute plus aisé d’appeler Commission Benmoussa, a réuni la presse le mardi 4 février afin d’établir une première évaluation publique de ses travaux.
A la tâche ce jour-là, le président Chakib Benmoussa, Ahmed Réda Chami, qui patronne le CESE, le Dr Hakima Himmich, le sociologue et politologue Mohamed Tozy et l’écrivain, journaliste et dramaturge Driss Ksikès.
Comme on pouvait s’en douter, c’est un bilan positif qu’a dressé le Primus inter pares de cette instance, certes provisoire, mais sur laquelle reposent les espoirs et les attentes de millions de nos concitoyens comme l’a mentionné à raison Driss Ksikès en évoquant la « gravité des attentes et de la situation ».
Et c’est sans doute là que se situe le constat partagé par les cinq personnalités qui ont animé cette conférence de presse, lesquelles, chacune à leur façon, ont insisté sur l’ampleur de la tâche, l’importance de la séquence temps, la systématisation de la démarche d’enquête et d’écoute, les urgences.
Ainsi, sans trop vraiment entrer dans les détails de leur travail, les membres de la CSMD ont essentiellement voulu démontrer que l’accomplissement de leur mission suivait un train soutenu et que la Commission ne serait pas seulement « assise », comme lors des hearings des partis politiques ou des syndicats, mais itinérante.
Une démarche déjà effectuée en plusieurs régions du Maroc profond et qui a visiblement fortement marqué les membres de la Commission et qui sera systématiquement étendue aux douze entités régionales du Royaume, mais de manière aléatoire, c’est-à-dire en visitant des campagnes, des villes moyennes ou petites, le péri-urbain, etc.
Car, comme exprimé par le Dr Himmich, « le terrain a une valeur inestimable de révélateur des attentes sociales ».
Et, en écoutant les propos des personnes précitées, il est très vite apparu que chacun d’entre eux avait parfaitement intériorisé les grands axes de leur mission telle que définie par le Souverain.
En effet, pas de constat sans proposition, pas de réflexion sans sa mise en œuvre, car, comme souligné par Ahmed Réda Chami, « nous sommes dans le temps d’adresser les problématiques avec les solutions ».
Mais, la CSMD ne s’érige pas en une instance qui, par ses réflexions et recommandations, se mettrait en demeure de prescrire un modèle de développement.
Son rôle, comme souligné par Chakib Benmoussa sera de révéler ce modèle, lequel sera le résultat de la mission confiée à la CSMD.
Et, pour bien souligner l’importance de ce modèle de développement « révélé », il a été précisé qu’il serait implémenté sur une durée de dix ou quinze ans, ce qui laisse supposer qu’il sera fait pour les deux ou trois prochaines législatures, comme estimé par Mohamed Tozy.
Cette conférence de presse a permis donc de souligner que la Commission avait une démarche quasi-scientifique, systématique, rationnelle.
Certes, ses membres sont pleinement conscients de la multiplicité des problèmes et de la multitude des intervenants et c’est sans doute pour cela que le facteur temps leur paraît si important.
Mais, pour autant, les cinq membres qui recevaient la presse, ont impressionné par leur cohésion, l’entente qui semble les unir, la vision qui paraît être partagée.
Une situation idéale pour des personnes en charge d’une telle responsabilité et qui sont libérées des calculs carriéristes ou politiciens et qui ont prouvé qu’elles étaient parfaitement à leur place au sein de cette instance…
Et si, lors de leur nomination, les contours de leur mission paraissaient plutôt flous, suscitant d’ailleurs des commentaires souvent dubitatifs, force est de reconnaître que ce « patinage » initial a été très vite dépassé et la CSMD semble connaître parfaitement son modus operandi, les limites de son travail et la temporalité qui s’impose à elle.
Alors, in fine, on dira que cette rencontre avec la presse a été aussi nécessaire que réussie, levant les doutes et autres suspicions, permettant également de préciser le contenu de la démarche de la CSMD.
Parce que l’on a compris quel était son travail, parce qu’on a perçu qu’il régnait au sein de cette Commission une atmosphère de sérieux et de bonne entente, parce qu’elle a donné le sentiment qu’elle savait où aller et comment y aller, le Commission Benmoussa a très visiblement réussi son examen de passage auprès de l’opinion publique qui, à travers la presse, comprend mieux ainsi la nature de ses responsabilités et leur ampleur.
Pourvu que ça dure donc !
Fahd YATA