La Terre survivra, l’Homme non. Ce constat simpliste est au cœur de la problématique du changement climatique, et il implique de fait une nécessaire coopération mondiale pour le déconstruire. Les Conférences des Parties, les fameuses COP, dont la 27ème édition s’est ouverte cette semaine en Égypte, ont la lourde responsabilité chaque année, de faire le bilan des actions déjà actées et de tenter de trouver de nouveaux compromis à même de réduire l’impact sur la communauté internationale des changements climatiques.
S’il est indéniable que la question du Climat est désormais une lame de fond structurelle de l’actualité mondiale, force est de constater que la capacité de mobilisation collective de tous les États du monde dépend fortement du contexte international. La crise économique aux conséquences financières inédites qu’a provoqué la pandémie de la Covid-19, les tensions sur le commerce international, l’inflation qui explose et la guerre qui dure en Ukraine, sont autant de freins conjoncturels aux bonnes volontés liées à la question du Climat. S’y ajoutent les antagonismes politiques existants entre les pays ou les continents, les modèles de développement différents et la dichotomie entre pays développés aux économies suffisamment mûres pour envisager une transition vers une écologie plus poussée et drastique, et tous les autres pays. Toutes les catastrophes naturelles qui se sont enchainées encore cette année, des feux ravageurs aux inondations, ne font toujours pas le poids face aux autres réalités précitées.
Est-il possible pour autant de garder espoir ? Rien n’est moins sûr. Preuve s’il en est, l’agenda même de Charm el-Cheikh s’attaque en priorité pour cette COP-27 à la question de l’adaptation et le renforcement de la résilience de plus de 4 milliards de personnes vivant dans les communautés les plus vulnérables aux changements climatiques d’ici 2030. Il est évidemment indispensable de se préoccuper de notre capacité à subir les changements climatiques mais cela sonne également comme un aveu d’échec. L’offensive contre le climat est insuffisante pour endiguer le réchauffement climatique donc on se prépare désormais à absorber et encaisser les coups et les coûts.
L’espoir est permis en revanche dans la mesure où par exemple la problématique des littoraux exposés à la montée drastique des eaux, touche sans distinction la myriade de pays insulaires, autant que Miami, New York, Venise, ou Saint Louis au Sénégal. Ce sont malheureusement cette conjonction d’intérêts de pays très hétérogènes qui permettra d’avoir l’oreille de tous et d’aboutir à des compromis.
Et le Maroc dans tout cela ? Notre pays est touché de plein fouet par le changement climatique et cette réalité commence à s’imposer à tous, même les plus sceptiques. Parce que s’il est vrai que le Maroc n’est historiquement pas un acteur responsable du réchauffement climatique, il en subit les conséquences néanmoins : la sécheresse, le manque de pluies, l’assèchement des cours d’eau et des barrages, la vulnérabilité croissante des populations exposées, la désertification, la déforestation. Autant de maux que notre pays ne peut juguler seul, ni financièrement ni opérationnellement. L’apport de la communauté internationale en termes de solutions concrètes, éprouvées ailleurs, ainsi que le financement, sont des prérequis pour espérer atténuer les effets sur notre pays de ce réchauffement climatique.
Mais, le Maroc fait aussi partie de la solution ! Peu de pays dans le monde ont eu le privilège ou simplement l’opportunité d’accueillir une COP et le Maroc, depuis la tenue de la COP22 à Marrakech, est un acteur actif dans la mise en œuvre des objectifs de la lutte contre le climat. Mieux que cela, il est un modèle sur certains aspects, comme la stratégie de développement de l’énergie solaire ou éolienne dans le mix énergétique du pays. Le Soleil émet chaque minute vers notre planète, 7 000 fois l’énergie totale que nous consommons sur Terre. C’est clairement la source la plus durable d’énergie et le Maroc est pionnier en Afrique sur ces technologies. Dans un autre registre tout autant capital dans la lutte pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le Maroc est le leader mondial de la production de phosphates et dérivés pour l’agriculture. Son rôle et sa place dans un plan d’adaptation mondial vers une agriculture durable et résistante au climat est donc de premier ordre. Enfin, comme une poignée de Nations dans le monde, le Maroc bénéficie d’une prise de conscience au plus haut sommet de l’État des problématiques climatiques, comme en témoigne la composition de la délégation marocaine en Égypte, et qui peut garantir une certaine continuité dans les efforts du pays, à même de faire la différence.
Zouhair Yata