Profession encore inconnue au Maroc il y a quelques années, les multinationales et même quelques grands groupes structurés marocains ont de plus en plus besoin de Contract Managers.
Position qui a cru de manière exponentielle en Europe et plus particulièrement en France depuis les années 2000, il est intéressant d’éclairer les employeurs et les candidats sur le sujet.
Un peu d’histoire… Avant les années 2000, le Contract Management ne signifiait rien à part dans le monde anglo-saxon. A partir des années 2000, et sous l’influence des nouvelles réglementations renforçant les obligations en matière de contrôle interne (Loi Sarbanes-Oxley aux Etats-Unis – 2002, Loi sur la sécurité financière en France – 2003), les entreprises ont développé leurs pratiques en matière de risk management. Dans ce contexte, le management des risques contractuels est apparu comme une composante majeure dans la maîtrise des risques des entreprises et des projets[], contribuant ainsi à l’émergence ou au renforcement de la fonction de Contract Management.
De façon plus générale, et le Maroc n’est pas épargné, le durcissement de l’environnement juridique, l’apparition de nouveaux modèles d’affaire (partenariats, compétition, etc.), et l’intensification des pratiques concurrentielles, ont fortement complexifié les schémas contractuels et les contrats eux-mêmes[]. Dans ce contexte, les entreprises se sont mises à rechercher davantage de sécurisation des cycles de vie contractuels ainsi qu’une optimisation de leur propre performance.
Pour éclairage, la mission du Contract manager est de rédiger et suivre l’application du contrat tout au long du projet. Il met en œuvre et coordonne des moyens et processus nécessaires à la maîtrise des risques financiers et juridiques encourus.
A priori, il n’existe pas de profil type de Contract Manager. Le caractère transversal et pluridisciplinaire du Contract Management autorise et favorise la pluralité des expériences professionnelles en entreprise et des formations académiques initiales : juristes, ingénieurs, qualiticiens, financiers, commerciaux, acheteurs pour ne citer que ceux-là.
Il n’en demeure pas moins que, les entreprises attendent des profils qu’elles recrutent, qu’ils possèdent certaines compétences et qualités qui seront déterminantes dans l’exercice de la fonction de Contract Manager.
Aujourd’hui si environ un Contract Manager sur deux est en possession d’un bagage juridique (universitaire et/ou expérience au sein d’une direction juridique), les 50% restants se répartissent parmi divers profils qui font toute la richesse du métier : ingénieurs, chefs de projet, financiers, commerciaux et consultants principalement.
A la différence du juriste, le Contract Manager n’a pas vocation à s’imposer comme l’expert du droit au sein de son organisation. Il ne sera pas consulté pour orienter les choix stratégiques de son entreprise sur des domaines aussi pointus que le droit social, le droit de la concurrence, les impératifs règlementaires du droit de la construction, des télécoms, ou de tout autre aspect législatif (local ou international) en relation directe avec l’activité de la société qui l’emploie.
La conformité avec la loi au sens large est le terrain du juriste, celui du Contract Manager est le contrat.
Ici encore, il convient de contourner le risque de confusion. Si certaines directions juridiques, en l’absence de département Contract Management, interviennent dans la gestion des contrats, c’est dans le cadre restrictif de leur rédaction, leur négociation et, de façon réactive si une défaillance se produisait, lors du suivi du contentieux.
En plus de ce qui précède, le Contract Manager gère le contrat de bout en bout de manière proactive, main dans la main avec les opérationnels, les vendeurs/acheteurs et, plus généralement, tous les acteurs susceptibles d’apporter leur expertise au cycle de vie contractuel. Il coordonne ainsi, à plein temps pour un ou plusieurs contrats donnés, les activités suivantes : maîtrise des risques et gestion des problèmes, facilitation et résolution de conflit, développement de la qualité relationnelle avec les différents cocontractants, formation des divers intervenants, suivi des changements et des extensions contractuels, pérennité de l’économie du contrat, identification et action sur les leviers commerciaux, etc. La liste ne saurait être exhaustive.
Juriste d’entreprise et Contract Manager sont donc deux experts singuliers disposant de compétences propres, deux fonctions bien distinctes et pourtant voisines, sans aucun doute.
Ainsi, le Contract Management n’apparait pas comme une matière susceptible de s’apprendre sur le tas sans posséder les bases solides préalables. Certes, pratique régulière, variété des problématiques rencontrées et expérience de différents terrains d’application constituent l’élément différentiateur premier entre un Contract Manager débutant et un technicien plus senior. En revanche, sans des compétences techniques solides en matière de gestion de contrats complexes, il est difficile de prétendre à cette fonction.
A ceci s’ajoutera, selon le contexte dans lequel le Contract Manager interviendra, une conscience aigüe du marché, de la stratégie commerciale de son organisation, et de la technicité associée aux activités opérationnelles concernées par le périmètre de la convention.
En termes de compétences comportementales, les talents doivent être dotés d’ingéniosité, sens du leadership, assertivité, et de capacités d’analyse et de synthèse.
Ainsi, BatenborcH International Maroc s’est positionné très tôt sur cette fonction, nous avions plutôt tendance à « chasser » les profils de l’étranger pour nos clients en particulier la France mais depuis deux ou trois ans, de plus en plus de candidats au Maroc ont développé une expérience et un savoir-faire qui les rend tout aussi légitimes. Ainsi, chez BatenborcH International Maroc ce sont les candidats marocains qui sont considérés en priorité.
Sophia Sebti