Covid-19 : Enseignement à distance
Depuis le 16 mars, les cours présentiels ont été suspendus dans l’ensemble des crèches, des établissements d’enseignement, de formation professionnelle et des universités, privés et publics, et remplacés par des cours à distance.
Si certains élèves et étudiants ont cru à des vacances avant l’heure,u c’est loin d’être le cas.
Plusieurs initiatives ont été mises en place par le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, pour mener à bien cette opération, dans l’objectif de garantir la continuité pédagogique.
Alors comment se déroule l’enseignement à distance ?
En plus de plateforme « TelmidTice », qui propose à l’apprenant un ensemble de cours filmés crées par des enseignants, conformément aux programmes en vigueurs, le ministère a procédé à la mise en place de classes virtuelles sur la plateforme « teams » pour permettre aux professeurs de communiquer directement avec leurs élèves ou étudiants. « Cette initiative n’a pas beaucoup marché, pour la simple raison que tous les élèves n’ont pas les moyens technologiques pour se connecter à cette plateforme », nous explique un professeur des écoles. Et d’ajouter : « Les élèves du public, pour la plupart, essayent de suivre les cours sur les chaines nationales dédiées à cet effet. »
En effet, conscients que tous les élèves n’ont pas accès à internet, le ministère a procédé à la diffusion de leçons filmées sur les chaines Athaqafia TV et Tamazight ainsi que la station de télévision de Laâyoune, partant du principe que tous les foyers sont équipés de postes télés.
Rien ne remplace la présence physique en classe !
Une chose est sûre, c’est que durant ce confinement, les écoliers ne se tournent pas les pouces, grâce aux dispositifs d’enseignement à distance mis en place par le gouvernement, mais aussi par les différents établissements scolaires privés et missions.
Que ce soient les apprenants, les enseignants ou encore les parents, tous essayent de s’adapter à cette situation exceptionnelle.
Un professeur qui enseigne dans le privé et le public, explique que les élèves du privé n’ont aucun souci avec l’enseignement à distance, et que le problème se pose au niveau du public.
« Tout le monde n’a pas un smartphone, le wifi, un pc, etc. Une de mes élèves au lycée public où j’enseigne m’a demandé si je pouvais me connecter le soir pour faire le cours plutôt qu’en journée parce que ce n’est qu’à ce moment-là que son père rentre à la maison et qu’elle peut récupérer son téléphone pour se connecter. Une autre m’a affirmé que son père n’avait pas les moyens de lui recharger son téléphone à chaque fois pour pouvoir se connecter ! Et des exemples comme ça, nous en avons plusieurs mes collègues et moi », affirme l’enseignent.
Ce dernier affirme avoir créé un groupe sur WhatsApp où il envoie des cours audios avec les explications, pour maintenir le contact avec les élèves et répondre à leurs questions. « C’est l’outil utilisé par la majorité des professeurs, parce que la plateforme proposée par le ministère n’est pas pratique et ne marche pas toujours. On a souvent du mal à y accéder », explique l’enseignant. Et d’ajouter : « Les élèves du public ont des difficultés d’apprentissage en temps normal et l’enseignement à distance les met encore plus en difficulté. »
Questionné sur le déroulement des cours à distance dans l’école privé où il enseigne, il affirme utiliser la plateforme « Zoom » : « A travers cet outil, je donne mon cours comme si j’étais en classe. Tous les élèves sont présents, ils activent leur caméra et on commence la leçon sans aucun problème ».
En plus de dispenser les cours à travers «Zoom », certains établissements privés utilisent d’autres plateformes comme Google Classroom, ou encore Google Drive, qui permet aussi bien à l’élève qu’à l’administration d’accéder aux vidéos des cours.
« A l’école où j’enseigne, les élèves ont toujours utilisé google classroom et google drive pour accéder aux cours. D’ailleurs, à chaque rentrée scolaire ils reçoivent tous des tablettes numériques ». Et de conclure : « Malgré toutes les facilités qu’on peut avoir ou pas, il n’y a pas mieux que l’enseignement présentiel. L’élève doit voir le professeur et vice versa. C’est important, en tout cas pour moi, de sentir les émotions de mes élèves et voir les réactions sur leur visage pour savoir si mon message est bien passé. »
Cependant, toutes les écoles privées ne se valent pas. Ce confinement qui a contraint les établissements à dispenser les cours à distance a mis à nu une partie de l’enseignement scolaire privé et démontré ces failles. Si certains établissements ont une bonne pédagogie et déploient les meilleures conditions pour leurs élèves, ce n’est pas le cas de tous.
Ilham, une maman de 2 enfants, affirme que sa fille de 10 ans n’a cours que de 10h à midi et de 14h à 15h, soit 3 heures par jour seulement.
« L’école nous a envoyé des codes pour l’utilisation de la plateforme Zoom, mais à plusieurs reprises ma fille et ses camarades de classe se connectent et le professeur est absent », affirme cette maman. Et d’ajouter : « L’école envoie des exercices par email ainsi que des cours mais ce n’est pas pratique pour un élève de CE3, qui a besoin d’un accompagnement pédagogique que les parents ne peuvent pas assurer. Comment veulent-ils que l’élève comprenne la leçon, si elle n’est pas expliquée ? En tant que parent, on se voit obligés de faire le professeur à la maison, et dans ce cas-là, pourquoi continuer de payer l’école ? ».
Pour son autre enfant, élève dans un lycée français, Ilham explique qu’il y a un vrai suivi de la part de l’administration, qui envoie souvent des messages pour rassurer les parents et les élèves. « Les professeurs font de leur mieux pour transmettre l’information de la meilleure façon qu’il soit. Il y en a même qui dépassent les 2 heures du cours. Ils sont très compréhensifs et restent joignables à n’importe quel moment », affirme sa fille Hiba qui explique que les horaires des cours sont restés les mêmes. « Ceux qui avaient cours à 9h doivent être à 9h pile devant leur pc. Les absences sont notées et envoyées à la direction qui informe les parents que leur enfant n’a pas assisté au cours ». Pour la maman, il existe une énorme différence dans la gestion de l’enseignement à distance des deux établissements où évoluent ses enfants.
Plusieurs parents ont été choqués par le niveau faible de certains enseignants de leurs enfants. Entre fautes de langue, mauvaise prononciation, agressivité, non maitrise de la matière enseignée… les exemples sont multiples et le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en a bien pris connaissance. Alors, il y aura-t-il un remue-ménage dans l’enseignement privé à la prochaine rentrée ? C’est tout le mal que l’on souhaite aux parents !
Asmaa Loudni