La météo et la psychologie semblent être deux sphères différentes. Pourtant, l’adaptation psychologique aux changements climatiques joue un rôle crucial, dans les processus d’adaptation à l’environnement climatique, et à ses modifications psychologique, cognitives, émotionnelles, et comportementales. L’accélération actuelle des changements climatiques globaux dans le monde, et spécifiquement au Maroc, met à l’épreuve les modes de traitement des informations climatiques. En effet, cognitivement parlant, certaines études ont montré que l’être humain présente une vulnérabilité cognitive envers les fluctuations de température, qui peuvent entraîner une diminution de la performance cognitive, y compris la mémoire de travail, les capacités de raisonnement logique, l’attention et la concentration logique.
Les conditions météorologiques extrêmes, comme une chaleur excessive ou un froid intense, pourraient rendre difficile la concentration et l’attention au travail, et augmentent le stress. Il peut être difficile de se concentrer lorsque les températures ou que l’humidité sont très élevées, car cela peut entraîner de l’inconfort physique et moral, et des difficultés de concentration.
De plus, la fatigue morale suite aux modalités climatiques réduit l’efficacité mentale globale, ce qui affecte négativement parfois le rendement et la productivité. En 2018, le journal « PLOS ONE » a publié une étude intéressante qui a examiné les effets de la température ambiante sur la performance cognitive. Les chercheurs ont constaté que les variations de température avaient un impact significatif sur les fonctions cognitives. Une autre étude publiée dans la revue « Psychological Science » en 2014 a examiné l’effet des conditions météorologiques sur la performance cognitive des étudiants. Les résultats ont montré que les performances cognitives étaient meilleures les jours ensoleillés par rapport aux jours nuageux.
L’effet des conditions climatiques est aussi important sur l’humeur. Cette dernière est directement influencée par la cognition, comme exemple une humeur dépressive due à une météo maussade pourrait influencer la motivation, la fatigue morale, le manque d’énergie, le retrait social, la diminution du plaisir, etc.
Il est important de noter que l’impact de la météo sur le côté cognitif peut varier d’une personne à une autre. Certaines peuvent être moins sensibles aux variations météorologiques, tandis que d’autres peuvent l’être plus.
En outre, les conditions météorologiques sont conditionnées par la variation saisonnière, et pèsent sur les troubles psychiatriques, précisément les troubles de l’humeur, tels que la dépression, la manie et le trouble bipolaire.
La majorité des investigations scientifiques rapportent que les patients avec une épisode dépressif caractérisé présentent un pic majeur au début de l’hiver et un second pic au cours de l’été. Il apparaît que les conditions climatiques peuvent influencer et /ou déclencher les symptômes du trouble bipolaire. L’étude des dimensions cliniques montre que les caractéristiques thymiques et cognitives, la suicidalité, l’irritabilité et l’agressivité chez les patients souffrant de trouble bipolaire, subissent également l’effet des saisons, surtout chez les patients qui présentent des comorbidités et sont plus vulnérables. Dans notre pratique quotidienne, on observe chaque année un nombre plus élevé d’hospitalisation en psychiatrie en automne, en raison des accès maniaques, et en hiver par des symptômes dépressifs plus intenses, et de suicidalité.
En liant ce qui précède avec le travail, face à ces crises intenses de l’humeur, le patient se retrouve inapte à travailler durant une période importante.
Par ailleurs, en ce qui concerne les prises de décision pour les personnes qui ont des postes à pouvoir, ou les décideurs en général, l’influence des humeurs induites par les conditions météorologiques sur la tolérance au risque financier sont plus importantes, alors que la tolérance au risque est plus faible pendant les périodes de mauvais temps.
Pour conclure, la recherche en psychologie documente que la valence de l’humeur est sensible aux conditions météorologiques : le beau temps stimule l’humeur positive et le contraire (Lambert et al., 2002). Les gens sont généralement plus optimistes dans leurs choix et prêts à accepter le risque lorsqu’ils sont de bonne humeur (Grable et Roszkowski, 2008). Donc, il est primordial de comprendre l’influence de la météo sur notre côté psychique, y compris sur nos humeurs, notre bien-être et nos performances cognitives. En prenant en compte cet aspect, les individus, les employeurs et les professionnels de la santé peuvent mieux gérer les effets potentiels de la météo sur le plan émotionnel et cognitif, notamment au travail. La prise de conscience de ces influences peut permettre aux personnes de mettre en place des stratégies d’adaptation, comme l’aménagement de l’environnement de travail, la gestion du stress thermique, la promotion de la flexibilité des horaires ou même la sensibilisation accrue à l’impact de la météo sur notre bien-être psychologique.
De plus, les employeurs peuvent envisager des politiques de gestion du travail plus souples en tenant compte des fluctuations de l’humeur et des performances liées aux conditions météorologiques, en veillant à créer un environnement de travail favorable et en encourageant des pratiques de bien-être qui aident les employés à maintenir un bon équilibre psychologique.
En somme, comprendre l’influence de la météo sur notre psychique permet de mieux appréhender ces effets et de prendre des mesures pour favoriser un bien-être optimal au travail et dans d’autres aspects de notre vie quotidienne.