Les dernières données du Haut Commissariat au Plan, HCR, sur le taux de chômage dans notre pays sont passablement inquiétantes.
Elles indiquent qu’il s’établit à 10,7%, en hausse par rapport à l’ancienne estimation, mais aussi que ce fléau touche encore plus fortement les jeunes, notamment en milieu urbain et les femmes.
Ces indicateurs interpellent directement le nouveau gouvernement de M. El Othmani et s’il est vrai que la déclaration gouvernementale présentée devant le Parlement place la lutte contre le chômage parmi les priorités de l’exécutif, on ne perçoit pas encore ce qui pourrait se faire concrètement pour en réduire l’importance. En effet, au Maroc comme partout ailleurs, l’emploi ne se décrète pas !
Il est fonction de l’incontournable loi de l’offre et de la demande, laquelle s’applique parfaitement dans notre contexte d’économie libérale et ouverte…
Certes, l’Etat, premier employeur, est interpellé par cette nécessité, mais ses caisses et son Budget ne sont pas en mesure de supporter une hausse permanente et tendancielle des charges salariales de la Fonction publique, lesquelles d’ailleurs, ont déjà atteint un niveau difficilement supportable.
L’emploi nait de la croissance économique, des besoins des entreprises qui recrutent et investissent lorsqu’elles en ressentent la nécessité dans des objectifs de développement et d’augmentation de leur activité.
Et c’est là que le bât blesse (et durement) chez nous car aujourd’hui, alors que la conjoncture est toujours morose, que les investissements productifs stagnent, que le tissu entrepreneurial est miné par les impayés, les difficultés de trésorerie, une fiscalité qui frappe essentiellement les entreprises transparentes, rien n’indique vraiment qu’un retournement positif pourrait se produire dans les mois à venir.
Or, comme chacun peut le pressentir, le chômage, notamment celui qui sévit chez les jeunes, diplômés ou non, et en milieu urbain, est une véritable bombe sociale qui peut éclater à tout moment.
Il nourrit le mécontentement, la frustration et peut entraîner des situations délétères lourdes de dangers.
N’est-il pas, par exemple, fortement instrumentalisé par une poignée d’agitateurs qui, dans la région d’Al Hoceima notamment, entretiennent une instabilité sociale depuis plusieurs mois ?
Ne nourrit-il pas également la violence récurrente qui se manifeste à la sortie des stades de football chez des jeunes qui n’ont d’autre exutoire que d’exprimer ainsi leurs insatisfactions et leurs aspirations constamment refoulées ?
N’est-il pas également à l’origine des déperditions physiques et morales de ces sans-emploi qui s’adonnent à la drogue, à la délinquance, au vol et aux agressions pour satisfaire leurs envies de mieux-être, de mieux-vivre ?
Alors, certes, les pouvoirs publics diront qu’ils font de leur mieux, comme ce fut le cas d’ailleurs, sous le précédent gouvernement.
Des séminaires, des stages de formation, la mobilisation (positive) de l’OFPPT, des incitations diverses, mais tout cela, comme on le constate, n’est que cautère sur une jambe de bois !
La problématique de la lutte contre le chômage ne sera pas résolue par des mesurettes à effets limités, mais par l’instauration des véritables conditions macro et microéconomiques à même d’inciter réellement et fortement les entreprises à l’embauche, tous secteurs confondus.
Par une fiscalité réellement attractive et efficiente pour les entrepreneurs prêts à embaucher, par des assouplissements concrets afin de libérer le marché de l’emploi des entraves « légales » qui freinent les employeurs, mais aussi par la mise en place d’incitations à même de relancer la croissance, seule génératrice effective de richesses et, partant, de nouveaux postes de travail.
La gravité de la situation ne devrait échapper à personne et surtout pas à ceux qui ont la charge de la sécurité et la paix publiques parce que lorsque le sentiment de ras-le-bol s’exprimera, les seules solutions, forcément répressives, auront des conséquences fortement préjudiciables pour notre pays, sa stabilité intérieure, son image…
Fahd YATA