Moulay Abdessalam, Moulay Brahim, Sidi Rahhal, Bouya Omar, Sidi S’haq, Sidi Bouhaja, Lalla Aicha Bahria; Lalla Taja, Sidi Abderrahmane, Sidi Ahmed Ben Ichou, Sidi Ahmed Bel Lahcen, Bouya Loghlimi, Sidi Ahmad Oumoussa, Sidi Belyout, Lalla Chafia, Moulay Abdellah Amghar, Sidi Kawki… notre pays compte une multitude de saints, sans compter les Zawayas et autres marabouts. Ils sont partout : dans les campagnes, les montagnes, les villes, les plages, les rivières, les forêts, le Sahara…
Toutes ces formes et expressions se voulant religieuses, ne le sont certainement pas sur un plan proprement musulman, mais elles continuent quand même d’être partie prenante de l’Islam marocain. D’ailleurs, il est important de noter que ce genre de pratiques est qualifié de Chirk, un pêché interdit de la manière la plus ferme en Islam.
Pourtant, le Maroc y tient fortement et ce, depuis de longues années. Le ministère des Habous veille de la manière la plus rigoureuse à leur pérennité, en dépit d’une montée en force de la religiosité des Marocains et leur obédience à l’Islam sunnite. Même dans les mosquées dudit ministère, les Imams et les prêcheurs s’opposent à toute pratique susceptible de porter atteinte à la foi du musulman. L’Islam officiel, lui, a donc ses propres raisons. Dans sa déclaration, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Tawfiq, ne cache pas tout l’intérêt accordé aux Zawayas et marabouts, soit un budget annuel de plus de 140 MDH dans le cadre de dons et d’un programme destiné à les préserver de leur disparition. Et à en croire le ministre Tawfiq, les données dont dispose son département à ce sujet sont significatives à plus d’un titre. En effet, le Royaume comprend 5038 Darihs (mausolées). Le nombre des Zawayas atteint 1496. Les saints sont au nombre de 6534.
Mais en bons jongleurs, cette fois-ci, ‘‘les Habous’’ veillent aussi sur les écoles coraniques. Selon Ahmed Taoufiq, le nombre d’écoles coraniques dans l’ensemble du territoire du Royaume a atteint 14.122, dont 92% sont annexées aux mosquées. Et d’indiquer que le nombre d’élèves relevant de ces écoles a atteint 426.424, tandis que celui des autorisations accordées entre 2005 et 2017 se monte à 5082, dont 3027 ont été attribuées au cours de l’année 2017. L’intégration de ces écoles coraniques consiste essentiellement en la régularisation de leur statut juridique, à travers l’octroi d’autorisations, le soutien social des formateurs, l’insertion d’activités pédagogiques au sein de l’enseignement primaire traditionnel, en plus de l’encouragement de la recherche en la matière et la formation continue des formateurs, dit-on auprès du ministère, qui œuvrera, dans le cadre des efforts déployés dans ce sens, à mettre à niveau la structure matérielle des écoles coraniques, à promouvoir ce domaine et à améliorer la situation matérielle des formateurs de ces écoles.
Dès lors, on aura compris que l’Islam officiel du Royaume se veut multidimensionnel. Et vraisemblablement, répondre à tous les goûts religieux reste l’enjeu principal. Le débat théologique, entre le Halal et le Haram, vient apparemment après…
H.Zaatit