L’année 2017 tire à sa fin, mais elle restera longtemps dans la mémoire, collective et individuelle, des Marocains.
2017 en effet, a été caractérisée par des évènements marquants qui ont profondément modifié qui la gouvernance des affaires publiques, qui les relations africaines du Royaume, qui les rapports entre les régions enclavées et le pouvoir central, qui la classe politique et ses différents acteurs, etc.
A tout seigneur, tout honneur, on commencera par le retour du Maroc au sein de la famille africaine, matérialisé par l’adhésion à l’Union Africaine, en janvier dernier.
Adios Abdelilah !
Ce comeback, accepté par l’essentiel des Etats africains, a marqué une victoire diplomatique majeure du Royaume, acquise essentiellement par l’implication personnelle du Roi Mohammed VI.
Elle a été obtenue de haute main, au terme d’une quête entamée au début de la décennie 2000, lorsque le Souverain décida d’abandonner la tactique de la chaise vide qui n’avait profité qu’aux adversaires de notre unité nationale et de notre intégrité territoriale.
De plus et cerise sur le gâteau, ce retour au sein de l’UA s’est accompagné d’un réel rééquilibrage des relations bilatérales du Royaume avec des Etats qui jusque-là avaient marqué des préférences ouvertes pour les mercenaires séparatistes et leurs maîtres algériens.
De l’Afrique du Sud à l’Angola, du Rwanda à l’Ethiopie, du Mozambique au Kenya, tous ces pays ont renoué avec le Maroc, parfois de manière spectaculaire, parfois moins ouvertement, mais désormais, nos diplomates sont partout à l’œuvre sur le continent africain et cela ne sera pas sans effets positifs dans les mois et les années à venir.
2017 a également été caractérisée par une crise politique majeure qui s’est manifestée par une très longue période de vacance gouvernementale, entre les élections législatives de novembre 2016 et la constitution du gouvernement El Othmani en avril 2017.
Pendant cinq longs mois en effet, M. Abdelilah Benkirane, désigné par le Roi Mohammed VI pour constituer une équipe gouvernementale, en toute logique constitutionnelle, s’est essayé vainement à cette tâche, avant d’être remercié et remplacé par son « plus cher ennemi » au sein du PJD, M. Saad Eddine El Othmani.
La crise qui a perduré a eu pour effet de bloquer le travail gouvernemental, d’amplifier la morosité économique et l’attentisme des opérateurs et autres investisseurs avant que l’issue ne soit trouvé par le psy El Othmani et qu’une très belle campagne céréalière ne mette du baume au coeur de tous les Marocains, boostant par le même occasion le PIB !
Dégage !
2017, aussi, a montré que le laxisme, l’irresponsabilité, le manque de suivi des projets publics et le sentiment légitime de hogra au sein de certaines populations du Royaume pouvaient avoir des conséquences sociales lourdes de dangers.
Al Hoceima, Imzourren et quelques autres villages environnants ont vécu une fronde populaire qui a permis l’émergence d’un mouvement, le Hirak, peu structuré et peu politisé certes, mais qui a pu, à un certain moment, croire que ses actions et mots d’ordre modifieraient les rapports de force.
Zefzafi et quelques dizaines des animateurs de ce mouvement spontané et passablement populiste, ont voulu porter une contestation à des paroxysmes dangereux pour l’Etat, ses institutions, mais aussi le tissu économique régional et la stabilité sociale.
L’affaire est aujourd’hui devant les tribunaux, mais la leçon d’Al Hoceima a su porter très vite des enseignements et des réactions plus que salutaires.
Dès le 30 juillet 2017, dans un discours du Trône encore dans toutes les mémoires, le Roi Mohammed VI annonçait une nouvelle ère, totalement en ligne avec les prescriptions constitutionnelles, celle de la reddition des comptes, de la transparence et de la responsabilisation de tous ceux en charge d’une mission d’intérêt public et général.
L’admonestation royale, que certains comprirent comme l’expression seule d’une colère éphémère, fut pourtant suivie par la mise à l’écart de quatre membres du gouvernement de M. El Othmani et non des moindres, mais aussi de plusieurs hauts fonctionnaires et grands commis de l’Etat, tandis que des anciens ministres faisaient l’objet d’une mesure de bannissement de tout poste officiel ultérieur.
Et, pour monter que cela ne relevait nullement du conjoncturel ou d’un opportunisme politique, quelques semaines plus tard près de 200 responsables et fonctionnaires du ministère de l’Intérieur faisaient l’objet de sanctions et de mises à l’écart, prouvant ainsi urbi et orbi que la règle proclamée le 30 juillet 2017 constituerait désormais le pendant incontournable de la gouvernance publique.
Et le Dirham ?
Pour ces raisons et pour beaucoup d’autres encore, 2017 ne sera pas oubliée de sitôt sachant que, de surcroît, elle a amené une embellie au plan économique grâce à une récolte céréalière record, un comportement plus positif du PIB non agricole, des créations d’emplois dans les secteurs secondaire et tertiaire, l’affirmation de la pertinence de grands plans de développement industriel et de la théorie des métiers mondiaux du Maroc, etc.
Un couac pourtant ne saurait être omis, celui du report sine die de l’entrée en vigueur de la réforme portant sur la flexibilité du Dirham.
Et si 2017 a montré que la frilosité étreignait encore certains décideurs officiels, effrayés par les mouvements irresponsables sur des couvertures de change non justifiées, 2018 apportera certainement le meilleur pour cette réforme indispensable et incontestablement positive.
Fahd YATA