Par Hassan Zaatit
L’importance du soutien aux femmes est au cœur des initiatives de la Banque mondiale. Reconnaissant que l’autonomisation des femmes est essentielle pour la croissance économique et le développement durable, la Banque mondiale s’engage activement à promouvoir l’égalité des sexes dans ses programmes et projets à travers le monde. En investissant dans l’éducation des filles, l’accès aux soins de santé maternelle, l’entrepreneuriat féminin et l’inclusion économique, la Banque mondiale cherche à éliminer les obstacles structurels et culturels qui limitent le potentiel des femmes. Elle travaille également en étroite collaboration avec les gouvernements, les ONG et les acteurs locaux pour créer un environnement propice à l’épanouissement des femmes dans tous les secteurs de la société.
Récemment, à Marrakech, acteurs institutionnels, aussi bien nationaux qu’internationaux, hauts responsables et autres experts, se sont penchés sur cette question pour souligner l’importance de la Budgétisation Sensible au Genre dans la prise de décision en matière de finances publiques. En effet, les deux jours dédiés à cette question se sont tenus sous le thème: «Les finances publiques comme moteur du changement pour l’égalité».
Pour les responsables marocains et devant un parterre de représentants onusiens, diplomatiques, acteurs de la société civile et financiers, à leur tête la BM, cela a été surtout l’occasion de dresser le bilan et les avancées de l’instrument BSG dans sa version purement marocaine.
Principal acteur en charge de la supervision de ce projet, le ministère de l’Economie et des Finances, a souligné que: «Les résultats probants et prometteurs obtenus par le Maroc en matière de la Budgétisation Sensible au Genre, grâce à une mobilisation et une implication hautement saluées des départements ministériels en étroite collaboration avec le Ministère de l’Economie et des Finances, ne devraient pas pour autant perdre de vue la spécificité du contexte actuel chargé de défis au regard des effets imposés par la succession de crises multidimensionnelles (sanitaire, géopolitique et climatique entre autres)».
Le directeur régional de la BM pour le Maghreb et Malte, Jesko Hentschel, a mis, lui, l’accent sur les transformations sociétales opérées au Maroc et l’évolution dans le domaine des Droits de l’Homme, en général, et des droits des femmes en particulier, appelant à une évaluation continue des mécanismes liés à la BSG et à son utilisation optimale, ainsi qu’aux acquis accumulés en la matière.
Pour rappel, cette conférence internationale a été tenue par le MEF en partenariat avec l’ONU-Femmes et avec l’appui de l’UE au Maroc, de l’AFD et de la BM. Portée sous le hashtag #MoveEqualityForward, cet événement cherche à mener une réflexion stratégique sur les finances publiques et l’approche genre. Rappelons aussi que cet évènement a été l’occasion de sensibiliser les participants à l’importance stratégique de l’instrument de la BSG, ainsi que de l’implication de l’ensemble des acteurs ministériels, des administrations locales et de la société civile, en particulier à l’approche de la tenue de l’Assemblée Annuelle 2023 des institutions de Bretton Woods prévue à Marrakech en octobre prochain.
Pour la BM, le Maroc est un bon élève, mais il peut mieux faire en matière de BSG.
Pour le directeur régional de la BM pour le Maghreb et Malte, Jesko Hentschel, l’essentiel est de savoir comment utiliser les résultats des évaluations pour influencer à la fois les politiques publiques et impacter les paradigmes de la société. Et de préciser qu’environ 175 milliards de dollars partent en fumée à cause de la non-intégration des femmes dans les différents secteurs de l’économie, ce qui impacte négativement le PIB.
Concernant l’expérience marocaine en la matière, Jesko Hentschel estime qu’à ce niveau, le Maroc reste un bon élève, mais il peut mieux faire, notant que l’implication davantage des femmes dans les différentes activités économiques pourrait aboutir à des progressions sensibles du PIB, notant qu’en somme, il s’agit bel et bien d’un investissement dans l’égalité.
Pour sa part, la représentante du Bureau Multipays de l’ONU-Femmes pour le Maghreb, Leila Rhiwi, explique que plusieurs obstacles subsistent face à l’intégration des femmes au marché d’emploi, appelant à diminuer les obstacles systémiques qui empêchent les femmes de participer de manière égale dans les secteurs public et privé. Ces inégalités entre les femmes et les hommes au niveau de l’accès au marché du travail impactent directement la croissance économique du pays, dit-elle, faisant observer que « la majorité des femmes continuent à avoir un emploi précaire et informel et que malgré des avancées enregistrées en la matière, des défis persistent encore, particulièrement, ceux liés à la faiblesse de l’accès des femmes aux opportunités économiques, induisant des pertes en points de croissance sous l’effet de la sous-utilisation de l’ensemble des potentialités humaines dont dispose le Maroc’’.
Pour rappel, une étude réalisée en par la Direction des Études et des Prévisions Financières (DEPF) relevant du ministère de l’Économie et des Finances, en partenariat avec le Centre d’excellence pour la budgétisation sensible au genre (CE-BSG) et ONU Femmes, avait conclu qu’une réduction complète de l’écart des niveaux d’activité entre les hommes et les femmes, générerait une hausse du PIB par habitant de 39,5% comme effet maximal.