Dossier Spécial Bilan Boursier 2017 du blog Afifa Dassouli
- Le MASI en 2017, les yeux pour pleurer…
- Sociétés cotées, les investisseurs ne sont pas dupes !
- Bourse, les pistes pour relancer et diversifier l’offre
- En 2017, les bourses mondiales ont dépassé toutes les prévisions de croissance de leurs indices
L’analyse du marché financier tient tout particulièrement à celle de l’offre qui le caractérise. Parmi les disfonctionnements de la Bourse de Casablanca figure en bonne place le fait que son offre est vieillissante et perd donc beaucoup de son attractivité.
Du renouvellement de cette offre dépend le dynamisme du marché.
On pourrait comparer une bourse à tout produit qui se doit d’évoluer pour susciter la demande. Les introductions en bourse constituent une des sources de son renouvellement car aucune bourse ne peut se développer sans IPO (introduction en bourse).
Or, non seulement l’offre du marché casablancais ne se renouvelle pas, mais elle s’appauvrit du fait que les valeurs qui y sont cotées et qui sont attractives deviennent inaccessibles parce qu’elles sont illiquides, ce qui les rend inévitablement chères.
Bien évidemment, les investisseurs s’en trouvent découragés, eux qui veulent pouvoir faire de vrais choix.
Seules quelques valeurs sont encore accessibles sur le marché boursier marocain, et l’on dit qu’elles constituent le cœur de métier de la bourse.
Car l’autre catégorie de valeurs, dites délaissées, sont boudées par les investisseurs pour des raisons conjoncturelles ou de confiance.
Mais ces dernières se distinguent encore de celles qui sont tout simplement ignorées parce qu’historiquement inactives et non concernées par les variations du marché.
Pour toutes ces raisons, on constate que le cœur métier du marché financier se rétrécit sans espoir de retour si les introductions en bourse ne prennent pas le relais.
On en vient à se demander comment relancer notre bourse sans les IPO ? Que faut-il faire dans ce sens? Est-ce que les réformes attendues, comme le marché à terme, les ventes à découvert, etc., sont de nature à avoir des effets positifs ?
Les spécialistes des métiers de la finance s’accordent sur le fait que ces réformes ne redynamiseront pas le marché et que tant qu’il n’y aura pas de nouvelles introductions en bourse, tant que l’offre ne sera pas attractive et tant qu’elle ne se renouvellera pas, en étant de surcroît corrélée à l’économie, rien ne changera pour la Bourse des valeurs de Casablanca !
L’un d’entre eux a utilisé cette métaphore pour traduire la situation de notre marché financier : « Quand un autocar connaît une panne de moteur, rien ne sert d’en changer le conducteur » !
Ainsi, il faut s’attaquer aux fondamentaux d’un marché financier dont la liquidité figure au premier rang. Pour cela, il faut baisser le niveau des flottants et en imposer le respect aux sociétés cotées.
Celui exigé à la bourse de Casablanca, de 20%, est loin d’être compétitif par rapport à ceux des places semblables et concurrentes, comme le marché égyptien ou le sud-africain.
Un flottant égal ou inférieur à 20 % du capital, n’oblige en aucun cas les sociétés et leur management à compter avec le marché et les porteurs minoritaires de leurs actions.
Sous d’autres cieux, le flottant est de 35 % ou 40% du capital, ce qui non seulement assure la liquidité des actions cotées, mais oblige les sociétés à avoir une politique boursière en fonction des exigences et des attentes des investisseurs.
Le ratio de liquidité qui découle des flottants est inférieur à 20% à Casablanca quand il dépasse 50% en Egypte, 30 % en Turquie, au Koweït, en Afrique du Sud ou encore en Arabie Saoudite.
Ainsi le relèvement du flottant est un point de passage obligé pour l’amélioration de l’attractivité de la bourse.
Par ailleurs, il faut savoir que pour un client étranger, le premier indicateur et critère de sélection c’est la volumétrie. Et donc, pour un marché comme le notre quel serait le niveau du volume quotidien acceptable ?
La réponse qui ressort d’une étude récente aboutit à un montant de 300 millions de dirhams par jour soit le double de l’actuel en bourse.
Mais l’offre souffre aussi de déficit en matière de flux informationnels. Pour qu’une transaction se fasse, il faut un échange d’informations. Or la rumeur et la spéculation dominent le marché casablancais.
D’où le projet de l’AMMC de rendre les publications financières trimestrielles pour plus de visibilité sur les résultats futurs des sociétés.
Face à cette situation, la demande se trouve truquée. Le marché financier est certes dominé par les institutionnels, mais tous ont la même vision et la même approche de la bourse alors que les échanges nécessitent des avis contradictoires.
Chez nous les institutionnels, qui dominent le marché à hauteur de 75% , ne se distinguent pas en investisseurs long-termistes ou court-termistes.
Et souvent les institutionnels et les particuliers gestionnaires patrimoniaux, ont la même démarche.
Face à cette situation, les investisseurs étrangers désertent Casablanca.
Enfin, en ce qui concerne la demande à la bourse, elle est très faible du coté des personnes physiques que l’on nomme les petits porteurs. Cette base est très limitée comparativement au marché égyptien où se sont les particuliers qui créent la dynamique.
Chez nous, ce sont les seules introductions en bourse qui drainent les particuliers.
En 2007-2008, période où les introductions en bourse furent les plus nombreuses, les particuliers représentaient 30 % des volumes des transactions.
Même si en la matière de collecte de l’épargne des personnes physiques, les OPCVM ont joué un rôle non négligeable.
En conclusion des trois premiers articles de ce dossier, celui sur le comportement du MASI en cette fin d’année, celui de la demande et enfin celui de l’offre du marché financier casablancais, résulte un bilan qualitatif qui aboutit au constat que la performance du marché boursier de 2017 cache beaucoup de dysfonctionnements et que notre marché, restreint et domestique, se resserre inéluctablement…
Afifa Dassouli