Un an pratiquement après la fin de la 6è Biennale de Marrakech, il convient sans nul doute de revenir sur cet événement artistique majeur qui a animé, durant deux mois l’an passé, la ville ocre, ses rues, ses musées, ses espaces culturels, etc.
Revenir sur la 6è Biennale, qui a connu, sans exagération aucune, un succès immense, avec des mentions élogieuses dans les revues, journaux et portails les plus courus de l’Art contemporain international, c’est se permettre de mettre l’accent sur une impérieuse nécessité, celle de donner à cet évènement à nul autre pareil dans le Royaume, la place permanente qu’il mérite.
Non aux niveaux spatial ou temporel, puisque par essence et définition une biennale a lieu tous les deux ans, mais dans l’esprit des amateurs d’art, du grand public, des milieux avertis et, surtout, de ceux qui ont en charge la politique culturelle du Royaume.
En effet, si l’on revient à la 6è Biennale, qui comporta une série de manifestations uniques, notamment en termes de « Street Art » et des projets vraiment porteurs concernant la prise en charge éducationnelle des jeunes générations pour un éveil aux arts, force est de constater que son succès n’a pas eu les retombées qu’elle méritait.
En effet même si Marrakech fait désormais partie des 20 premières villes mondiales célébrées pour leurs biennales, même si elle figure en tête des biennales africaines et arabes, même si elle rejoint Londres, New York, San Francisco et d’autres grandes villes connues pour l’importance accordée à l’art de rue, comme mentionné dans le spécial “Street Art” publié en avril dernier aux éditions Lonely Planet, elle est véritablement la parente pauvre de la culture dans notre pays. Pourtant, la ville ocre est la seule destination arabe présentée par l’ouvrage précité, et ce grâce à la ‘‘Biennale de Marrakech’’ et au volet dédié à l’art de rue ‘‘MB6 : Street Art’’.
Et si ces mentions et ces reconnaissances font la fierté des promoteurs de la biennale, ces esprits éclairés qui, à l’image de M. Amine Kabbaj, son président exécutif, consacrent leurs forces et leur temps à l’organisation et la réussite de toutes les manifestations composant la Biennale, avec dévouement et abnégation, force est de déplorer qu’ils ne sont guère récompensés en retour !
Pourtant Amine Kabbaj et tous ceux qui l’accompagnent ne réclament ni honneurs, ni avantages, ni rétribution, loin s’en faut !
Ce qu’il convient de leur accorder, c’est l’assurance que la Biennale de Marrakech, en tant que manifestation phare dans le monde de l’Art moderne international, est perçue, appréhendée, considérée comme une des actions fondatrices de l’Art au Maroc, en veillant à sa pérennisation, son institutionnalisation même, avec les moyens humains et matériels qui lui permettraient de constituer en permanence, cet atout irremplaçable qu’elle est devenue pour la ville de Marrakech, la promotion touristique de la destination, mais également pour l’image du Royaume, terre des Arts et de la Culture.
Serait-ce donc trop demander aux responsables publics, aux département ministériels concernés, aux édiles de Marrakech, de faire, pour une fois, mentir l’adage qui veut que « le cordonnier est le plus mal chaussé » ? Ou encore de refuser ce vieux proverbe marocain qui énonce que « le boucher dîne de navets » ?
La Biennale de Marrakech doit être la matérialisation d’une préoccupation permanente, pérenne, constante au service de l’Art Moderne, dans notre pays et pour son rayonnement international.
Et c’est dès aujourd’hui, hic et nunc, qu’il convient de préparer et d’assurer le succès de la 7è Biennale que Marrakech accueillera en 2018.
L’Art est une valeur trop précieuse, une arme de connaissance, de culture, d’éducation et de tolérance irremplaçable. Avec la Biennale, ces valeurs et principes sont déjà acquis grâce à la mobilisation et aux sacrifices de personnes comme Amine Kabbaj.
Notre devoir, à tous, est de les accompagner !
Fahd YATA