Le Bureau Politique du Parti du Progrès et du Socialisme a rendu public un communiqué jeudi soir après une réunion exceptionnelle de cette instance.
Celle-ci a donc été sanctionnée par un texte aux termes ambigus qui traduisent sans doute l’embarras du BP face à la crise provoquée par l’éjection hors du gouvernement de deux membres de cette instance, M. Nabil Benabdallah, secrétaire général du PPS, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la Ville et M. Houcine El Ouardi, ministre de la Santé, mais aussi le « bannissement » de toute fonction officielle de M. Amine Sbihi qui occupait le poste de ministre de la Culture dans le précédent gouvernement dirigé par M. Abdelilah Benkirane.
Le texte du BP du PPS proclame l’attachement de ce parti à l’institution monarchique et son respect pour les décisions royales prises à la suite de la présentation du rapport de la Cour des Comptes sur l’exécution du programme Manarat Al Moutawassit.
Dans le même temps, les camarades de MM. Benabdallah, El Ouardi et Sbihi, leur rendent un hommage appuyé pour l’accomplissement de leurs missions ministérielles respectives, ce qui, pour le moins, paraît être en contradiction avec le limogeage royal….
On comprendra ainsi que ce communiqué, à l’écriture passablement ampoulée, exprime l’inconfort du Bureau Politique du PPS qui ne peut et ne veut pas donner le sentiment qu’il récuse frontalement le limogeage dont ont été victimes ses trois dirigeants.
Alors, pour calmer les esprits, et, sans doute, examiner les développements ultérieurs qui pourraient survenir prochainement, le Bureau Politique « passe la patate chaude » au Comité Central, lequel est convoqué pour le 4 novembre prochain.
Un manière très claire de « voir venir », avant de décider quel sera l’avenir politique du Secrétaire général, Nabil Benabdallah, mais aussi quelle sera la position du PPS, membre de la coalition gouvernementale, sur une sortie éventuelle de ce groupement ou la désignation de remplaçants de deux limogés dans ses propres rangs.
Ambiguïté et attentisme expriment donc incontestablement l’ampleur de la crise qui affecte aujourd’hui le Parti du Progrès et du Socialisme, du fait de la défiance royale…
Et si le PPS, au gouvernement depuis 1997 (!!!), pourrait vaciller sous la bourrasque, c’est sans doute parce que la génération actuellement aux commandes de ce parti, n’est pas vraiment celle qui avait directement vécu les années de plomb que subirent le Parti de la Libération et du Socialisme et, avant lui, le Parti Communiste Marocain.
Les vingt dernières années furent celles des vaches grasses et, comme le montre l’empressement d’anciens « challengers » de Nabil Benabdallah, comme M.Saïd Saadi ou Mme Nezha Sqalli , « à tirer sur l’ambulance » aujourd’hui, certains croient encore qu’il suffira de remplacer l’actuel SG pour que le cours normal des choses reprenne…
Wait and see donc.
Fahd YATA
CI-APRÈS LE TEXTE DU COMMUNIQUÉ OFFICIEL DU PPS
Le Bureau Politique du Parti du Progrès et du Socialisme s’est réuni, à titre exceptionnel, Jeudi 26 Octobre 2017, afin de délibérer sur les derniers développements que connait la scène nationale, particulièrement en ce qui concerne les décisions prises par Sa Majesté le Roi après avoir pris connaissance du rapport de la Cour des Comptes relatif à l’éxécution du programme « Al Hoceima Manarat Al Moutawassit» .
Le Bureau Politique évalue ce sujet avec tout le respect et la considération dûs à Sa Majesté le Roi et ses hautes décisions. Il tient compte en cela de l’esprit de responsabilité et de pondération ayant toujours marqué le parcours du PPS,aussi bien lors de son appartenance à l’opposition pendant cinq décennies ou lors de sa participation à la gestion des affaires gouvernementales. Le Bureau Politique réaffirme sa sincère conviction que le Secrétaire Général du Parti et les deux camarades ayant assumé des responsabilités ministérielles, tant dans le gouvernement actuel que dans le précédent, concernés par ces décisions, ont accompli leurs missions avec un souci rigoureux de se conformer aux exigences des intérêts suprêmes de la patrie et du peuple, imprégnés en cela des principes et des valeurs du parti fondés sur un haut niveau de patriotisme et sur la nécéssité de faire preuve du maximum d’honnêteté, de sincérité et de confiance.
Le Bureau Politique du PPS exprime sa fierté à l’égard de la prestation honorable des ministres du Parti concernés et à l’égard de leur recherche constante de servir l’interêt général avec le maximum de dévouement et d’abnégation, loin de tout penchant politicien étroit. Ils agissent en cela avec conscience , sérieux, responsabilité et ferme attachement aux institutions et constantes de la nation, dans le plein respect des dispositions de la constitution et de la loi. C’est ainsi que le PPS s’est toujours comporté et se comportera dans le cadre du principe intangible de coopération avec les institutions constitutionnelles et, à leur tête, l’institution monarchique dans sa quête de modernisation et de développement du pays.
La question de la poursuite ou non de la participation du PPS au gouvernement actuel a recueilli une attention particulière. Et après une discussion large et approfondie de ce sujet sous tous ses aspects, en ayant à l’esprit l’intérêt supérieur de la patrie et du peuple, le BP du PPS a décidé, conformément aux statuts du Parti, de soumettre cette question à l’appréciation du Comité Central lors d’une session extraordinaire prévue le samedi 04 novembre 2017. Le Bureau Politique poursuivra entre temps ses concertations en la matière sur la base des éléments nouveaux qui pourraient intervenir.
(Fin du communiqué)