
M. Antoine Magnant, DGFIP
Entretien réalisé à l’occasion du webinaire sur la modernisation de la gestion financière publique
Le 25 mars dernier s’est tenu au siège de la TGR sous le mode webinaire, un séminaire d’étape du jumelage institutionnel intitulé : « Appui à la modernisation de la gestion financière publique ».
Ce jumelage consacre le partenariat stratégique qui lie le Maroc à l’Union européenne dans le cadre du programme « Hakama ».
Comme devait le préciser M. Noureddine Bensouda, Trésorier général du Royaume dans son allocution d’ouverture : « Il n’est pas de doute que ce jumelage Maroc – Union européenne, qui vise à accompagner la Trésorerie Générale du Royaume dans la mise en œuvre des réformes de la gestion financière publique, est d’un grand intérêt, aujourd’hui plus que par le passé ».
Rappelons que ce jumelage d’une durée de 24 mois, est financé pour un million d’euros par l’UE avec pour objectif de soutenir les efforts de la TGR pour la mise en œuvre des réformes relatives à la gestion des finances publiques et à la dématérialisation des procédures liées à l’ensemble de ses métiers.
Dans ce cadre, La Nouvelle Tribune a réalisé avec M. Antoine MAGNANT, Directeur Général Adjoint, à la Direction Générale des Finances Publiques française, DGFIP, un entretien relatif aux objectifs de ce webinaire et, plus généralement, au travail commun accompli par la TGR et la DGFIP dans le cadre de ce partenariat.
La Nouvelle Tribune : M. Antoine MAGNANT, vous êtes Directeur Général Adjoint, à la Direction Générale des Finances Publiques française, DGFIP.
Vous êtes intervenu lors du séminaire organisé conjointement par la TGR, la DGFIP et l’UE le 25 mars dernier au sujet du programme de jumelage institutionnel Maroc-UE, pour un appui à la modernisation de la gestion financière publique.
Avant de parler du jumelage, la coopération entre la TGR et la DGFIP ne date pas d’aujourd’hui, comment pourriez-vous la qualifier ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
M. Antoine Magnant :
La coopération entre la TGR et la DGFiP est déjà très ancienne et ininterrompue depuis 1987.
Notre relation est marquée par la confiance et le respect mutuel, elle est encadrée par une convention de partenariat qui a notamment posé les grands axes de travail en matière de comptabilité publique, de contrôle des opérations financières ou encore de dématérialisation des procédures.
Notre coopération s’est construite sur la mutualisation des bonnes pratiques et le partage du savoir-faire tant technique que méthodologique. Au-delà, nous avons forgé ensemble une véritable relation de proximité, d’amitié entre nos deux administrations.
Concrètement, à travers ce rapprochement entre la TGR et la DGFIP, puisque c’est le principe global d’un jumelage, quel serait le bénéfice pour le Maroc en termes de gestion des finances publiques ?
Ce projet de jumelage est le résultat d’une relation de confiance existante, qui a conduit la TGR à choisir la France parmi les pays de l’UE pour l’accompagner dans ses réformes.
Les jumelages européens restent l’outil le mieux adapté à une coopération technique équilibrée et efficiente. C’est un outil de renforcement des capacités qui repose sur une coopération en partenariat entre les administrations publiques pour atteindre des résultats définis ensemble.
Les objectifs du jumelage s’alignent sur le partenariat entre l’Union européenne et le Maroc, qui n’a cessé de se renforcer depuis 2000, avec l’entrée en vigueur de l’accord d’association, puis l’octroi du statut avancé à partir de 2008 et enfin, la définition d’un partenariat euro-marocain de prospérité partagée.
Dans le cas présent, ce jumelage contribuera à améliorer encore la gouvernance publique au Maroc par le renforcement de son système de gestion des finances publiques, en appuyant la TGR dans la mise en œuvre des dispositions de la Loi Organique relative à la Loi de Finances (LOF).
Le principal bénéfice sera ainsi de garantir une meilleure transparence des finances publiques, une responsabilité plus claire des acteurs et une reddition des comptes optimisée.
Sachant que la TGR mène une réforme portant sur l’efficacité de son rôle depuis des années, quelles sont selon vous les réformes sous-jacentes qui profiteront le plus de l’appui apporté par ce jumelage TGR-DGFIP?
Le jumelage contribue au programme de réformes que le Royaume du Maroc a adopté, mais ne le remplace pas. Il s’intègre justement dans une série d’actions qui concernent d’autres parties prenantes aux réformes en cours.
La TGR a déjà mis en place les principes visant à faire évoluer les comptes de l’Etat vers l’état de l’art en matière de normes internationales, le jumelage permettra de compléter ce cadre et d’accélérer la généralisation de ces principes.
Les travaux de ce jumelage visent la certification des comptes, mais contribueront également à la réforme de la régionalisation ou encore au renforcement de l’efficience de la commande publique.
Ce jumelage est articulé autour de 4 volets qui portent respectivement, sur la formation du personnel de la TGR par e-learning, la modernisation du contrôle, la mise en œuvre du nouveau système comptable de l’Etat marocain et l’amélioration des systèmes d’information de gestion et de contrôle, quel est le bilan d’étape qualitatif de ce projet ?
A mi-parcours du jumelage, dont la mise en œuvre a été marquée par le contexte particulièrement difficile de la crise sanitaire mondiale, nous sommes fiers des résultats déjà obtenus.
En effet, les travaux ont dû être menés pour l’essentiel à distance, mais grâce à la mobilisation et l’implication exemplaire des cadres marocains et des experts français, nous avons pu réaliser plus de la moitié des objectifs que nous nous étions fixés – et même au-delà sur certains volets.
Le jumelage TGR-DGFIP, se faisant dans le cadre du partenariat Maroc-UE, hormis le jumelage y-a-t-il d’autres formes ou d’autres instruments de coopération à mettre à contribution pour appuyer la TGR dans son élan de modernisation ?
La démarche de la TGR pour la modernisation est déjà très avancée. Le jumelage aura une fin, mais la coopération avec l’UE et la France en particulier ne s’arrêtera pas.
Afin de garantir la durabilité des résultats obtenus et pour continuer à partager les méthodes, les avancées et les savoir-faire, la coopération bilatérale entre nos deux administrations pourra prendre le relais, j’y suis en tout cas, pour ma part, totalement ouvert.
Entretien réalisé par Afifa Dassouli