Lors de la quatrième conférence annuelle des ministres de l’Initiative Triple A, M. Reda Chami, Président du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), en tant que président de l’UCESA, une organisation régionale qui englobe plus de 20 pays africains, a porté la voix des Conseils Économiques et Sociaux africains en mettant en avant l’action climatique. Une étude de perception menée par l’UCESA auprès de 8,200 citoyens dans 16 pays africains a permis de développer un plaidoyer robuste pour une action climatique efficace au niveau des gouvernements et des instances internationales.
M. Chami a également discuté des efforts de l’UCESA pour sensibiliser à la mobilité climatique, soulignant que les migrations dues au changement climatique pourraient contraindre 105 millions d’Africains à se déplacer à l’intérieur de leur propre pays d’ici 2050. Au Maroc, le CESE a produit divers avis et contributions intellectuelles qui alignent les politiques climatiques avec les besoins d’intégration régionale et de mobilisation de financement.
M. Chami a partagé des observations importantes tirées de l’étude de perception de l’UCESA. Il a noté que le changement climatique affecte profondément les citoyens africains, avec sept sur dix qui ressentent déjà ses impacts. Il a souligné que la conscience des causes et des effets du changement climatique est particulièrement aiguë dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, et que la déforestation est vue comme une cause majeure par plus de la moitié des sondés. L’inquiétude pour l’avenir est également palpable, exacerbée par un sentiment d’insuffisance d’information, surtout parmi les agriculteurs qui se sentent éloignés des centres de décision.
Par ailleurs, il est encourageant de constater que les citoyens africains sont prêts à s’engager dans la réduction de la vulnérabilité climatique de l’agriculture, proposant des solutions telles que l’agriculture biologique, le reboisement, et les nouvelles techniques de conservation de l’eau.
Cependant, M. Chami a souligné que le financement de l’adaptation en Afrique reste largement insuffisant pour répondre aux besoins croissants. Il a identifié plusieurs défis majeurs en matière d’accès au financement, notamment la prédominance des financements pour l’atténuation par rapport à l’adaptation, les conditions contraignantes d’accès aux fonds climatiques, l’aggravation de la pression de la dette par les prêts non concessionnels, et les problèmes de « mal-adaptation » dus au manque de priorisation et de planification.
Pour surmonter ces obstacles, M. Chami a proposé de réformer l’architecture financière internationale, d’adopter des mécanismes régionaux pour apprécier le risque souverain afin de réduire les coûts d’emprunt, et d’élargir l’assiette fiscale pour mobiliser davantage de ressources intérieures. Il a également suggéré de promouvoir les financements mixtes, les obligations vertes et le marché carbone, tout en renforçant les capacités locales pour le montage de projets bancables et en encourageant l’innovation et la recherche et développement pour des solutions adaptées aux besoins spécifiques de l’Afrique.
En conclusion, M. Chami a réaffirmé l’engagement de l’UCESA à travailler étroitement avec l’Initiative Triple A pour développer des solutions locales efficaces qui répondent non seulement au changement climatique mais aussi à l’insécurité alimentaire croissante, marquant ainsi une volonté collective de construire une agriculture africaine résiliente et durable.
LNT