![](https://lnt.ma/wp-content/uploads/2025/02/sommet-de-lia-paris-2-925x430.jpg)
Le Sommet de Paris pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA) s’est achevé mardi, après deux journées d’échanges intensifs entre représentants gouvernementaux, experts du secteur technologique et organisations internationales. Ce rendez-vous d’envergure, coorganisé par la France et l’Inde, a abouti à l’adoption d’une Déclaration commune visant à promouvoir une intelligence artificielle durable et inclusive au service des populations et de la planète.
La Déclaration a été signée par 60 pays et organisations, dont le Maroc, qui ont convenu des grandes orientations à suivre face à l’essor rapide de l’IA. Les signataires s’engagent ainsi à garantir une intelligence artificielle accessible à tous, en réduisant la fracture numérique et en veillant à son développement éthique et sécurisé. Ils insistent également sur la nécessité d’un cadre réglementaire transparent pour encadrer cette technologie émergente et éviter une concentration excessive du marché.
Parmi les priorités mises en avant figurent la promotion de l’innovation en créant un environnement favorable aux entreprises et aux startups, tout en assurant un équilibre entre progrès technologique et protection des citoyens. La Déclaration souligne aussi l’importance de renforcer la coopération internationale et de coordonner les efforts en matière de gouvernance de l’IA afin d’assurer un développement harmonisé et bénéfique à tous.
Par ailleurs, l’Union européenne veut mobiliser 200 milliards d’euros pour des investissements dans l’IA en Europe, a annoncé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. « Ce sera le plus grand partenariat public-privé dans le monde pour le développement d’une IA fiable », a-t-elle déclaré lors du sommet. « Nous voulons que l’Europe soit l’un des principaux continents en matière d’IA », a-t-elle ajouté. Mme von der Leyen a précisé que l’Union européenne (UE) s’engagerait pour un montant de 50 milliards d’euros venant s’ajouter aux engagements de 150 milliards des grands groupes qui participent à cette « alliance ».
Le Maroc, acteur engagé
Le Maroc a été représenté à ce sommet par une délégation conduite par Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration. Dans une déclaration à la presse, Mme Seghrouchni a affirmé que « l’intelligence artificielle n’est plus un luxe, mais une nécessité pour nos sociétés modernes. Il est impératif d’investir dans cette technologie et d’en faire un levier de développement économique et social ».
Le Royaume a réaffirmé son engagement à jouer un rôle clé dans l’écosystème mondial de l’IA, notamment à travers des initiatives innovantes et la mise en place d’un cadre réglementaire adapté. Lors du sommet, le Maroc s’est associé à huit autres pays pour lancer l’initiative Current AI, un projet visant à promouvoir une IA d’intérêt général. Ce programme, doté d’un financement initial de 400 millions de dollars, ambitionne de démocratiser l’accès à l’IA en veillant à son adaptation aux réalités locales et à son intégration dans des secteurs clés tels que la santé, l’éducation et l’agriculture.
« La course à l’IA ne fait que commencer, et le Maroc est bien positionné pour y jouer un rôle majeur », a ajouté Mme Seghrouchni, mettant en avant les investissements du pays dans la recherche et la formation des talents en intelligence artificielle.
La Déclaration de Paris insiste sur l’importance de faire de l’IA un outil au service du progrès humain et environnemental. Les signataires s’engagent ainsi à encourager des applications respectueuses des principes éthiques et à garantir que les avancées technologiques profitent à tous, en particulier aux pays en développement. La coopération internationale sera renforcée pour assurer une meilleure gouvernance et limiter les risques associés à l’IA, notamment en matière de désinformation et de cybersécurité.
Dans le cadre de cette approche inclusive, le sommet a également vu le lancement d’une grande plateforme et d’un incubateur dédié à l’IA d’intérêt général. Cette initiative vise à harmoniser les efforts des acteurs publics et privés, à favoriser la transparence et à garantir une intelligence artificielle alignée sur les objectifs de développement durable.
Vers une gouvernance mondiale de l’IA
La nécessité d’un dialogue global sur la gouvernance de l’IA a été au cœur des discussions. Les participants ont rappelé l’importance des précédents sommets de Bletchley Park (Royaume-Uni) et de Séoul, qui ont jeté les bases d’une coopération internationale accrue en matière de sécurité et d’éthique de l’IA.
Les engagements pris à Paris seront suivis de plusieurs échéances majeures, notamment le Sommet de Kigali, le 3e Forum mondial sur l’éthique de l’IA organisé par l’UNESCO et la Thaïlande, ainsi que la Conférence mondiale sur l’IA prévue en 2025. Ces événements permettront d’assurer le suivi des actions engagées et de poursuivre les réflexions sur l’avenir de l’IA.
L’implication du Maroc dans ces initiatives internationales s’inscrit dans une dynamique plus large de transformation numérique et d’innovation. Avec des pôles d’excellence dédiés à l’intelligence artificielle, des startups innovantes et un fort vivier de talents, le Royaume veut se positionner comme un acteur majeur sur la scène technologique africaine et mondiale.
« Le Maroc est en train de réaliser un tournant décisif en matière d’intelligence artificielle, grâce à une vision avant-gardiste et à une politique volontariste d’investissement dans l’innovation », a affirmé Souhail Maya, cofondateur de Mahaam, soulignant l’attractivité croissante du Royaume pour les acteurs de la tech mondiale.
L’année 2025 s’annonce donc décisive pour le développement de l’IA au Maroc, avec des événements tels que le Gitex Africa Morocco, prévu en avril à Marrakech, qui réunira les principaux acteurs de la tech mondiale pour explorer les opportunités offertes par cette révolution numérique.
SB