Des photos de disparus durant la dictature militaire au Chili (1973-1990) exposées dans les jardins du palais présidentiel de de La Moneda pour commémorer la Journée internationale des victimes de disparitions forcées, à Santiago, le 30 août 2023
L’Etat chilien va prendre en charge, pour la première fois, les recherches pour tenter de retrouver plus de mille personnes disparues pendant la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990), a annoncé le président Gabriel Boric mercredi, à quelques jours du 50e anniversaire du coup d’Etat militaire.
Pendant des décennies, ces recherches ont presque exclusivement été du ressort des familles, et seules 307 dépouilles ont été retrouvées. Le sort de 1.162 autres reste inconnu.
« La justice a trop tardé », a déclaré le président Boric, en lançant le Plan national pour la recherche de la vérité et de la justice, première initiative officielle de ce type.
« La seule façon de construire un avenir plus libre et plus respectueux de la vie et de la dignité humaine est de connaître toute la vérité », a-t-il ajouté lors d’une cérémonie organisée à l’extérieur du palais présidentiel, à laquelle les forces d’opposition de droite n’ont pas assisté.
Financé par l’Etat, ce plan vise à reconstituer la trajectoire des victimes après leur détention et leur disparition. La plupart des disparus étaient des ouvriers et des paysans âgés en moyenne d’une trentaine d’années.
« Aucun autre gouvernement n’a eu la volonté politique nécessaire pour faire en sorte que cette épreuve ne concerne pas seulement les proches, mais la société dans son ensemble et l’Etat qui a fait disparaître nos proches », a réagi Gaby Rivera, présidente de l’Association des proches des détenus et des disparus lors de la cérémonie.
Le 11 septembre 1973, Augusto Pinochet a organisé avec le soutien de la CIA un coup d’Etat militaire au Chili contre le président socialiste Salvador Allende, démocratiquement élu trois ans plus tôt, et a imposé jusqu’en 1990 une dictature militaire marquée par une répression sanglante.
Environ 40.000 personnes ont été torturées et 3.200 ont été assassinées ou sont toujours portées disparues.
Jusqu’à présent, le principal obstacle à la recherche des disparus a été le manque de coopération des forces armées. Les associations des familles les accusent de détenir toutes les informations mais de refuser de les donner au nom d’un « pacte de silence ».
A la fin des années 1990, les militaires ont fourni des informations sur quelque 200 détenus dont les corps auraient été jetés à la mer. Cependant, certains de ces corps ont été retrouvés dans des fosses communes.
Augusto Pinochet est mort en 2006 sans jamais avoir été condamné pour les crimes commis par son régime.
LNT avec Afp