Le dirigeant de Hong Kong John Lee à Hong Kong, le 30 mai 2023
Le dirigeant de Hong Kong John Lee a appelé mardi à se rendre ou « vivre dans la peur » huit militants pro-démocratie exilés et recherchés par la police, la Chine fustigeant de son côté la protection du Royaume-Uni à des « fugitifs ».
Les relations entre Hong Kong, territoire rétrocédé à la Chine en 1997, et l’ancienne puissance coloniale britannique sont tendues, depuis la promulgation en 2020 d’une loi sur la sécurité nationale dans le sillage de manifestations pro-démocratie.
Le texte est accusé par ses détracteurs d’avoir fait reculer à Hong Kong les libertés et poussé à l’exil des personnes liées aux manifestations qui avaient secoué parfois avec violence la métropole de juin à décembre 2019.
La police a promis un million de dollars hongkongais de récompense (117.000 euros) pour des informations qui permettraient l’arrestation de huit militants pro-démocratie.
Ils sont accusés de collusion avec des forces étrangères pour mettre en danger la sécurité nationale, des faits passibles de la prison à vie.
« Le seul moyen de mettre fin à leur destin de fugitifs, qui seront pourchassés toute leur vie, est de se rendre », a déclaré mardi le dirigeant de Hong Kong.
Dans le cas contraire, ils vivront « dans la peur », a-t-il assuré devant des journalistes.
M. Lee a aussi appelé la population à aider la police, ajoutant que même les « parents et amis » des militants pouvaient fournir des informations.
Cette mesure a été dénoncée par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, des pays où résident certains des militants recherchés.
– « Réduire au silence » –
« Je n’ai pas peur des pressions politiques qui s’exercent sur nous, parce que nous faisons ce que nous pensons être juste », a insisté le dirigeant de Hong Kong.
Parmi les personnes visées se trouvent Nathan Law, l’une des figures du mouvement pro-démocratie, qui a fui Hong Kong pour le Royaume-Uni où il a obtenu l’asile politique.
« Nous ne tolérerons pas les tentatives de la Chine d’intimider et réduire au silence des individus au Royaume-Uni et à l’étranger », a déclaré lundi dans un communiqué le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly.
« Le Royaume-Uni défendra toujours le droit universel à la liberté d’expression et se dressera pour ceux qui sont visés », a ajouté le ministre.
La Chine a fustigé mardi ces propos.
« Des hommes politiques britanniques offrent ouvertement leur protection à des fugitifs », a condamné un porte-parole de l’ambassade de Chine au Royaume-Uni, condamnant « une ingérence » de Londres dans les affaires intérieures chinoises.
Les Etats-Unis se sont également élevés contre le système de récompense promis par les autorités hongkongaises.
« L’application extra-territoriale de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin pose un précédent dangereux qui menace les droits humains et les libertés fondamentales des citoyens à travers le monde », a mis en garde lundi dans un communiqué le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller.
– « Ridicule » –
Depuis l’imposition par Pékin de la loi sur la sécurité nationale, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont suspendu leur accord d’extradition avec Hong Kong.
Figure éminente du mouvement pro-démocratie, Nathan Law a appelé les Hongkongais à ne pas coopérer avec la police. « Je ne suis qu’un Hongkongais qui s’exprime au nom des Hongkongais », a-t-il souligné sur Twitter.
Un autre accusé, Ted Hui Chi-fung, ancien avocat à Hong Kong désormais en exil en Australie, a qualifié de « ridicule » ce système de récompenses.
Cette promesse de récompense par les autorités hongkongaises survient après le 26e anniversaire de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine, le 1er juillet 1997.
Depuis l’imposition par le pouvoir central à Pékin d’une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, 260 personnes ont été arrêtées et plus de 160 autres ainsi que cinq entreprises ont été inculpées.
Cette législation remet en question l’indépendance judiciaire dont l’ex-colonie britannique était censée bénéficier durant 50 ans en vertu du principe « un pays deux systèmes », qui confère un certain degré d’autonomie à Hong Kong.
LNT avec Afp