En marge de la 21 ème édition du FICAM, qui s’est tenue du 3 au 8 mars à Meknès, La Nouvelle Tribune a eu l’opportunité d’interviewer une artiste marocaine passionnée d’animation et de réalisation de films. Elle a partagé avec nous son parcours et son amour pour les arts, qui l’a conduite à explorer le monde de l’animation. Il s’agit de Sofia El Khyari, l’une des révélations du FICAM.
La Nouvelle Tribune : Qu’est-ce qui vous a attiré dans l’animation et comment avez-vous commencé à vous y intéresser ?
Sofia El Khyari : Je dessine depuis très longtemps et je suis intéressée par tous les arts. L’animation est pour moi le moyen de tous les mélanger : la peinture, la musique, l’écriture, etc.
Comment décririez-vous votre style d’animation et quelles sont vos principales influences artistiques ?
Je m’inspire de plusieurs formes d’art : cinéma, arts plastiques, littérature J’adapte en général mon style par rapport à l’histoire, c’est ce que j’ai fait pour mes 4 films. Par exemple, pour mon court métrage « Ayam » (avec la voix de feue Amina Rachid, ndlr), qui raconte une partie de l’histoire de ma grand-mère allah I rhemha, j’ai utilisé du papier découpé et des couleurs sépia et dorées. Ça permet de donner l’impression qu’on se plonge dans un vieux livre de contes avec enluminures. Pour mon dernier court métrage, « L’ombre des papillons », j’utilise de l’aquarelle et de l’encre que je dilue beaucoup pour donner une impression de flou, comme si ça venait de notre mémoire.
Pouvez-vous nous parler de votre dernier court-métrage, « L’ombre des papillons », et de l’inspiration derrière ce projet ?
Il s’agit d’un film qui parle de nostalgie douce-amère à travers la métaphore d’un papillon qu’on n’arrive jamais à attraper. Le papillon symbolise le souvenir rêvé dans le sens où il est attirant de par ses couleurs, mais éphémère et hors de portée. C’est un film qui a une portée internationale de par la nature de son symbole universel, et ce même si le dialogue chanté est en darija. Il a ainsi voyagé dans de prestigieux festivals tels que Locarno, Toronto TIFF, et a remporté une mention spéciale au festival de courts de Tanger.
Quels ont été les défis que vous avez rencontrés en tant que réalisatrice et comment les avez-vous surmontés ?
Les défis sont nombreux dans une profession qui demande beaucoup de temps et de travail. Sur ce dernier film, le challenge a été de le financer, car c’est un film très artistique et peu narratif. On a finalement réussi avec mes producteurs à obtenir des fonds en France, au Portugal, au Qatar et au Liban.
Quels sont vos projets futurs en termes d’animation et de réalisation ?
J’ai plusieurs idées mais que je ne souhaite pas révéler trop tôt car elles sont encore à un stade embryonnaire.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes qui souhaitent se lancer dans l’animation ou la réalisation de films ?
C’est un métier dur mais passionnant. Je leur conseille de se renseigner, d’essayer de voir le plus de courts métrages possibles (car c’est là qu’on peut vraiment puiser de l’inspiration), d’être curieux, ambitieux, patient, mais surtout passionné et de toujours créer avec cœur et sincérité.
Comment voyez-vous l’évolution du cinéma d’animation au Maroc dans les années à venir ?
Je suis positive, il y a beaucoup de choses à construire mais c’est ça qui est stimulant ! Et il y a de plus en plus d’acteurs dans ce milieu, j’espère que nous construirons une communauté de passionnés solidaires.
Propos recueillis par Asmaa Loudni