L'ancien Premier ministre tunisien et haut dirigeant du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, Ali Larayedh le 26 septembre 2022 lors d'une conférence de presse
Un ancien Premier ministre tunisien et haut dirigeant du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, Ali Larayedh, a été arrêté dans le cadre d’une enquête sur l’envoi présumé de jihadistes en Syrie et en Irak, a indiqué mardi sa formation.
M. Larayedh, ex-ministre de l’Intérieur puis chef du gouvernement, entre 2011 et début 2014, a été entendu pendant plusieurs heures au pôle judiciaire antiterroriste avant d’être écroué, selon un communiqué du parti.
Après la révolution de 2011 qui a fait chuter la dictature de Ben Ali, la Tunisie a vu un grand nombre de jihadistes — entre 5 et 6.000 selon des organisations internationales — partir sur des terrains de conflit au Moyen-Orient et en Libye, pays voisin de la Tunisie.
L’enquête sur les responsabilités d’anciens dirigeants tunisiens dans le transfert de ces jeunes jihadistes a été ouverte après le coup de force du président Kais Saied, qui s’est emparé le 25 juillet 2021 de tous les pouvoirs.
Il avait alors suspendu puis dissous le Parlement dominé par Ennahdha, sa bête noire.
Des partis de gauche ont accusé Ennahdha et ses plus hauts dirigeants comme M. Larayedh, vice-président du parti, d’avoir facilité le départ des jihadistes, ce que le mouvement, dont le chef Rached Ghannouchi qui fait aussi l’objet de poursuites, dément catégoriquement.
Dans son communiqué, le parti a dénoncé « le ciblage systématique des dirigeants d’Ennahdha » et une « tentative désespérée de l’autorité putschiste et de son président Kais Saied de couvrir la farce des élections législatives boycottées par 90% des électeurs ».
Le premier tour des législatives pour un nouveau Parlement samedi a été marqué par une participation historiquement faible de 11% des inscrits. Cette abstention record est considérée comme un camouflet pour le président Saied.
Lors d’une conférence de presse à Tunis, Ahmed Nejib Chebbi, président du Front de salut national, principal bloc d’opposants à M. Saied et dont fait partie Ennahdha, a dénoncé une instrumentalisation de la justice « pour détourner l’attention des résultats d’un scrutin ignoré par l’opinion publique ».
Le vote représente la dernière étape de l’édification par M. Saied d’un système ultra-présidentialiste où le Parlement sera privé de réels pouvoirs, aux termes d’une nouvelle Constitution adoptée cet été lors d’un référendum marqué également par une très forte abstention.
Appelé à démissionner par l’opposition, M. Saied a minimisé la faible participation, estimant que le véritable taux se mesure « sur les deux tours ». Le deuxième tour est prévu début février avec un résultat définitif du scrutin le 3 mars.
LNT avec Afp