Il faudra décidément apprendre à vivre avec pendant de longs mois, le renchérissement des prix est une réalité désormais palpable au quotidien pour des millions de Marocains.
La flambée des prix des carburants, en premier lieu, attise les tensions, d’abord avec les professionnels du transport. Alors même qu’un accord a été trouvé il y a déjà quelques semaines pour le déblocage d’une enveloppe d’aide conséquente de l’État aux transporteurs, ceux-ci appellent déjà à manifester. La cause est évidente, les négociations ont porté sur des tarifs plus bas qu’ils ne le sont aujourd’hui et l’inflation continuant à galoper à la hausse, les aides ne suffisent plus à éponger les pertes des professionnels. On ne peut que relever l’absence de vision des négociateurs de part et d’autre dans la mesure où les termes de l’accord auraient pu inclure les paramètres d’une hausse continue des prix.
Une des solutions envisagées pour réduire l’impact de la facture du carburant pour les professionnels et les ménages est la réduction de la fameuse TIC perçue par l’État. Cette proposition n’est pas une réelle solution dans la mesure où elle priverait l’État de moyens dont il a cruellement besoin pour justement continuer à juguler les hausses de prix multi-sectorielles.
L’autre mesure, qu’appelle de ses vœux l’opposition au gouvernement, est l’incitation des sociétés de distribution des hydrocarbures à réduire leur marge et donc leurs bénéfices, qualifiés par leurs détracteurs d’exorbitants. Néanmoins, s’il est bien connu que le malheur des uns fait le bonheur des autres, la réalité est économique et il apparait quelque peu démagogue et idéaliste d’attendre de ces entreprises de ne pas respecter les règles du marché, surtout lorsqu’elles sont en leur faveur. En réalité, les notions de solidarité et d’entreprise responsable, soucieuse également de l’image qu’elle véhicule auprès de ses clients, à la recherche d’une certaine forme de Goodwill, pourraient être des leviers qui amèneraient ces entreprises oligopolistiques à revoir à la baisse leurs prix.
Face à la pression inflationniste qui s’accumule dans d’autres secteurs, en particulier celui de l’agriculture où la sécheresse et les carences hydriques font ressentir encore plus la hausse des prix à l’international au niveau local, l’État marocain ne pourra pas éteindre tous les feux. Tout commence finalement à couter plus cher parce que la spéculation et la couverture des risques ancrent encore plus l’inflation dans notre quotidien. Le salut viendra de l’extérieur comme l’inflation d’ailleurs. Seule la fin de la guerre en Ukraine et une reprise économique mondiale, sans perturbation simiesque, peuvent faire reculer l’inflation durablement. L’État ne pourra malheureusement pas à lui seul juguler une inflation galopante et importée, il faut espérer qu’il puisse continuer à aider les plus défavorisés.
Zouhair Yata