Au premier trimestre 2022, la croissance économique nationale a atteint un maigre taux de 1,2% selon le dernier rapport du HCP, sous l’effet cumulé d’un début d’année encore fortement marqué par la pandémie et le variant Omicron ainsi que du renchérissement des prix des matières premières à l’international dû à la guerre russe en Ukraine, s’y ajoutant gaiement la sécheresse historique que connait le pays.
Toutes ces circonstances ont coûté cher aux Marocains et contribuent à créer une pression politique et sociale sur le Gouvernement et les pouvoirs publics en général, critiqués pour ce qui parait être pour beaucoup de l’inaction. La réalité est plus nuancée et l’action gouvernementale commence peu à peu à produire des effets positifs ou du moins une atténuation des problèmes économiques actuels.
D’abord, la Trésorerie Générale du Royaume indique qu’à fin mars, les émissions au titre des dépenses de la compensation ont atteint 10 milliards de DH, soit un boom de 164,9% en glissement annuel. Preuve s’il en est que des efforts conséquents sont consentis pour soulager et alléger le pouvoir d’achat des Marocains et l’impact des crises exogènes sur notre économie.
Du côté de l’agriculture, cœur battant de notre économie encore fortement dépendante de ce secteur primaire, les effets de la sécheresse ont également été adressés frontalement, notamment du fait de la perte de plus de 50% des cultures céréalières. Ce sont donc plus de 360 millions de dirhams d’aide qui ont été débloqués par l’État au profit de quelque 71 000 agriculteurs, et le ministre Mohammed Sadiki a confirmé la garantie d’un million d’hectares de céréales pour cette saison grâce à ce dispositif de soutien.
Toujours dans le domaine agricole, le vote par la Chambre des Représentants de la loi instaurant le registre national agricole est une excellente nouvelle pour la gouvernance, la transparence et la productivité de ce secteur mais aussi pour l’efficience de l’action gouvernementale. Le registre national agricole permettra, entre autres, d’attribuer aux exploitations agricoles, quelle que soit leur statut juridique, un unique identifiant digital, permettant de fournir une base de données de ces exploitations et des propriétaires des domaines agricoles exhaustive aux autorités.
En aidant le secteur agricole, comme pour le secteur touristique dont les fonds commencent à être débloqués, le gouvernement joue son rôle de soutien à court terme avec les moyens disponibles et tente de sauver les saisons agricole et touristique. Cette dernière devrait d’ailleurs battre tous les records, si de mauvaises nouvelles n’arrivent pas de Shanghai ou de Chine en général d’ici là, notamment du fait de la reprise des relations avec l’Espagne, qui vont favoriser le retour des MREs cet été.
A plus long terme, certaines nouvelles témoignent également d’une prise de conscience des conséquences de la crise économique mondiale qu’a engendré la Covid et que la guerre en Ukraine a accentué. Le ministère de l’industrie et du commerce planche sur une politique ambitieuse de substitution des importations par les investissements et le ministre Riyad Mezzour annonce 900 projets identifiés avec un potentiel de 80 000 emplois directs et 120 000 indirects créés.
En définitive, bien que sous le joug de contraintes et de causes exogènes, l’économie marocaine fait preuve d’une certaine résilience malgré une marge de manœuvre d’action limitée par les moyens de l’État. N’en demeure que la pression sur le pouvoir d’achat des ménages reste inquiétante et constitue une menace pour la stabilité sociale du pays. À Dieu ne plaise !
Zouhair Yata