Pour se mettre au diapason des mutations, notamment technologiques que connait le monde du travail, il est nécessaire d’investir dans le capital humain « avec un profond sentiment d’urgence », relève le Groupe de la Banque mondiale dans son rapport sur « le développement dans le monde 2019 » présenté vendredi à Rabat. « Les pays en développement (…) vont devoir investir dans leur population avec un profond sentiment d’urgence particulièrement dans la santé et l’éducation qui sont les pierres angulaires du capital humain, afin de cueillir les fruits de l’évolution technologique et minimiser les perturbations les plus graves que celle-ci pourrait engendrer », lit-on dans ce rapport. Investir dans le capital humain, renforcer la protection sociale et améliorer le financement public, sont les trois principales recommandations du rapport, a souligné, Mme Federica Saliola, économiste principale, qui présentait ce document lors d’un séminaire de dissémination.
Ce rapport portant sur « la transformation de la nature du travail » insiste sur la primauté du capital humain et sur l’investissement dans ce dernier, notamment dans l’éducation préscolaire, afin de développer des compétences cognitives, socio-comportementales et fondamentales ainsi que pour réaliser « l’équité » dans le monde, a relevé Mme Saliola, qui est également codirectrice du rapport.
Elle a également indiqué que le rapport met l’accent sur le renforcement de la protection sociale « pour qu’elle soit universelle ». Pour ce faire certains pays émergents devraient mettre en place un minimum social garanti, renforcé et complété par une réforme de la réglementation du marché du travail. Elle a également mis en lumière le rôle du financement public comme troisième recommandation fondamentale pour le développement du capital humain et de la protection sociale.
Pour sa part, M. Abdelghani Lakhdar, Directeur général de Millenium Challenge Account-Morocco, a mis en avant le rôle vital de l’investissement dans le capital humain dans l’aboutissement de toutes les réformes et dans l’amélioration du bien-être de la population, soulignant l’importance de la protection sociale et la réglementation du marché du travail comme étant deux questions fondamentales qui interpellent « les pouvoirs publics ».
« Il faut que les pouvoirs publics réfléchissent sur le contenu de la législation du travail et sur l’adaptation à la nature des changements qui sont observés, et de découpler la protection sociale du travail », a-t-il estimé.
Pour sa part, Mme Marie Françoise Marie-Nelly, directrice des opérations au département Maghreb et Malte au sein de l’institution de Bretton Woods, a indiqué dans une déclaration à la MAP que ce séminaire vise essentiellement à montrer « comment les ruptures technologiques et l’économie numérique vont forger la société et le travail dans les prochaines années et comment vont-elle requérir un changement dans la formation des jeunes pour qu’ils s’adaptent à ce contexte ».
« On a une population très jeune dans la région MENA, 45% de la population (-25 ans), et 60% (-30 ans) » a-t-elle précisé, notant que « si on se projette à l’horizon 2050, on se retrouve avec 250 millions de jeunes », ceci nécessite donc de se concentrer sur la formation, les compétences en matière d’entrepreneuriat et d’analyse critique pour se positionner ».
Cette rencontre, à laquelle ont pris part des représentants des mondes associatif, académique, médiatique ainsi que du secteur privé, a été également marquée par la présentation d’un deuxième rapport de la Banque mondiale sur l’éducation dans la région MENA intitulé « attentes et aspirations: un nouveau cadre pour l’éducation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ».
LNT avec MAP