« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? », écrivait Charles Perrault en 1697, dans les célèbres « contes de ma mère L’Oye » …
Une interrogation qui a traversé les siècles et qui aujourd’hui mériterait pleinement une version locale, tant les attentes sont fortes d’un changement qui tarde à venir.
En cet été 2018, en effet, l’opinion publique est en stand-by, interpellée depuis des mois et des mois par une série d’événements, de faits, de coups de théâtre, mais dont aucun n’a eu pour conséquence un redressement, des corrections, des réactions qui, pourtant, devraient être pris de toute urgence…
Tous et toutes parlent de morosité, de démobilisation, de pessimisme, d’attentisme, de défiance, alors que les réseaux sociaux s’en donnent à cœur joie dans la prolifération des fake news, les appels au rigorisme le plus rétrograde, les mises à mort virtuelles ou les campagnes de dénigrement.
Et les motifs d’inquiétude ou (et) de mécontentement se sont accumulés, alors que les responsables publics, essentiellement le gouvernement de M. El Othmani, a maintes fois donné l’impression d’être dépassé, sinon impuissant ou, à tout le moins, très lent en termes de réactivité !
De l’affaire Bouachrine au verdict des principaux animateurs du Hirak, du boycott de marques commerciales à la baisse des investissements étrangers, (alors que les crédits bancaires stagnent et les résultats des banques explosent (!), de la fonte des réserves de change à la grève du zèle des pilotes de RAM, du lamentable spectacle donné par la Presse à travers l’élection de son Conseil national aux campagnes ad hominem sur Internet, les sujets de commentaires acerbes ou désabusés n’ont point manqué au cours des dernières semaines.
Et pourtant, rien ne se passe et tout est fait pour donner une impression de normalité, comme si l’aphorisme de Pangloss, « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles », servait de ligne directrice à nos responsables, faisant ainsi de tous les Marocains, des Candide en quête de certitudes !
Peu leur importe que la conjoncture soit mauvaise, avec des prévisions de croissance trop insuffisantes pour créer de l’emploi, ou encore que de gros dossiers soient toujours en standby, tels le contrat-programme entre l’État et la compagnie aérienne Royal Air Maroc, le drame des retards de paiements qui cloue au sol des milliers d’entreprises, (PME et TPME essentiellement) ou les avatars d’une réforme de l’enseignement qui plonge les parents d’élèves dans le désarroi, faisant d’eux des poules aux œufs d’or pour l’enseignement privé.
Peu leur chaut que 500 000 Marocains, avides de passer des vacances « normales », choisissent de traverser le Détroit plutôt que de remplir nos stations estivales où le port du maillot est quasiment devenu une exception pour les Marocaines !
Qui pourrait contester aujourd’hui que l’incivisme a atteint des sommets, que la corruption sévit un peu partout, que les injustices et les passe-droits foisonnent ?
Alors, jusqu’où ira-t-on avant d’assister à une « intervention » que tous appellent de leurs vœux ?
Quand ce fameux déclic tant attendu se produira-t-il ?
Pour les uns, la célébration de la fête du Trône et le discours royal qui traditionnellement l’accompagne en seront l’occasion.
Pour d’autres, plus circonspects, l’été n’est pas propice aux « coups de barre » énergiques et bien sentis.
Les estimations et les pronostics divergent mais le diagnostic, lui, est unanime.
Alors, le plus tôt sera le mieux, inch’Allah…
Fahd YATA