L'opposant vénézuélien Antonio Ledezma lors d'un rassemblement devant l'ambassade du Venezuela à Lima, le 27 janvier 2018 au Pérou © AFP/Archives CRIS BOURONCLE
Un dirigeant de l’opposition vénézuélienne a appelé mardi la communauté internationale à user de son droit d' »ingérence » au Venezuela pour aider la population qui « vit un martyre », affirmant que le temps de la « diplomatie contemplative » était révolu.
Le Venezuela a connu l’an dernier des manifestations sanglantes pour réclamer le départ du président Nicolas Maduro, accusé d’avoir plongé le pays dans une grave crise sociale et économique.
« Au Venezuela, les trafiquants de drogue sont déjà au pouvoir, donc une intervention humanitaire est justifiée dans le cadre du Plan Venezuela que je propose à la communauté internationale », a déclaré Antonio Ledezma dans un entretien avec l’AFP, réalisé en marge de la conférence Genevasummit à Genève, réunissant des activistes, opposants et défenseurs des droits de l’homme.
Il faut « un plan de sauvetage des Vénézuéliens qui vivent un martyre », a réclamé l’ancien maire de Caracas, réfugié depuis novembre dernier en Espagne, après avoir fui le Venezuela via la Colombie.
M. Ledezma avait été arrêté et incarcéré en février 2015 pour complot contre Nicolas Maduro et association de malfaiteurs. En avril 2017, il avait été placé en résidence surveillée pour raisons de santé.
« Lorsqu’un régime applique des mesures répressives à grande échelle et de façon systématique, le principe d’ingérence humanitaire doit prévaloir sur le principe d’autodétermination des peuples », a-t-il affirmé, en se référant au droit international.
« Le Venezuela a besoin que la communauté internationale cesse sa diplomatie contemplative et mette en place une diplomatie efficace afin de libérer les Vénézuéliens », a-t-il dit, jugeant que l’ONU ne devait pas être un « forum où sont menées des discussions rhétoriques pendant que des gens meurent de faim (ou) sont tués par un régime qui persécute les dissidents ».
« Nous demandons une réponse de la communauté internationale, de l’ONU, de l’OEA (Organisation des Etats américains), de l’Union européenne entre autres », a-t-il poursuivi.
– ‘Gouvernement transitoire’ –
Lors de manifestations anti-Maduro en 2017, 125 personnes ont été tuées.
Le pays souffre de graves pénuries de nombreux produits de première nécessité, aliments et produits pharmaceutiques, et d’une hyperinflation qui devrait atteindre 13.000% en 2018 selon le Fonds monétaire international (FMI).
« La crise s’est tellement aggravée qu’il ne suffit pas d’envoyer de l’aide alimentaire, des médicaments, car cela ne serait qu’un simple palliatif », a estimé M. Ledezma, qui appartient à l’aile la plus radicale de l’opposition.
« Nous proposons de sortir de cette dictature, qu’un gouvernement de transition soit établi au Venezuela afin d’organiser au plus vite des élections transparentes pour normaliser la situation », a-t-il détaillé.
Cet appel intervient alors que l’opposition vénézuélienne doit annoncer sa décision de boycotter l’élection présidentielle anticipée du 22 avril, à laquelle Nicolas Maduro est candidat pour un nouveau mandat.
D’après l’ancien maire de Caracas, l’opposition « ne va pas participer » au scrutin « car ce serait un suicide ».
« Ce ne sont pas des élections, c’est un piège », a-t-il dit, soulignant notamment l’absence d’observateurs internationaux.
Une partie de la communauté internationale, notamment l’Union européenne et la Colombie, a prévenu qu’elle ne reconnaîtrait pas les résultats de cette élection, que Washington juge « ni libre, ni juste ».
Nicolas Maduro, élu en 2013, fait face à un taux d’impopularité de 75%, en raison de l’effondrement économique du Venezuela, un pays pétrolier frappé par la chute des cours.
Mais en avançant la date de l’élection présidentielle, il a réussi à déstabiliser l’opposition, déjà affaiblie et divisée, et, selon les analystes, il pourrait facilement décrocher un second mandat et rester au pouvoir jusqu’en 2025.
LNT avec Afp