Parents, ne soyez pas étonnés si vos ados, scotchés à YouTube à l’approche du bac, vous disent : « t’inquiète, je révise »; La plateforme regorge de vidéos instructives, tantôt classiques réalisées par des profs, tantôt décalées et oeuvre de passionnés.
« Quand je révise sur internet, c’est pour un peu me détendre, en me disant que je révise quand même », indique Martin, en terminale S à Paris, qui visionne parfois des vidéos de physique.
« C’est un complément au cours, plus intéressant et accessible, ça permet de mieux réviser », selon Souhayla, en 1ère ES à Creil (Oise), qui prépare les épreuves de français et sciences.
Elle regarde notamment des vidéos d’enseignants sur la chaîne YouTube des Bons profs ou sur mediaclasse.fr, site qui lui a permis de décrocher une bonne note au bac blanc de français. Elle suit aussi des YouTubeurs, plus familiers, comme Osons causer ou Hugo Décrypte, tout en sachant que pour le bac, elle devra « adapter son vocabulaire ».
Les Bons profs « est l’un des moyens les plus utilisés pour réviser en dernière minute », confirme Coline Mayaudon, du SGL, premier syndicat lycéen.
Les jeunes « regardent beaucoup les vidéos sur le bac sur YouTube, c’est une génération avec d’autres outils », constate Valérie Marty, à la fédération de parents Peep. « C’est utile car ça permet de dédramatiser pour certains élèves extrêmement angoissés ».
YouTube fait partie des réseaux « incontournables » pour toucher les lycéens et beaucoup d’ados l’utilisent « directement comme moteur de recherche », précise Julien Tartaglia, directeur des Bons profs. Sa chaîne propose de courtes vidéos gratuites avec publicité, balayant le programme des séries générales. Les services sont payants: réponses aux questions, programme de révisions… Entre mi-avril et mi-mai, la chaîne a totalisé 3,3 millions de vues (2,2 millions à la même période en 2016).
Mais « il ne suffit pas de regarder des vidéos pour passer le bac », prévient-il. « Il faut d’abord aller en classe, écouter, c’est déjà 50% du boulot, et refaire les exercices », le travail traditionnel reste « incontournable », selon lui.
– Pokemon pour expliquer Hegel –
La plateforme héberge « des chaînes de vulgarisateurs qui sont excellentes, en histoire, philo, maths…. », selon Stéphanie de Vanssay, spécialiste du numérique au syndicat d’enseignants SE-Unsa. « Le ton est enlevé, synthétique, c’est drôle ou mis en scène d’une façon qui accroche ». Elle juge bon à prendre « tout ce qui peut aider un élève à se motiver ».
Des chaînes comme Le coup de phil’ (philosophie), e-penser (sciences), Micmaths (mathématiques), Nota Bene (histoire) ou Dirty Biology, pas spécifiquement axées bac mais dont le contenu coïncide parfois, attirent des centaines de milliers d’abonnés, dont des lycéens.
Parlant comme il le ferait « à un pote », Cyrus North (Le coup de phil’) n’hésite pas à invoquer les Pokemon pour expliquer la dialectique du maître et de l’esclave chez Hegel ou Harry Potter pour le libre-arbitre chez Sartre.
Une fois à l’examen, « mieux vaut être le plus classique possible au niveau des références », précise-t-il toutefois à l’AFP. Le jeune homme réalise aussi des vidéos pour France Télévisions Education, « Quelle histoire Cyrus ».
Le Coup de phil’, « c’est assez ludique, et il y a aussi des informations intéressantes et une analyse qui peut être différente du professeur », salue Martin.
Sunny, en terminale à Paris, apprécie elle chez Dirty Biology (biologie, sciences de l’information etc.) « un langage qui nous parle plus, des vidéos plus dynamiques », rigolotes et des aspects pas abordés en classe.
La recherche montre toutefois qu’on apprend mieux avec le texte que la vidéo, sauf les gestes techniques, selon André Tricot, auteur d' »Apprendre avec le numérique » et directeur du laboratoire Travail et cognition à Toulouse. Mais pour « un cours qu’on a raté ou qu’on n’a pas compris, un point de vue différent peut être intéressant » si le contenu est fiable.
LNT avec AFP