A Tadsekht, une localité se trouvant à l’est de la ville de Laâyoune, des jeunes chômeurs de la région ont récemment dressé des tentes pendant toute une journée en guise de contestation contre ce qu’ils qualifient de ‘‘ négligence et ignorance’’ de leur droit au travail.
Venus dans cette localité pour tirer la sonnette sur l’urgence d’agir en faveur de leur dossier revendicatif, ces jeunes demandeurs d’emploi, sous la houlette de la ‘‘coordination des chômeurs sahraouis’’, revendiquent leur insertion dans les infrastructures de l’OCP à Phosboucraâ, ainsi que dans les différentes administrations publiques des Provinces du Sud.
Avec des diplômes ou non, ils ne veulent qu’une chose, accéder à l’emploi et contestent le rythme des réalisations des chantiers d’investissements et des promesses données par l’Etat pour la croissance économique de la région.
On comprendra bien que ce « camp » dont l’installation n’a pas dépassé la journée, se voulait un avertissement adressé aux autorités avant que d’autres actions, plus déterminantes ne soient tentées, ce qui pourrait préfigurer pour certains la réédition de Gdim Izik avec tout ce que cette triste affaire avait véhiculé comme instrumentalisation par les séparatistes et leur cinquième colonne à Laâyoune.
En attendant, il est quand même important de constater que la question de l’emploi dans les Provinces du Sud reste d’une extrême importance à plus d’un titre. Pour certains, le chômage est un fléau, voire une bombe à retardement d’où l’extrême urgence de prendre les choses au sérieux et de se mettre au travail.
L’emploi, certes, est une problématique socio-économique, mais il est aussi susceptible d’instrumentalisation et de manipulation, surtout dans une région où la moindre des erreurs de stratégies étatiques coute politiquement cher au Maroc.
A rappeler que le programme de développement adopté en 2015 n’a pas réalisé les objectifs escomptés et qu’il n’a pas été à la hauteur des attentes des jeunes habitants de provinces du sud alors que la pêche maritime, Phosboucraâ, les projets d’énergies renouvelables, les NTIC…sont autant de secteurs qui font rêver les jeunes demandeurs d’emplois du Sahara marocain.
Pourtant, le bilan de l’action publique dans le champ de la formation et de l’insertion n’est pas mince. Ainsi, selon quelques données chiffrées de la Fondation Phosboucraâ, impliquée indirectement dans cette dynamique, Laâyoune Learning Center assure la formation et l’accompagnement de 60 associations.
Dans le même cadre, 19 projets sont financés et en cours d’exécution dont 25 jeunes entrepreneurs sont bénéficiaires. 517 jeunes ont bénéficié du parcours Émergence des compétences pour l’orientation et la formation. Au menu aussi, le Projet Pilote d’Appui à la réussite scolaire, soit 4,99 millions de Dhs investis, 20 écoles bénéficiaires et 80 enseignants formés. Et par rapport au Programme de certification Microsoft des stagiaires de l’OFPPT, 5 000 jeunes sont en cours de certification, 3 000 jeunes et 150 projets à soutenir d’ici 2018 dans le cadre du Programme IBDA, 2 010 élèves bénéficiaires pour l’année scolaire 2015-2016 dans le cadre du Programme ‘‘Education à l’entrepreneuriat’’, et 12 projets sélectionnés dans le cadre des ‘‘Start-up weekend à Laâyoune’’.
L’environnement n’est pas en reste. L’un des projets les plus structurants de la région a été mené dans ce cadre : le technopole de Foum El Oued. Sur 126 hectares le long de la façade atlantique, cette plateforme abrite une éco-cité du savoir et de l’innovation. Les formations sont articulées autour des enjeux climatiques. L’investissement total s’élève à 2 MMDH. Sur les lieux aussi, l’Université Polytechnique Mohammed VI Laâyoune, un Lycée d’Excellence et un Centre de Compétences Industrielles, un espace de 50 hectares dédiés à la lagune et aux fermes expérimentales. Le sport, l’agriculture rentable, la musique, l’art, le théâtre, la photographie, les techniques du digital… sont autant de domaines qui gagnent du terrain.
Malheureusement, face à cette volonté d’aller de l’avant, la région reste tiraillée entre une nouvelle génération en quête d’un avenir meilleur, et une autre habituée aux avantages et à l’assistanat, préférant plutôt le statu quo. Tels sont les défis de l’heure qu’il convient absolument de relever
Hassan Zaatit