
La nouvelle année est là, avec son lot d’incertitudes et d’inconnues pour ce qu’elle nous réserve, mais d’ores et déjà avec un sentiment d’urgence et une ambiance pesante.
Pourtant, après plusieurs « rentrées » successives, celle des parents au travail en septembre dernier, suivie de la rentrée scolaire un mois plus tard et de la rentrée politique avec les élections et le nouveau gouvernement, le pays a l’impression d’être dans les starting-blocks depuis plusieurs mois. Même le tourisme avait entamé sa rentrée grâce à une situation sanitaire stable et des cas de Covid faibles, avant l’arrivée du fameux Omicron.
Le retour des restrictions sanitaires et avec elles l’inquiétude qu’elles accentuent, la fermeture des frontières qui nous donne l’impression d’être revenus aux premières heures de la pandémie mondiale, les laboratoires de nouveau pris d’assaut par les longues files de personnes venant se faire tester, force est de constater que cette nouvelle rentrée risque de décevoir plus d’une prévision. Ajoutez à cela les différents scandales qui entachent l’enseignement supérieur et vous obtiendrez un cocktail moribond pour le moral de tous.
Dans ce contexte, l’optimisme des prévisions de croissance pour l’année 2021 au-dessus de 6,5% émises par les instances économiques internationales ou nationales telles que le FMI ou Bank Al Maghrib, invite à la prudence. D’ailleurs, le HCP qui habituellement publie les chiffres exacts des taux de croissance de la comptabilité nationale, se limite à fournir des estimations pour le premier trimestre 2022 avec un taux de croissance prévisionnel de 2,8%.
Un taux de croissance de plus de 6% en 2021 serait bénéfique à plus d’un titre pour le déficit budgétaire, les comptes courants, la dette publique… Mais, le dernier trimestre de l’année 2021 a été moins positif en termes de croissance mondial, avec un ralentissement certain qui est dû à des contraintes devenues presque structurelles à cause de la pandémie. Les pénuries d’intrants et les tensions sur la logistique mondiale pénalisent durablement la production industrielle et notamment les importations marocaines qui sont payées mais ne sont pas livrées. De même, les prix mondiaux sont à la hausse pour les matières premières, facture énergétique en tête, ou les biens de consommation tels que les produits pharmaceutiques ou l’automobile. Enfin, l’inflation, conséquence directe de toutes ses tensions économiques au niveau mondial, a atteint 2,8% au quatrième trimestre 2021 au Maroc, son plus haut niveau depuis treize ans, induisant une pression sur les ménages qui commencent à subir la hausse des prix à la consommation.
La tâche du nouveau Gouvernement, qui après avoir pris quelques mois pour prendre ses marques et affuter ses armes en vue de déployer un programme ambitieux pour de nombreux secteurs vitaux de l’économie nationale, risque d’être plus ardue que prévue. Le soutien aux secteurs ravagés par l’impact de la pandémie, de l’aérien au tourisme en passant par la restauration ou l’artisanat, va certainement se prolonger pendant de longs mois avant que ceux-ci ne reprennent leur niveau d’activité d’avant crise.
La situation sanitaire mondiale et nationale est toujours très incertaine. Et si de nombreux analystes annoncent, Urbi et Orbi que le variant Omicron, plus contagieux mais semble-t-il moins létal que les précédents, pourrait siffler la fin de la récréation, aidé par une immunité collective grandissante et la vaccination de la population, les Nostradamus des temps modernes n’ont aucune garantie à apporter sur la sortie de crise.
Il faudra donc continuer de s’armer de patience à titre personnel et de résilience à titre collectif. En attendant la future vraie rentrée, c’est vers celle du foot que tous les espoirs sont tournés. C’est le moral de tout un peuple que l’équipe nationale défendra encore une fois lors de la CAN à partir du 9 janvier. Encore une pression de plus pour un groupe qui n’en manque pas. Bonne année !
Zouhair Yata