M. Chakib Benmoussa, Président de la CSMD.
Ce spécial qui porte sur l’urgence d’une politique sociale, s’inspire du fait que cette dernière a été lancée par la réorientation de la Loi de finances 2020, avec des budgets importants et significatifs dédiés à la santé et à l’éducation, pour parer aux deux plus grandes urgences identifiées depuis toujours de notre société. La pandémie de la Covid 19, est venue confirmer la nécessité d’une politique sociale et l’importance d’un secteur de la santé de haut niveau. Certes l’Etat a été très réactif face aux ravage de la pandémie dans notre pays en mettant des moyens financiers exceptionnels mobilisés rapidement et avec diligence à travers la création d’un fonds «Spécial Covid» qui a réuni 35 milliards de dirhams pour protéger les citoyens. La nouvelle politique sociale mise en place par la loi de finance 2020 a été accélérée avec la lutte contre le coronavirus.
Et la Commission Spéciale pour un Nouveau Modèle de Développement a pris le relai de ce constat en se consacrant particulièrement à la santé. Dans ses recommandations présentées à à SM le Roi, les problèmes de ce secteur et ses répercussions sociales occupent une bonne place.
Mme Rajae Aghzadi, Médecin chirurgienne, membre de cette Commission, a tout particulièrement travaillé sur un sujet qui relève de sa prédilection et dans un domaine qui ne lui est pas étranger. Elle a accepté de nous en parler en évoquant la place de la santé dans la nouvelle politique sociale du Maroc.
C’est pourquoi, il est très important aujourd’hui de suivre comment les propositions du rapport de la CSMD au centre des problématiques de la santé vont être mises en œuvre.
Les 35 membres de cette commission inédite, présidée par Chakib Benmoussa, ont consacré une année à un travail d’exception jamais mené dans notre pays.
Leurs enquêtes ont été réalisées sur le terrain par des rencontres avec des citoyens, des politiques, des responsables de tout genre de la société civile.
Leurs recommandations rendues, se pose le problème de leur réalisation à travers un calendrier précis et immédiat qui s’étale dans le temps, à travers le pays entier à travers toutes les régions et avec des budgets bien définis .
Serait-ce le prochain gouvernement qui sera en place après les élections législatives de septembre, qui intègrera les recommandations de la CSMD ?
La commission a eu le mérite d’aborder et de réfléchir sur toutes les problématiques de tous les secteurs, de façon transversale pour faire des propositions innovantes et audacieuses. Mais l’application de ses recommandations s’avère complexe car la réalité des choses est très imbriquée et donc difficile !
Le nouveau modèle de développement est donc une feuille de route qui fixe un horizon que l’on donne au Maroc et sur lequel tout le monde ne peut que s’accorder.
Par contre, les recommandations de la commission spéciale ont démontré que les projets ne sont pas essentiellement associés à des budgets pour leur financement, l’humain prend une place essentielle dans leur examen et leur réalisation se base sur ses besoins.
Celui-ci est considéré comme la condition de la réussite ou de l’échec des grands projets.
C’est l’humain qui est au centre de leurs problématiques et solutions. Ainsi, les êtres humains, qui constituent une société, doivent être pris en considération.
Le nouveau modèle de développement a été élaboré sur cette même base de l’humain au centre de toutes les problématiques.
Son implémentation devrait s’attaquer au fossé flagrant entre les riches, une minorité, et le très grand nombre de pauvres qui caractérise notre société.
C’est pourquoi dans le modus opérandi pour réaliser le nouveau modèle de développement, il faut une certaine fluidité. Un changement de mentalité, ce qui suppose la participation de chacun aux évolutions sociétales.
Certains changements se font par l’apprentissage et commencent à l’école, au plus bas âge, comme l’apprentissage du civisme, du patriotisme le respect des devoirs, la conscience des droits, la discipline….
Mais, l’évolution des mentalités est inhérente à la qualité de la justice et la sécurité. Le citoyen doit se sentir encadré pour libérer son énergie, et face à
l’injustice et l’insécurité, il peut se sentir bridé.
L’évolution en faveur du changement du citoyen, dépend aussi de la clarté des lois dont les ambigüités peuvent créer des injustices. Il faut lutter contre les impunités pour donner l’exemple comme lutter contre la corruption.
Le but suggéré par les travaux de la commission est aussi de pouvoir prendre certaines décisions avec les citoyens en concertation avec les utilisateurs, les bénéficiaires des projets, pour s’assurer de l’efficacité des décisions dans le champ des dépenses publiques notamment. Prendre la décision avec le citoyen en mode participatif en fédérant le maximum la réalisation d’un projet pour garantir sa réussite.
La considération du citoyen passe aussi par la reconnaissance qui est à la base de l’encouragement. Notre pays est ouvert, la mondialisation lui impose de la compétitivité, laquelle n’est pas uniquement économique. Les considérations humaines comptent et sont très importantes.
Et le bonheur des citoyens doit désormais intégrer les critères de mesure du PIB !
Afifa Dassouli
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