Le président américain Donald Trump signe un plan d'aide à l'économie par décret au cours d'une conférence de presse dans son club de golf de Bedminster, dans le New Jersey, le 8 août 2020 © AFP JIM WATSON
Critiqué pour sa gestion de la pandémie de coronavirus, le président Donald Trump a dévoilé samedi un nouveau plan d’aide par décret en faveur des millions d’Américains menacés d’expulsion de leurs logements et frappés par le chômage à cause de l’épidémie, faute d’accord au Congrès.
« Ca suffit, nous allons sauver les emplois américains et venir en aide aux travailleurs américains », a déclaré le milliardaire lors d’une conférence de presse à son golf de Bedminster, dans le New Jersey.
M. Trump a ainsi signé quatre documents qui prévoient un gel des charges salariales, une allocation chômage prolongée de 400 dollars par semaine, des protections pour les locataires menacés d’expulsion et un report du remboursement des emprunts étudiants.
Alors que les Etats-Unis sont en voie de franchir la barre des 5 millions de cas de Covid-19, avec plus de 160.000 morts, la Maison Blanche et les démocrates du Congrès étaient engagés depuis deux semaines dans des négociations pour parvenir à un nouveau gigantesque plan de soutien à l’économie.
Mais à moins de trois mois de l’élection présidentielle, et alors que les premières mesures d’aide ont expiré au 31 juillet, ces discussions n’ont jusqu’ici rien donné.
M. Trump, qui est à la traîne dans les sondages face au candidat démocrate Joe Biden, a affirmé que sa décision de contourner le Congrès en signant des ordonnances permettra aux fonds d’être « rapidement distribués ».
En réalité, ces annonces seront vraisemblablement contestées en justice puisque c’est au Congrès que la constitution américaine confie la plupart des décisions budgétaires du pays.
Joe Biden a qualifié ce plan de « série de demi-mesures ». « Encore une cynique tentative d’esquiver les responsabilités », a-t-il critiqué, estimant que le pays avait besoin d’un « vrai leader » capable de négocier un accord avec le Congrès.
Le milliardaire américain, qui avait invité des membres de son club de golf à assister à la conférence de presse, a profité de la cérémonie de signature pour attaquer violemment ses opposants, tout en exagérant ses propres accomplissements.
– Annonces vagues –
Sous les applaudissements et les rires des golfeurs, M. Trump a traité de « folle » la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qualifié le modéré Joe Biden d’être « d’extrême gauche », et affirmé que les démocrates voulaient « voler l’élection » présidentielle.
Ses annonces elles-mêmes étaient vagues et parfois trompeuses. Ainsi l’une des promesses clés du président est de prolonger jusqu’à la fin de l’année l’aide accordée aux chômeurs, en plus de celles allouées par chaque Etat américain.
Si la prolongation de cette aide, qui a empêché des millions de foyers de tomber dans la pauvreté, ne faisait pas débat au Congrès, son montant était l’un des grands points de désaccord: les républicains proposaient de l’abaisser à 200 dollars et les démocrates voulaient conserver 600 dollars.
M. Trump a annoncé le chiffre de 400 dollars par semaine, mais ce montant pourrait finalement être limité à 300 dollars car l’Etat fédéral n’en paiera que 75% et les Etats devront payer les 25% restants.
Une autre mesure prévoit un gel des charges salariales pour les Américains dont les salaires ne dépassent pas 100.000 dollars par an. « Si je suis vainqueur le 3 novembre, j’ai l’intention d’annuler ces charges », a promis M. Trump.
Or cette mesure, à laquelle s’opposaient de nombreux républicains, de même que les démocrates, ne fait que reporter le paiement des charges, elle ne les annule pas.
M. Trump a aussi chargé les ministères du Logement, de la Santé et le CDC (Centre de lutte contre les maladies) de « s’assurer que les locataires et les propriétaires puissent rester chez eux », tandis qu’un quatrième texte suspend le remboursement des emprunts étudiants jusqu’à la fin de l’année et abaisse leurs taux d’intérêts à 0%.
L’opposition démocrate faisait pression pour un plan d’aide massif de 3.000 milliards de dollars pour stimuler l’économie, renflouer la poste américaine à temps pour l’élection présidentielle, et prolonger l’aide de 600 dollars par semaine pour les chômeurs.
Les démocrates rejetaient le plan d’aide républicain, qui s’élevait à 1.000 milliards de dollars.
LNT avec MAP