La crise multiforme née de la pandémie de la Covid-19 est-elle comparable à la crise financière et économique de 2008, alors qu’elles sont toutes les deux globales et ont touché tous les pays et pratiquement l’ensemble des secteurs de l’économie ?
Au moment de la crise de 2008, les constats étaient les suivants :
L’économie mondiale traversait une phase de turbulences aiguës.
Nulles divergences sur un tel constat qui rassemblait économistes, analystes, responsables politiques et dirigeants d’entreprises, du Nord comme du Sud, du monde occidentalisé et vieillissant comme des ensembles émergents, dynamiques et en pleine croissance, économique ou démographique.
Mais cette conjoncture, qui, sur beaucoup d’aspects, apparaissait comme structurelle, s’exprimait à plusieurs niveaux et dans des secteurs variés.
La caractéristique principale donc de cette crise internationale, c’est qu’elle était multiforme et multipolaire, donnant ainsi aux concepts de mondialisation et de globalisation, des acceptions qui n’avaient pas été envisagées jusque-là et qui faisaient d’elle la première grande crise du 21ème siècle.
La crise de 2008, en effet, n’a pas été que financière ou énergétique ou économique ou alimentaire ou monétaire ou environnementale. Elle a été tout cela à la fois, même s’il fallait aborder avec prudence l’appréciation que l’on devait faire de sa force, son impact, sa durée et son étendue.
N’est-ce pas le cas aujourd’hui avec la crise enclenchée par la Covid-19 ?
Mais une évidence s’imposait, indéniable, c’est que la crise de 2008 s’exprimait par la conjonction et l’interdépendance des manifestations qui la caractérisaient et qu’elle touchait aussi bien le Nord que le Sud, prouvant à ce moment que les économies émergentes étaient pleinement intégrées dans la compétition mondiale.
Elle démontrait que les locomotives économiques, celles qui permettaient de relativiser son impact, avaient migré vers la Chine, l’Inde et les autres zones émergentes de croissance.
Ce qui aujourd’hui n’est plus du tout d’actualité tant les pays émergents notamment d’Amérique latine sont en faillite économique et dans l’incapacité de faire face à la crise sanitaire.
Mais si comparaison n’est pas raison, ils ne sont pas les seuls car les Etats-Unis, première puissance mondiale, connait la même situation aujourd’hui.
Et c’est donc sur le plan sanitaire qu’il faut faire la différence entre la crise de 2008 et celle du Covid-19, sachant que nombre de pays n’arrivent toujours pas à se consacrer à la relance de leur économie.
La question qui s’impose dans l’immédiat porte sur ce décalage même entre les pays qui sont déjà concentrés sur la reprise de leurs activités et ceux qui ne peuvent pas encore suivre.
La pandémie est mondiale et la crise qu’elle a induite s’est étendue à tous les secteurs de l’économie, comme l’a été celle de 2008.
Mais la crise actuelle est intervenue alors que certains pays ne se s’étaient pas encore remis de celle déclenchée en 2008.
Ces pays, qui étaient supposés émerger il y a plus de dix ans, risquent de plonger encore plus profondément dans la crise économique et entraver la reprise des plus forts, et notamment les pays occidentaux.
La question se pose donc pour notre pays et sa capacité à résorber plus ou moins les conséquences multiples de cette nouvelle crise.
Sera-t-il résilient, alors que lui-même n’a point encore résolu les problèmes et lacunes qui étaient prégnants depuis 2008 ?
Fahd Yata