Le 8 mars est-il un jour comme un autre ? Très certainement lorsqu’on évoque les violences quotidiennes faites aux femmes, le machisme dominant, les comportements sexistes, les préjugés anti-féminins, les discriminations dont sont victimes celles qui constituent pourtant plus de la moitié de la population marocaine. Certes, pour certains des membres du genre masculin, le 8 mars, c’est un peu un jour de fête, parce que, commercialement parlant, c’est un jour où le marketing dédié à la Femme est au plus haut, comme la Saint Valentin pour les couples !
Ces messieurs-là, leurs entreprises, distribuent des fleurs et des cadeaux, à leurs épouses, à leurs collaboratrices et ils ont ainsi la conscience nette et tranquille… Et dès le lendemain, ils peuvent repartir dans leurs habitudes, leurs préjugés, leurs pratiques injustes envers toutes celles qu’ils ont célébrées la veille… Mais le 8 mars, pour tous ceux, femmes et hommes, qui militent et se battent pour la reconnaissance pleine et entière de l’égalité des genres, pour l’application stricte et totale de l’Article 19 de la Constitution de 2011, n’est pas une journée consacrée aux activités festives.
Le 8 mars est un jour de lutte, comme les 364 autres de l’année, afin que, le plus tôt possible, la Femme marocaine soit reconnue dans tous ses droits légitimes et en premier, celui d’être considérée, partout, comme l’égale de l’Homme. Mais, comme chacun peut l’imaginer, le chemin est encore long… Pourtant, le pessimisme n’est pas de rigueur car des avancées se produisent. La dernière d’entre elles, conséquente par sa symbolique et ses implications, n’est autre que l’ouverture de la profession des adouls à la Femme.
Chacun sait qu’il s’agit là de la matérialisation d’une décision de SM le Roi Mohammed VI, largement approuvée par le Conseil Supérieur des Oulémas du Maroc, une institution incontournable du champ religieux national qui n’est pas toujours «au top» du progressisme…
Mais, incontestablement, la féminisation de la profession adulaire ouvre la porte, d’abord à la réparation d’une iniquité, puisqu’en réalité aucun texte sacré ne l’interdit, parce qu’elle permet, ensuite, de mettre cette activité au diapason des autres professions du système judicaire national, marqué, théoriquement du moins, par l’égalité des genres, et, enfin, parce qu’elle renforce la conviction pour les femmes de notre pays que le Souverain, Commandeur des Croyants, est le premier militant de ce Royaume pour conférer à la Femme la place pleine et entière qui lui revient de droit.
Cette avancée, n’en doutons pas, en amènera d’autres, même si on a pu relever, çà et là, des oppositions, des réticences, des objections, inspirées par des lectures rétrogrades, passéistes, conservatrices et TOUTES erronées du Saint Coran. Voilà pourquoi, pour marquer à notre manière ce nouvel acquis, en cette occasion d’un 8 mars 2018, journée de lutte pour les droits de la Femme marocaine, La Nouvelle Tribune et le portail d’informations www.lnt.ma, ont choisi d’apporter une modeste contribution à ce combat aussi nécessaire que légitime.
Ni fleurs, ni cadeaux donc, mais un travail d’analyse réalisé avec celles qui connaissent le Droit et les droits de la Femme à travers leurs pratiques de juristes, de spécialistes, d’islamologues, de magistrats, d’avocates.
Car apprécier à sa juste valeur la décision royale évoquée plus haut, a entraîné la volonté de déterminer avec exhaustivité et honnêteté tous les justificatifs, religieux, juridiques et autres qui ont fondé cette ouverture de la profession de Adel à la Femme, mais aussi et surtout, de dresser le constat de la place de la Marocaine, dans le système juridique de notre pays.
Et ce sont des femmes expertes, averties, passionnées par leurs différents métiers du Droit qui ont bien voulu répondre, analyser, commenter et, surtout, DÉCONSTRUIRE les lectures erronées et rétrogrades, abusives et discriminatoires que le patriarcat religieux et politique ne manque jamais de faire pour minimiser, marginaliser, opprimer et bafouer la Femme.
Ces lectures tendent à lui accorder un rôle mineur, une position inférieure, des droits restreints, des opportunités trop rares, et in fine une exclusion que rien ne justifie, ni n’explique, sinon des mentalités d’un autre temps. Ce spécial 8 mars 2018 est donc, modestement certes, un outil de connaissance et le révélateur d’un état qui demande des correctifs et une mise à niveau afin que le Droit et les droits accordent ce qui leur est dû aux femmes de ce pays. C’est à ces titres que ce spécial doit être apprécié et c’est l’objectif qui lui était assigné. Bonne lecture !
Fahd YATA