Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Le SIAM est avant tout un salon professionnel. Cela implique que pour les nombreux exposants, l’opportunité est avant tout commerciale, de se faire connaitre, d’améliorer sa visibilité et de marquer sa présence, auprès des centaines de milliers de visiteurs. Comme souvent lorsqu’un salon professionnel a lieu au Maroc, compte tenu de la taille et du secteur concerné en l’occurrence, ce sont aussi les mastodontes de l’agriculture et de l’agroalimentaire qui sont les plus visibles, avec des stands kilométriques.
Pourtant, qu’on ne s’y trompe pas, le SIAM est aussi et surtout le diapason de la politique agricole nationale, prenant presque des allures d’Assises de l’agriculture où la stratégie de l’État et des opérateurs, des éleveurs aux exportateurs en passant par les coopératives, en somme toute la chaine de valeur, est recadrée voire remise en cause chaque année.
D’abord, parce que ce qui est couvert par l’agriculture ne concerne pas seulement les produits primaires. Si le PIB du pays est autant et toujours marqué par le poids du secteur, c’est que celui-ci non seulement fait vivre une grande partie de la population, mais aussi parce que sa fameuse chaine de valeur touche de nombreux autres secteurs, dans l’industrie notamment, pour la transformation et l’export, mais aussi de plus en plus dans la recherche fondamentale et appliquée ou encore la technologie via ce que l’on appelle l’AgriTech.
Ensuite, parce que la conjoncture, économique et politique, nationale et internationale, s’invite en continu dans le sujet. La guerre en Ukraine a un impact direct sur le cours des céréales, l’inflation qui en découle également, la politique agricole européenne aux règles plus protectionnistes que jamais, mais aussi et surtout, le problème de l’eau.
Le stress hydrique est devenu plus qu’une réalité, c’est un accélérateur de la prise de conscience que l’avenir de l’agriculture passe uniquement par ce que les organisateurs ont appelé « des systèmes de production durables et résilients ». Cela peut paraitre un vœu pieux et de nombreuses voix se sont exprimées pour dénoncer un changement de cap radical pour un secteur longtemps bercé par l’illusion d’une production extensible à souhait et tirée par son potentiel exportateur.
Pourtant, sans mauvaise foi, les changements de paradigmes que connait l’agriculture ne peuvent pas être atteints par un claquement de doigts. La sécheresse n’est pas un fait nouveau dans l’histoire de notre pays, ce qui en revanche l’est, c’est que nous commençons à produire une réflexion mure pour tendre vers une plus grande souveraineté agricole avec des choix qui sont désormais justifiés et qui peuvent donc prétendre à être durables.
Ainsi, le cas de l’OCP et de tout son écosystème, de l’UM6P à sa nouvelle filiale INNOVX, en passant par OCP Africa, est éloquent parce qu’il témoigne des efforts structurels qui sont mis en œuvre pour faire du Maroc, un leader des chaines de valeur agricoles dans sa capacité à les comprendre, les analyser, les accompagner, les financer et enfin les évaluer pour les dupliquer.
Avec une approche holistique qui va de la production au consommateur final, c’est en maitrisant le sujet de bout en bout que nous pouvons espérer développer une expertise sur des nouveaux systèmes agricoles en phase avec la crise climatique à laquelle le Maroc fait face. D’autant qu’à travers l’action des acteurs marocains, c’est le potentiel de l’Afrique, qui détient 60% des terres arables dans le monde, qui est à portée de mains.
Ce continent qui a vocation à nourrir le monde, s’appuie de plus en plus sur l’expertise que le Maroc déploie, crescendo. Car, en réalité, c’est un secret de polichinelle, derrière l’agriculture, où qu’elle soit, se cachent des sujets d’autant plus stratégiques dans un contexte marqué par le changement climatique et l’instabilité internationale, que le Covid et les guerres ont accentué. La sécurité alimentaire se conjugue désormais avec la souveraineté et c’est bien l’enjeu réel qui confère chaque année au SIAM un volet politique grandissant, au-delà de la grand-messe sectorielle qu’il représente.
Zouhair Yata
Trouvez les mots de cet article sur notre grille de mots croisés générée en I.A.
Mots croisés du jour
Avez-vous été attentif durant la lecture de cet article? Prouvez-le en complétant la grille de mots croisés généré à partir de ce dernier.