Quinze morts et cinq blessés, tel est le bilan officiel (provisoire ?) de la dramatique bousculade qui s’est produite dimanche lors du souk hebdomadaire de la commune de Sidi Boulalam, près d’Essaouira.
Et si le Ministère de l’Intérieur a d’ores et déjà annoncé une enquête dont les résultats seront communiqués à l’opinion publique, fortement choquée par ce drame, plusieurs questions se posent qui exigent, elles aussi des réponses aussi rapides que convaincantes.
Selon plusieurs sources en effet, ce sont des milliers de personnes, des femmes essentiellement, qui étaient présentes sur les lieux afin de bénéficier de la distribution d’une aide alimentaire organisée par une association caritative apparemment coutumière du fait.
Des milliers de postulants, cela exprime d’abord une grande détresse humaine et sociale, une misère que personne ne peut accepter ou tolérer sans réaction.
Pourquoi y avait-il une telle foule ce funeste dimanche à Sidi Boulalam, sinon parce que les populations de cette région sont parmi les plus démunies du pays ?
Alors que l’absence de précipitations plonge déjà les campagnes dans les affres de la sécheresse et donc de l’absence de revenus pour vivre, on comprend que la misère est parfois extrême dans des régions qui ne sont ni enclavées, ni situées dans des zones désertiques, mais seulement arides et dépourvues de cultures vivrières.
L’Etat et ses services sont donc interpellés au premier chef par cette catastrophe humaine et si aujourd’hui la reddition des comptes est à l’ordre du jour, quelle est donc la responsabilité indirecte des autorités publiques, centrales et locales, en cette terrible affaire, car il est tout proprement inadmissible que des dizaines de milliers de nos concitoyens soient abandonnés à leur sort, dans un dénuement que souligne leur présence pour une simple distribution gratuite de denrées alimentaires.
Par ailleurs, quel a été le rôle des autorités locales, notamment celui d’assurer la sécurité publique lorsqu’elles ont été amenées à constater la présence d’une foule massive lors d’un souk hebdomadaire ?
Quinze personnes sont mortes étouffées ou écrasées parce qu’elles voulaient accéder à la tente où les vivres étaient distribués.
Cela signifie que la bousculade mortelle s’est produite sans intervention d’un service d’ordre; les citoyens ont été laissés à leurs impulsions désordonnées et leur empressement à bénéficier de l’aide promise.
Mais où se trouvaient le caïd, les représentants des forces de l’ordre, les mokadmines et autres gendarmes ?
Leur nombre, malheureusement, pour autant que leur présence était effective, s’est avéré très insuffisant et cela est tout aussi inadmissible.
Enfin, troisième niveau d’interpellation, le rôle de l’association organisatrice de la distribution de denrées. Avait-elle les moyens humains nécessaires pour organiser une telle opération et garantir qu’elle s’effectuerait dans l’ordre et le calme ? Apparemment, non !
Aujourd’hui, au lendemain de ce drame de la misère, qu’on a peine à comprendre tant il est scandaleux dans ce Maroc du 21è siècle, l’urgence d’une prise en charge effective, permanente et suffisante des populations défavorisées par l’ETAT, les collectivités locales, les services sociaux publics, n’est plus à souligner.
Elle est impérative parce que sans la garantie du droit à une existence digne, à la satisfaction des besoins premiers de tous nos concitoyens, personne ne saurait exciper d’un réel exercice des droits humains élémentaires dans notre pays !
Fahd YATA