Crédit photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Le Maroc, comme de nombreuses régions du monde, est exposé aux catastrophes naturelles, dont les séismes, comme celui qui a récemment secoué notre pays avec une force dévastatrice. Ces événements entraînent des conséquences qui vont au-delà des dommages physiques et matériels apparents, car ils engendrent des effets psychologiques et psychosomatiques profonds chez les individus touchés.
Dans cet article, nous souhaitons aborder de manière sensible les répercussions psychologiques et psychosomatiques du récent séisme au Maroc. Nous explorerons également les perspectives et les moyens d’aider nos concitoyens à surmonter ces défis, alors que nous unissons nos forces pour reconstruire et guider ceux qui ont été touchés par cette épreuve.
Tout d’abord, le stress post-traumatique est l’un des effets les plus prévalents. Les survivants peuvent être hantés par des souvenirs traumatisants, des cauchemars récurrents et une anxiété constante, les empêchant de retrouver une certaine stabilité émotionnelle. En outre, l’anxiété et la dépression sont couramment observées. La peur persistante de nouvelles secousses s’accompagne souvent de sentiments de désespoir et de détresse. Ces troubles mentaux peuvent affecter la qualité de vie à long terme des victimes de séismes, et le processus de guérison pourrait être difficile. De plus, les troubles du sommeil sont fréquents, car le stress et l’anxiété perturbent la capacité à se détendre et à obtenir un sommeil réparateur.
La combinaison de ces facteurs psychologiques crée une lourde charge émotionnelle pour les survivants, nécessitant une attention et un soutien appropriés pour les aider à surmonter ces défis. Les victimes d’un séisme pourraient développer des réactions de panique dans le cerveau, en raison de la nature soudaine et souvent terrifiante de l’événement. La panique est une réponse de survie instinctive déclenchée par le cerveau lorsque la vie ou l’intégrité physique est menacée. Lorsqu’un séisme frappe, les secousses violentes, les bruits assourdissants et les effondrements de bâtiments créent un environnement de chaos qui peut surcharger les capacités de traitement de l’information du cerveau. Le système de réponse au stress du corps est activé, libérant des hormones de stress, telles que l’adrénaline, qui accélèrent la fréquence cardiaque et la respiration. Le système limbique, qui gère les émotions, est également activé, provoquant la peur intense et l’anxiété.
Dans cet état de panique, la pensée rationnelle peut être altérée, et les individus peuvent réagir de manière impulsive, cherchant souvent instinctivement à fuir la menace perçue. La panique, bien qu’une réponse normale à un danger immédiat, peut avoir des conséquences potentiellement dangereuses dans le contexte chaotique d’un séisme.
La soudaineté de l’événement ne laisse souvent que peu de temps pour la préparation mentale, ce qui déclenche une réponse de stress immédiate. La perception de la menace grave, combinée aux secousses violentes et aux dégâts matériels immédiats, renforce cette réponse.
Le trouble de stress aigu (TSA) peut évoluer en trouble de stress post-traumatique (TSPT) en fonction de plusieurs facteurs. L’un des principaux est la durée des symptômes. Le TSA est une réaction immédiate au traumatisme et dure généralement moins d’un mois, tandis que le TSPT implique des symptômes qui persistent au-delà de cette période, et peuvent devenir chroniques. De plus, des facteurs tels que l’intensité du traumatisme, l’absence de traitement approprié et le manque de soutien social pourraient également contribuer à cette transition.
Lorsqu’une personne est exposée à des rappels constants ou récurrents de l’événement traumatique, cela peut provoquer des répercussions significatives sur son bien-être mental, en particulier dans le contexte d’un séisme. Par exemple, dans le cas présent, les rappels fréquents peuvent inclure des secousses « aftershock », des bruits similaires à ceux du séisme initial, ou encore la vue de bâtiments endommagés. Ces rappels peuvent maintenir vivaces les souvenirs du séisme initial, ce qui, associé à la persistance du stress et de l’anxiété, aggrave les symptômes du trouble de stress aigu (TSA) pour éventuellement évoluer vers un trouble de stress post-traumatique (TSPT). Cette situation souligne l’importance de la gestion des facteurs déclencheurs et du soutien continu pour les individus touchés par un séisme, afin de minimiser le risque de transition vers un TSPT.
Les secousses sismiques peuvent causer des blessures corporelles directes, telles que des fractures, des contusions et des coupures, ainsi que des traumatismes crâniens graves en cas de chutes d’objets ou d’effondrements. Les mouvements brusques pendant un séisme pourraient également entraîner des tensions musculaires et des troubles musculo-squelettiques. En plus des blessures physiques, les secousses sismiques peuvent induire des symptômes psychosomatiques tels que l’anxiété, les maux de tête, les douleurs thoraciques, les troubles gastro-intestinaux et les palpitations cardiaques.
Pendant un séisme, les circonstances peuvent rendre difficile voire impossible l’aide aux autres, en particulier dans les situations d’urgence chaotiques. Les survivants peuvent se sentir impuissants à fournir l’assistance nécessaire, ce qui pourrait engendrer des sentiments de culpabilité de ne pas avoir pu aider davantage. Le processus de deuil est une réaction émotionnelle complexe qui pourrait survenir après un séisme, en particulier lorsque des pertes humaines sont impliquées. Le deuil est une réponse naturelle à la perte d’un être cher, la perte de biens précieux, ou même la perte de la stabilité de la vie quotidienne.
Les perturbations dans les routines, la perte de l’accès aux besoins de base tels que la nourriture, l’eau et un abri sûr, ainsi que l’incertitude quant à l’avenir, pourraient engendrer un deuil pour la vie telle qu’elle était auparavant. Et enfin, le sentiment d’injustice qui est une émotion profondément perturbante et difficile à gérer pour de nombreuses personnes touchées. Les survivants peuvent être submergés par un flot de questions sans réponse, se demandant pourquoi un tel événement destructeur s’est produit et pourquoi il a touché leur communauté de manière si cruelle. Cette quête de sens pourrait être particulièrement difficile lorsque les réponses ne sont pas évidentes.
De plus, la comparaison de leur situation à celle d’autres personnes moins touchées pourrait susciter des sentiments d’injustice, renforçant l’idée que leur sort est particulièrement cruel. Le sentiment d’injustice peut également s’accompagner de colère envers les circonstances, les autorités ou même des croyances religieuses ou spirituelles. Pour certains, cela pourrait sembler une punition injuste par le destin ou des forces extérieures. Ces émotions de colère et d’injustice peuvent contribuer à des symptômes de stress post-traumatique, de dépression et d’anxiété, rendant la récupération émotionnelle après un séisme encore plus difficile. Pour surmonter ce sentiment d’injustice, il est essentiel de chercher un soutien psychologique, de partager ses émotions avec d’autres, et de s’engager dans des processus de rétablissement communautaire visant à réduire les inégalités et à aider les survivants à retrouver un sentiment de justice et d’équité dans leur parcours de rétablissement.
Les séismes, malgré leur caractère traumatisant, pourraient apporter une prise de conscience profonde de l’importance des relations familiales et sociales. Les survivants sont souvent incités à renforcer leurs liens avec leurs proches, à exprimer leur affection et leur gratitude envers leurs êtres chers, et à créer des souvenirs significatifs. La vulnérabilité inhérente à de tels événements rappelle aux individus l’urgence de profiter de chaque moment avec leur famille et leurs amis. Cette nouvelle perspective peut entraîner une réévaluation des priorités, avec un accent accru sur les valeurs familiales et les relations humaines. De plus, la solidarité et le soutien mutuel au sein des familles et des communautés touchées renforcent les liens affectifs, créant ainsi un réseau de soutien précieux pour la récupération. Ainsi, les séismes pourraient aider les survivants à mieux apprécier et à chérir leurs proches. Un brin de lumière dans ce moment sombre que traverse notre pays…